Les États-Unis ont mis en application lundi 5 novembre la deuxième vague de sanctions à l’encontre de Téhéran suite à la sortie de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien, exemptant au passage huit pays, qui pourront continuer à acheter du pétrole à Téhéran.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a dévoilé une liste des huit paysautorisés, pendant encore six mois au moins, à continuer d’acheter du pétrole à Téhéran : la Chine, l’Inde et la Turquie (qui sont les premiers importateurs de brut iranien avec l’Union européenne), ainsi que le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, l’Italie et la Grèce.
Donald Trump ne pouvait pas se permettre de bloquer totalement l’accès mondial au pétrole iranien. L’Iran est le sixième exportateur de brut et il représente environ 5% de la production mondiale. Sa disparition du marché risquait de faire flamber le cours du pétrole, qui a déjà augmenté depuis l’annonce de ces sanctions. Fâcher le consomateur américain n’est pas dans l’intérêt du président américain, surtout en pleine élection de mi-mandat.
Par ailleurs, 700 personnes et entités iraniennes ont été placées sur la liste noire de Washington, dont des navires du transport maritime, une compagnie aérienne et une soixantaine de ses avions.
L’administration Trump souhaite aussi déconnecter l’Iran du circuit bancaire international Swift, ossature du système financier mondial, comme c’était le cas de 2012 à 2016. Lundi 5 novembre, le fournisseur mondial de services de messagerie financière sécurisés SWIFT a annoncé sa décision de « suspendre » l’accès de certaines banques iraniennes à son réseau. « Cette mesure, bien que regrettable, a été prise dans l’intérêt de la stabilité et de l’intégrité du système financier mondial dans son ensemble », a expliqué la société basée à Bruxelles, dans un communiqué.
Les États-Unis demandent un « virage à 180 degrés » de Téhéran
Cette nouvelle vague de sanctions, la deuxième depuis que Washington s’est retiré de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien en mai dernier, vise à obliger Téhéran à accepter un nouvel accord et à mettre fin à son programme balistique et son influence dans la région.
Tant que l’Iran n’aura pas « pris un virage à 180 degrés », « nous exercerons une pression implacable sur le régime », a martelé Mike Pompeo. À ses côtés, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a prévenu que « la pression maximale » continuerait de « s’accroître », notamment si l’Iran ou les entreprises étrangères « tentent de contourner les sanctions ». Lundi, le Premier ministre Hassan Rohani a promis de « contourner avec fierté » ces « sanctions illégales et injustes ».
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a salué lundi 5 novembre comme un « jour historique », marqué par les sanctions « les plus dures » depuis le début des efforts pour contenir les agissements de la République islamique, selon lui.
Washington isolé, les Européens tentent de sauver l’accord de 2015
Malgré une économie en difficulté, de nombreux experts estiment que l’Iran va pour l’instant résister, d’autant que, contrairement à la période pré-2015, les États-Unis sont assez isolés. Les Européens, pourtant alliés des Américains, tiennent à préserver un accord sur le nucléaire qu’ils jugent indispensable à la sécurité mondiale, et, pour éviter que Téhéran ne le quitte à son tour et relance la course à l’arme atomique, promettent de l’aider à contourner les sanctions.
« Nous allons faire tout le nécessaire pour préserver et élargir la coopération économique, commerciale et financière avec l’Iran en dépit des sanctions américaines », a aussi réagi le ministère russe des Affaires étrangères.
Ces sanctions s’apparentent à un chantage contre les pays qui commerçaient avec l’Iran : les entreprises asiatiques ou européennes se verront interdites de marché américain si elles continuent d’importer du pétrole iranien, ou d’échanger avec des banques iraniennes ciblées par Washington. Beaucoup ont déjà choisi les États-Unis et quitté l’Iran.
(Avec agences)
RFI