L’appel à la prière de la mosquée avoisinante brise le silence qui règne dans le grand cimetière de Magnambougou, mon quartier dans la commune 6 de Bamako. Dans ce silence repose Fantani TOURE depuis le 3 décembre 2014. Elle qui avait donné de la voix pour défendre la cause des femmes.
Elle avait participé à la création du festival féminin d’arts traditionnels africains Les voix de Bamako, en 2008. Un festival annuel qui se tient au Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ, au bord du fleuve Niger.
C’est cet engagement qui lui a valu la médaille de Chevallier de l’ordre national du Mali en 2010 et le prix UNESCO de la paix en 2011.
Fantani TOURE une voix du Mali
« Ici repose Fantani TOURE 1964-2014 » écrit en blanc sur une petite plaque noire enfoncée dans le gravier sur la tombe de l’artiste. Le temps d’un instant sa voix raisonne en échos dans la tête. On est saisi par un sentiment de mélancolie et de bonheur de réentendre cette voix au timbre si particulier. Un bon dosage d’une voix un peu aiguë et puissante à la fois, le tout enveloppé par une douceur. C’est cette douceur qui a sans doute conquis le grand Salif KEITA. Il a notamment produit le premier album international de Fantani Touré: N’tin Naari. Un album qui la propulse au sommet de sa carrière en 1990.
Fantani Touré, la Scène comme domicile
Fantani Touré et la scène c’est l’histoire d’amour de toute une vie. Elle commença à fouler cet univers dès l’âge de 7 ans. Au début comme danseuse, chanteuse et comédienne de théâtre. Un amour de la scène qu’elle partagea avec son mari Habib DEMBÉLÉ, plus connu sous le nom de Guimba National l’un des comédiens les plus célèbres au Mali. Il ne suffit pas seulement d’un 3 décembre pour se rappeler Fantani Touré. Il y a heureusement son oeuvre pour nous rappeler au quotidien quelle talentueuse artiste elle aura été.
Georges Attino
Journaliste, photographe et blogueur,
Source: hamadar