A Bamako, le maïs grillé ou frais attire les clients qui en sont friands. Les marchands et les vendeuses s’en frottent les mains, en cette période d’hivernage où l’abondance d’épis de maïs ne nuit point. Au contraire !
Malgré leur emploi du temps très chargé, pour lequel une journée de 24 heures ne suffit, de braves femmes de Bamako ne se consacrent pas seulement qu’à leurs travaux ménagers. Elles écument, aussi, les marchés ou les abords des artères de la ville, pour faire du petit commerce. Pendant cette période hivernale, de nombreuses femmes achètent du maïs frais, pour ensuite le revendre, sous diverses formes, dans les quartiers et sur les marchés bamakois, afin de faire face à leurs besoins.
Il est 12 heures au « Vox Da », dans le tintamarre des véhicules de transport en commun, « sotramas » et les cris des marchands, Awa Bah met en sac des citrons. A côté d’elle, se trouve sa sœur qui débarrasse les épis de maïs de leur couverture pour, tout à l’heure, être grillés.
Awa Bah, marchande de « kinkeliba », citron, menthe … nous affirme qu’en plus de ces marchandises, elle vend du maïs grillé pendant l’hivernage. En effet, l’accès à la marchandise est très fatigant selon elle. « Je pars, chaque jour, à Samaya, Sébénikoro ou Djicoroni pour m’approvisionner » a-t-elle dit. Souven,t une cliente lui apporte, chaque jour, la quantité dont elle a besoin mais, le cas échéant, elle se déplace elle-même.
Selon Awa, trois unités de maïs frais sont vendues à 200 Fcfa. Grillé, elle cède l’épis à 100 F cfa. Puisque c’est le début de la saison du maïs, le prix est un peu élevé mais, quand la production sera plus abondante, le maïs grillé peut être vendu à 50 ou 75 Fcfa l’unité. D’après notre interlocutrice, la grillade est très épuisante, à cause de la chaleur dégagée par le feu du charbon de bois. De son côté, la sœur d’Awa, Nagnouma, assure vendre un peu de tout, des insecticides, en passant par les couches pour bébé, les savons… « C’est pendant l’hivernage que je m’associe à ma sœur pour vendre du maïs grillé », a-t-elle expliqué. Elle nous a déclaré s’en sortir bien avec son petit commerce.
Boubacar Traoré un chauffeur de « sotrama » attend, impatiemment, sa vendeuse de maïs grillé. Cet amateur de maïs grillé nous a déclaré en grignoter 3 à 4 unités, en un clin d’œil, sans compter ce qu’il emporte à sa famille. En plus d’être transporteur de passagers, Boubacar transporte aussi du maïs. « Je peux louer ma sotrama à 15 000 ou 20 000 Fcfa pour assurer ce transport. C’est plus rentable que de se contenter uniquement du transport des passagers », a-t-il avoué.
Une revendeuse de maïs de la place des transports en commun, à Bozola, appelée « wonida » a dit, à son tour, que les paysans viennent les approvisionner sur place. « On achète avec eux 5 unités à 200 Fcfa et on revend 4 unités à 200 Fcfa. On ne s’en sort pas mal », s’est-elle réjouie. Elle a ajouté avoir commencé la vente du maïs frais, après la fête de Tabaski. « Je peux vendre un chargement de camion en deux jours mais, si le marché est lent, je peux aller jusqu’à trois jours ». Néanmoins, elle nous a confessé qu’elle peut enregistrer des pertes quand le marché est morose. Dans ce cas, elle étale sa marchandise au soleil et les épis séchés serviront à préparer les plats traditionnels.
Minatou Kéita est une jeune lycéenne qui grille du maïs frais au marché de Sébénikoro. Elle nous a révélé qu’elle fait ce petit commerce pendant les vacances, depuis trois ans déjà. Elle s’approvisionne avec les conducteurs de tricycles qui apportent le maïs au marché de Sébénikoro. « Il y a fréquemment des clashes avec les autres vendeuses quand arrivent les conducteurs de tricycles qui nous approvisionnement en maïs. Les éclats de voix sont fréquents entre nous pour décrocher de quoi avoir à vendre. Nous sommes nombreuses autour de la marchandise », a-t-elle témoigné.
Au bord de la route de Kalabambougou, Mariam et Awa grillent du maïs. Ces deux jeunes filles déclarent vendre 5 unités de maïs à 500 Fcfa. Elles assurent que ce commerce est profitable puisqu’il leur permet de payer leur « tontine ». « Sur un investissement initial de 5 000 Fcfa, je fais un bénéfice de 1500 Fcfa », dit Awa, la mine réjouie.
Malgré les bénéfices engrangés, nos braves vendeuses n’ont, semble-t-il, pas compris qu’il leur faut préserver leur commerce des intempéries dont la pluie. « Nous n’avons pas de parasol pour protéger notre commerce de la pluie. Les gouttes de pluies qui tombent éteignent le feu et les maïs grillés sont trempés et ne sont plus commercialisables, Dan ce cas, nous sommes contraintes à l’autoconsommation », a confessé Mariam.
SSD/MD
(AMAP)