Un réseau mondial d’ONG a signé une police d’assurance qui prévoit le versement d’indemnités en cas de sécheresse au Sénégal et qui «change la donne» en permettant aux organisations humanitaires d’apporter une aide vitale avant qu’une famine ne vienne menacer les populations.
Selon un communiqué, si le Start Network a pris cette mesure audacieuse, c’est parce qu’il estime qu’un financement préventif des catastrophes pourrait révolutionner le secteur humanitaire et engendrer une nouvelle façon de se préparer aux crises.
Ce nouveau produit financier débloquera des fonds de manière précoce, sur la base de paramètres déclencheurs «paramétriques» convenus au préalable, contrairement au modèle actuel, avec lequel les organisations humanitaires dépendent des financements convenus après la survenue d’une crise.
Ce système innovant, mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat avec le gouvernement sénégalais, la Mutuelle panafricaine de gestion des risques (ARC) et le Start Network, est financé par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) par l’intermédiaire de la Banque allemande de développement, Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW).
Cet accord prévoit que les membres du Start Network pourront recevoir des fonds sur la base d’un paramètre déclencheur convenu au préalable, bien avant que les pires effets d’une sécheresse ne se fassent sentir. Cela permettra aux agriculteurs et à leurs familles de protéger leur bétail et les autres biens qui leur sont précieux.
Dans le cas de la pire des sécheresses, avec l’indemnité la plus élevée, le Start Network pourrait venir en aide à plus de 200 000 personnes au moyen de transferts monétaires. D’autres personnes encore pourraient recevoir de l’aide par le biais de projets nutritionnels ou agricoles.
Le gouvernement sénégalais a déjà souscrit une politique d’assurance contre les sécheresses auprès de la Mutuelle panafricaine de gestion des risques, qui constitue la base de la police complémentaire signée par le Start Network. Si une sécheresse frappe, les indemnités seront versées séparément au gouvernement et au Start Network, les ONG participantes intervenant en tant que partenaires de mise en œuvre.
Cela permettra au gouvernement et aux membres du Start Network de lancer immédiatement les activités coordonnées et convenues au préalable pour aider les populations à protéger leur bétail et autres biens, longtemps avant l’arrivée de toute aide humanitaire internationale.
Les polices de la Mutuelle panafricaine de gestion des risques reposent sur des mécanismes d’assurance paramétriques. Les indemnités seront versées automatiquement lorsque les critères de déclenchement convenus au préalable seront remplis.
Ici, les paramètres déclencheurs se basent sur des données concernant les précipitations. Si le niveau de précipitations tombe en deçà d’un certain seuil, la police d’assurance est déclenchée. La police couvre la saison agricole 2018-2019 et si des indemnités sont versées, elles le seront au mois de novembre, vers le deuxième semestre de la saison des cultures 2018.
Emily Montier, responsable chez Start Labs, a déclaré : «Nous sommes ravis d’avoir signé cette police d’assurance. Cellle-ci pourrait changer la donne dans le secteur. La lenteur de financement des crises constitue l’un des problèmes structurels les plus importants en matière de réponse aux catastrophes et des personnes en meurent. De nombreuses études montrent qu’une action rapide permet de sauver davantage de vies. C’est précisément le but de cet outil».
Veronika Bertram-Hümmer, chef de projet chez KfW, explique: «De nombreux pays en voie de développement sont exposés à un risque de catastrophes naturelles sans y être suffisamment préparés. Lorsqu’une catastrophe survient, l’intervention des organisations humanitaires dépend en grande partie d’un financement des risques de catastrophes a posteriori, qui ne peut parvenir rapidement aux populations pauvres et vulnérables. Nous sommes très heureux de financer».
Cette expérimentation s’inscrit dans un programme plus vaste, qui couvre également le Mali et la Mauritanie, où il est dirigé par le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM). À travers sa contribution de dix millions d’euros au programme, KfW espère inciter d’autres donateurs à apporter des fonds pour l’élargir davantage.
Pathe TOURE
Lejecom