La France a annoncé, en septembre 2020, sa stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné ou hydrogène vert. Or, la fabrication de cette ressource par électrolyse nécessite notamment de recourir à l’installation de vastes champs de panneaux photovoltaïques. Ce qui devrait pousser l’Hexagone à se tourner vers l’importation, faute d’espaces.
De vastes espaces en Afrique du nord et dans le Sahel
Paris a annoncé, en septembre dernier, sa stratégie nationale de l’hydrogène vert doté de 7 milliards d’euros. Cet ambitieux programme vise à accélérer la transition écologique par la création d’une filière industrielle dédiée. La fabrication de cet hydrogène décarboné se fait à partir de l’électrolyse de l’eau, grâce à une électricité d’origine renouvelable. Mais, le procédé demeure coûteux et nécessite des infrastructures spécifiques. En effet, il demande non seulement de l’électricité mais aussi beaucoup d’eau, à la fois pour l’électrolyse et pour le refroidissement des équipements. Aussi, exige-t-il de construire de vastes champs de panneaux photovoltaïques.
Pour répondre à la demande nationale, la France devrait ainsi décimer des milliers d’hectares de ses forêts. Une option inenvisageable compte tenu des répercussions climatiques et de la pression citoyenne. Elle devrait donc logiquement se tourner vers les pays qui disposent d’espaces, à l’image de ceux d’Afrique du nord (Maroc, Algérie, etc.) ou du Sahel (Niger, Mauritanie, Mali, etc.). Pour rendre le coût du transport acceptable, nos gouvernants et industriels seront obligés de transformer l’hydrogène en ammoniac, un composé dont la densité énergétique est bien plus élevée.
Hydroma, un acteur majeur de l’hydrogène en Afrique
Un autre choix s’offre à la France : solliciter des acteurs locaux pour faciliter cette importation en réduisant les coûts. Au Mali, par exemple, Hydroma projette d’approvisionner l’Europe en hydrogène, mais pas n’importe lequel : il s’agit de l’hydrogène naturel. Cette ressource est plus vertueuse que l’hydrogène vert en ce sens qu’elle est abondante, renouvelable, sans émission de CO2 et surtout moins chère. Son fondateur et PDG Aliou Diallo était en Allemagne en septembre 2020 pour visiter une société en Bavière spécialisée dans le transport de l’hydrogène. Cette entreprise utilise des iso-conteneurs, où s’opère un mélange d’hydrogène et de toluène. Ce qui rend le gaz inflammable. Cette technique constitue une solution énergétique mixte pour exporter l’hydrogène naturel partout dans le monde.
Un pipeline pour approvisionner l’Europe
Hydroma envisage par ailleurs transformer l’hydrogène naturel en ammoniac ou le liquéfier. « Nous avons programmé de faire un pipeline pour transporter l’hydrogène naturel du Mali au Sénégal, à la Mauritanie, au Maroc, jusqu’à la porte de l’Europe. Donc ça fait 4700 kilomètres. Ce n’est pas un rêve, c’est une réalisation tout à fait faisable. L’Europe même est en train de construire 23.000 kilomètres de pipeline pour le transport de l’hydrogène. Là ils vont transporter un kilo d’hydrogène sur 2500 kilomètres, environ 0,20 cent le kilo. Nous avec moins de 5000 kilomètres de pipeline, nous pouvons transporter de l’hydrogène à moins de 0,50 cent de kilo. Ce qui peut nous permettre d’envoyer notre hydrogène sur le marché européen, tout en restant compétitif par rapport à l’hydrogène gris sur le marché européen aujourd’hui », a indiqué Aliou Diallo, au cours d’une interview sur Africable Télévision en octobre 2020.