Le portail d’entrée à peine franchi, que Sékouba, le plus costaud des gardes du corps d’IBK, nous installe, sans coup férir, dans un petit salon, attenant à un autre, plus grand, et décoré à l’italienne. C’est là, que se déroule, pour la première fois, cette interviou que le président de la République a bien voulu nous accorder. C’était samedi dernier, en début d’après-midi, à sa résidence privée de Sébénikoro. Entretien. Sans concession.
Mr le président, vous avez déclaré, il y a quelques jours, « Kidal sera dans le giron du Mali, inchallah ! ». Donc, Kidal n’est plus dans le giron malien ?
Mais non, c’est juste une façon de parler. Sinon Kidal ne peut être nulle part que dans le giron malien. Je veux juste parler du statut actuel de Kidal, qui n’est plus acceptable.
Tout sera mis en œuvre, pour que l’administration, les forces de défenses et de sécurité ainsi que les services techniques soient redéployés, non seulement, dans la capitale de l’Adrar ; mais aussi, dans toute la 8e région du Mali.
Donc, Kidal n’inquiètera plus Bamako…
Quand j’avais déclaré que « Kati ne fera plus peur à Bamako », vous connaissez la suite. Le capitaine-général et ses hommes, qui se croyaient tout-puissants, ont été arrêtés, à la surprise générale, et envoyés au gnouf.
Allez-vous procéder de la même manière avec les leaders de la CMA ?
Que non ! Ce n’est pas le même problème et les deux contextes sont différents. Mais, comme la répétition a une valeur pédagogique, permettez-moi de me rappeler : Kidal sera dans le giron du Mali, inchallah !
Comment allez-vous faire, alors ?
Permettez-moi, Le Mollah, de ne pas dévoiler ma stratégie. Cependant, les choses évoluent sur le terrain. Les leaders de la CMA sont désavoués par les populations. Lesquelles réclament la présence des représentants de l’Etat à Kidal. La preuve, la semaine dernière, une délégation des autorités intérimaires était à Bamako pour solliciter le redéploiement de l’administration et des services à Kidal.
Où sont donc passés les leaders de la CMA qui prétendent parler au nom des populations de Kidal ?
Aujourd’hui, les populations – excepté une poignée l’hommes et de femmes à la solde de la CMA – ne veulent même plus entendre parler de la CMA, qu’elles accusent d’avoir retardé le développement de la région.
De deux choses, l’une : ou la CMA s’inscrit dans une réelle dynamique de paix, ou elle se fait disqualifier. Si, elle ne l’est déjà. Car, les populations réclament la présence de l’Etat à Kidal et personne ne peut empêcher l’Etat du Mali de se déployer sur une portion de son territoire. Personne !
Mr le président, les populations de Kidal reprochent aux leaders de la CMA de rouler carrosse à Bamako où ils sont logés, nourris et blanchis dans les meilleurs hôtels de la place, aux frais de la Princesse, alors qu’elles sont privées de tout à Kidal : eau potable, électricité, soins de santé, documents administratifs…
Cette situation a été dénoncée par l’ensemble des populations maliennes. A force de vouloir maintenir, coûte que coûte, Kidal dans ce statut en est la conséquence. Les Maliens ne comprennent pas comment les leaders de la CMA empêchent les Maliens d’accéder à la ville de Kidal, alors qu’ils roulent carrosse à Bamako où, ils construisent des villas, envoient leurs enfants dans les meilleures écoles.
Pendant ce temps, les populations et les enfants de Kidal meurent de paludisme ou de fièvre typhoïde, faute de soins. Ce n’est plus acceptable.
Mr le président, le président du Haut Conseil Islamique, Chérif Ousmane Madani Haïdara, a nié vous avoir sollicité pour la libération de Bakary Togola et des personnes impliquées dans l’assassinat du commissaire de police de Niono. Qu’en pensez-vous ?
Il est monté à Koulouba me voir en compagnie des représentants du bureau du Haut Conseil Islamique de Niono pour solliciter mon intervention dans ces deux dossiers, dont vous venez de parler. Je leur ai demandé de rester à leur place, c’est à dire dans leur domaine religieux. Et de laisser la justice faire son travail.
Je ne protègerai personne. Et je n’interviendrai pour personne. La justice a carte blanche pour interpeller qui elle veut, où elle veut et quand elle veut. Aucune intervention ne sera tolérée, d’où qu’elle vienne.
Une vingtaine de personnes, civils comme militaires, auraient défilé, la semaine dernière, devant le juge du Pôle Economique et Financier dans le cadre de l’enquête sur les « avions cloués au sol ». Est-ce vrai ?
Même si j’en sais quelque chose, je ne vous le dirai pas. Une certitude : tous ceux qui sont, de près ou de loin, impliqués dans cette affaire en auront pour leurs frais. Toute la lumière sera faite sur cette affaire, qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive.
Mr le président, vous portez une montre superbe…
Ecoute, Le Mollah, ce n’est pas la peine de me flatter. Je ne te ferai pas cadeau de cette montre. Alors, arrête de rêver, les yeux ouverts : tu n’auras pas cette montre-là !
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Source: Canard Déchainé