Difficile est le qualificatif qui sied aux premières heures du second mandat « contesté » du président Ibrahim Boubacar Kéita, réélu. Or, il a été élu selon les chiffres de la cour constitutionnelle à 67,17% des voix contre 32, 83% pour son « rival » SoumailaCissé, président de l’Union pour la République et la Démocratie, porteur de l’espoir de la plateforme « Ensemble restaurons l’espoir ». Jusque-là, Ibrahim Boubacar Keita ne semble pas assis confortablement dans son fauteuil à Sébénikoro pour émarger son programme dénommé « Notre grand Mali avance ».
Depuis Koulouba, où les lasers sont fixés sur le boulevard de l’indépendance, théâtre d’interminables marches d’une opposition qui rejette catégoriquement l’élection du président investi par la cour suprême, le 04 Septembre, au palais de la culture. Selon elle, l’investiture d’IBK par la cour suprême est tout simplement nul et non effet. Fidèle à ce discours de « résistance » ténu depuis la proclamation des résultats, le patron de l’URD ne semble pas prêt à quitter les rues tant que, admet-il, « le choix des maliens qu’il estime poré sur lui les 29 juillet et 12 Août à la majorité, ne sera pas respecté ».
Par cela, SoumailaCissé, candidat au second tour, qui nie la décision de la cour constitutionnelle portant IBK à la magistrature suprême, veut tout simplement dire que le président investi le 04 Septembre dernier, n’était « que le prolongement du déni du droit et de la vérité, amorcé depuis par la cour constitutionnelle du Mali ». Cette situation compromettante est surement une gêne au président élu qui n’en a pas fini avec les dossiers lourds et anxieux sur sa table. Car, au-delà des contestations de l’opposition, c’est l’urgence du rassemblement des maliens, la presqu’impossible d’unir tous les maliens autour de son programme prometteur et/ou rassurant « Notre grand Mali avance ». C’est après tout la poursuite diligente et efficiente de la mise en œuvre de l’accord.
Il y a là, du poids sur les épaules d’un homme qui a tout le temps montré ses lassitudes face à l’adversité ou tout simplement aux simples contestations de ses opposants, durant son premier mandat. Ainsi, cette année, il ya plus dur encore à faire face. Puisqu’il s’agit, pour l’opposition « version 2018 » post élection, de la remise en cause de la toute légitimité d’un président dont on loue des qualités/faiblesses « autoritaire ». Le clou, pour le président IBK, les marcheurs à leur tête SoumailaCissé et Tièbilé Dramé, drainent derrière eux, une large composition de la société civile. Dont le désormais incontournable Ras Bath qui, à la faveur d’une conférence de presse, a annoncé que son regroupement Collectif pour la défense de la république (CDR) est sorti de son jalon politique, pour reporter son manteau société civile. Si cette décision du nommé guide est analysée par certains comme une faiblesse aux rangs de l’Union pour la République et la Démocratie, pour d’autres, elle renforce sa position. En tout cas, dans la « Rue ». Puisque la fidélité de la rue tient toujours entre les deux leaders Cissé et Bathily. De nos jours, il ne souffre d’aucune contestation, Mohamed Youssouf Bathily « Ras Bath » a le monopole d’une frange considérable de la société civile malienne. Difficile moment donc pour le président IBK.
Cependant, la question qui se pose est que la société civile qui a largement animé les marches de l’opposition, appelle-t-elle réellement ou elle est appelée par une force supérieure à résister, comme le dit-on, au respect « de ses voix » ? La nuance fait nuage sur les ambitions et les arguments de SoumailaCissé et sa troupe de marcheurs. Selon les contestations de l’opposition, les régions du Nord ont enregistré le plus grand nombre de « fraudes » ou d’ « achats de conscience ».
Loin, l’idée de nier les irrégularités et/ou fraudes qui ont entaché le scrutin du 29 juillet et du 12 août. Du système politique adopté au Mali, rares sont les partis politiques qui ne se rendent pas coupables de faits d’achats de conscience. On le reproche à l’URD comme au RPM et à bien d’autres partis. Les démonstrations sont faites lors des cérémonies dites « démonstrations de force » ou doit on dire « de pognon » , lors des meetings, ou des marches. Ces pratiques qui donnent une image ternie à la politique dans notre pays, handicapent considérablement son système démocratique immature. Résultante, les billets de banque s’invitent et pèsent malheureusement dans les urnes. De ce fait, il n’y a pas que le parti d’Ibrahim Boubacar Keita ou de SoumailaCissé qui sont coupable. Un électorat connu de tous pour son penchant inassouvi au matériel plutôt qu’aux idées et propositions, aura-t-elle de la peine à se mobiliser aussi longtemps pour ses voix ? En tout état de cause, possible, cependant difficile !
Admettons toujours la logique de la majorité : il serait difficilement soutenable pour un électorat qui laisse influencer son choix dans l’urne par des billets de banque, sortir aussi longtemps dans les rues pour demander le respect de son choix.
Quoique, Ibrahim Boubacar Keita, se soit inscrit sur une première liste gênante et anxieuse d’un président dont la légitimité est fortement contestée lors de son second mandat, jusqu’où ira l’opposition ? Ou jusqu’à quand IBK, un homme qui vit mal l’adversité, pire la contestation, pourra supporter le fardeau d’un pan de son peuple qu’il est appelé à rassembler ? Une mission urgente et pressante presque impossible ? Dans la donne où, le rassembleur est vu par des populations hostiles, comme celui qui discrimine, angoisse, ou tout simplement divise.
JB
Source : Le Dénonciateur