Le premier forage est en cours depuis quelques semaines dans le Nebraska. Des gisements sont à l’étude en Australie, au Brésil, en Islande, mais aussi en France. Et les perspectives de cette source d’énergie que personne n’attendait affolent scientifiques et industriels.
L’hydrogène dit “vert” est aujourd’hui fabriqué industriellement au prix d’une forte pollution. Mais, l’hydrogène dit “blanc” (natif, ou naturel), ce gaz que l’on fabrique, serait en fait naturellement présent sous terre dans des quantités considérables. Au point que certains n’hésitent plus à parler d’un “nouveau pétrole”. Les explications d’Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine Epsiloon.
franceinfo : Vous nous parlez aujourd’hui d’une source d’énergie que personne n’attendait et qui, selon vous, pourrait changer la donne ?
Hervé Poirier : Le premier forage est en cours depuis quelques semaines, dans le Nebraska. Une trentaine de permis d’exploration ont été attribués ces derniers mois en Australie. Des gisements sont à l’étude en Espagne, en Chine, en Finlande, au fin fond de l’Atlantique. Et aussi en France, dans les Pyrénées-Atlantiques.
En coulisses, toutes les grandes compagnies pétrolières se montrent très intéressées. Et, parmi les scientifiques que nous avons interrogés lors de notre enquête, certains n’hésitent plus à parler d’un “nouveau pétrole”. Le nom de cette potentielle manne ? L’hydrogène.
Mais cela fait longtemps que l’on exploite les qualités énergétiques de l’hydrogène ?
Vous parlez là de l’hydrogène dit “vert”, “gris” ou “jaune”, qui est aujourd’hui fabriqué industriellement, au prix d’une grande débauche d’énergie. Ici, il s’agit de l’hydrogène dit “blanc” (ou “natif”), naturellement présent sous terre. Imaginez qu’à la place du pétrole ou du méthane, se mettent à jaillir du sous-sol d’immenses flots de ce gaz, dont la puissante combustion n’émet que de l’eau, et qui serait susceptible de propulser vertueusement camions, trains, avions, bateaux. C’est de ce beau rêve dont on parle ici.
Mais pourquoi personne n’a pris jusqu’ici cette ressource au sérieux ?
Presque personne n’y croyait. Il y a encore quelques années, ce gaz était considéré comme une simple curiosité géologique. Mais il y a eu le gisement de Bourakébougou, au Mali, à environ 60 kilomètres au nord-ouest de Bamako. Un trou profond de 100 m avait été creusé pour trouver de l’eau. Jusqu’à ce qu’un technicien allume une cigarette, et que tout explose. Ce puit d’hydrogène, quasi pur, a finalement été exploité à partir de 2011.
Depuis, les géologues commencent à mieux comprendre comment, et où, ce gaz peut s’accumuler dans la croûte terrestre, dans des quantités parfois absolument considérables. De plus en plus de chercheurs sont convaincus que l’hydrogène blanc sera la prochaine source d’énergie majeure, capable de faire pivoter en une décennie l’industrie fossile vers cette nouvelle ressource, parfaitement écolo. Vu la ruée actuelle, on y verra plus clair, assez vite. Et cela pourrait être une des rares vraies bonnes nouvelles que la planète nous envoie depuis quelques temps.
Source: https://www.francetvinfo.fr/