Le Mali a fêté, vendredi 26 mars, ses 30 ans d’accession à la démocratie. Le Réseau national pour le Développement des Jeunes Filles et Femmes du Mali (Renadjef-Mali) a marqué cette date historique par la tenue d’une caravane de sensibilisation, à Bamako, sur un sujet qui reste encore tabou, la gestion de l’hygiène menstruelle.
Fatoumata venait de faire son entrée en classe de sixième année quand elle a eu ses premières règles. Aujourd’hui, elle fait la 8e année. « J’étais ce jour à la maison. J’en ai parlé à ma grande mère. C’est elle qui m’a expliqué que c’était les règles. Qu’elles viennent chaque mois et peuvent durer 4 à 5 jours », raconte-t-elle. Regards fuyants, tête baissée, l’adolescente poursuit sa conversation. Mais, ne prononce pas deux fois le mot : « Koli, menstrues en français ». « Ma grand-mère m’a conseillé de bien laver pendant la période et de me purifier à la fin pour la prière », ajoute-t-elle. Depuis cette première conversation passée avec sa grand-mère, l’adolescente affirme n’avoir plus abordé le sujet avec d’autres personnes, même pas avec ses camarades de classe « Je suis très gênée d’en parler à quelqu’un d’autre ».
« Parvenir à changer la mentalité »
Fatouma et des centaines d’adolescentes et jeunes filles de Bamako ont reçu, vendredi 26 mars, au cours d’une caravane de sensibilisation, des informations sur les menstrues, les bons gestes à adopter durant leurs périodes de règles et l’importance de sa bonne gestion en milieu scolaire. La caravane était organisée par le Renadjef-Mali avec le concours du consortium Ceci-Socodevi, à travers le projet Voix et leadership des femmes au Mali (VLF Musoya).
La caravane de sensibilisation a pris le départ au Palais de la Culture Amadou Hamphaté Ba. Elle a sillonné les deux rives de Bamako où elle a fait également des plaidoyers en faveur de la scolarisation des filles et leur maintien à l’école.
Le Renadjef-Mali a clôturé sa journée de sensibilisation par un grand podium public à l’école fondamentale publique de Sangarébougou. L’espace d’échange a réuni l’Association des jeunes pour le développement de la Commune, élèves, parents d’élèves, élus communaux et la chargée de la scolarisation du Cap de Sangarebougou, Mme Coulibaly Koro Doumbia.
Mme Sali Diarra est parmi les parents d’élevés qui ont répondu à l’invitation. Le débat entre filles-mères autour de l’hygiène menstruelle est important, admet la mère de quatre enfants, dont deux filles de 4 ans et 1 an. « J’ai moi-même honte d’aborder les menstrues avec les autres, mais grâce à cet espace d’échange, on a la chance d’avoir des animateurs qui l’expliquent sans gêne. C’est pourquoi quand j’ai eu la nouvelle, je suis venue écouter », dit-elle. Le parent d’élève plaide pour la tenue régulière de ces échanges dans les quartiers de la capitale.
Aux dires de la présidente du Renadjef-Mali, Mme Diarra Khadidiatou Diakité, cette caravane de sensibilisation visait, d’une part à expliquer aux parents, directeurs et enseignements l’importance de la gestion de l’hygiène menstruelle en milieu scolaire et, d’autre part, de les impliquer dans l’éducation des filles et à veiller sur la bonne gestion de leurs menstrues. « La question de l’hygiène menstruelle reste toujours un tabou dans la société… il est temps que les jeunes s’engagent pour parvenir à changer les mentalités », conclu-t-elle.
Kadiatou Mouyi Doumbia
Source: Mali Tribune