Un mort, trois blessés et des dégâts matériels importants, tel est le bilan de cet événement qui a traumatisé toute la population de la localité. Le directeur général des douanes s’est rendu sur place pour apporter son soutien aux agents
Véhicules calcinés, bureaux brûlés, impacts de balles sur les murs, portes et fenêtres brisées, le décor est une scène de guerre. Hèrèmakono, situé à 35 km de la ville de Sikasso, a été violemment attaqué dans la nuit du 1er mars peu avant minuit. Les douaniers, les policiers, les gendarmes et la population sont traumatisés. Le coup porté à ce paisible village fut violent. Bilan : un mort, trois blessés et des dégâts matériels très importants (19 véhicules calcinés et des bâtiments des services publics mis à feu). C’est dans ce champ de ruines que le directeur général des douanes, l’inspecteur général Mahamet Doucara, s’est rendu lundi dernier pour «remonter le moral des agents des douanes».
Selon un témoin encore sous le choc, c’est une attaque simultanée à trois points. Les assaillants seraient au moins 16 individus circulant sur 8 motos. Ils ont été aperçus dans les environs depuis 18 heures du soir. L’alerte aurait été donnée aux forces de sécurité. Mais la réaction n’était pas proportionnelle à la nature du danger.
Le premier groupe d’assaillants s’est positionné aux environs de 23 heures à une dizaine de mètres du poste de péage, à 30 km de Sikasso. Le deuxième groupe s’est dirigé vers le bureau des douanes tandis que le troisième et dernier groupe a fait mouvement vers le poste de police.
«Les trois groupes étaient dans la localité quelques heures avant la série d’attaques», témoigne un habitant. Ils ont eu le temps d’étudier le mouvement des fonctionnaires de l’État avant de décider de la stratégie d’attaque. C’est le poste de péage qui a été le premier à subir les coups de feu. Les tireurs ont posé leurs armes lourdes dans la broussaille pendant que deux motos camouflées attendaient avec leurs conducteurs. Une centaine de douilles ont été ramassées au poste de tir. Les projectiles ont brisé les vitres et perforé les portes. Aucune perte en vie humaine.Simultanément, le bureau de la douane était attaqué. À ce niveau, les assaillants sont venus du Sud, derrière les installations de télécommunication. Vers minuit, pendant que dormaient les membres de la famille du gardien des installations, des coups de feu ont retenti.
Le gardien se réveilla brusquement, saisit sa torche et s’engagea dans la cour. La lumière de sa torche se posa sur un assaillant qui a aussitôt ouvert le feu dans sa direction. Il s’en est sorti mais pas son épouse réfugiée dans une pièce, tétanisée de peur. La pauvre dame a pris une balle et gisait dans une mare de sang. Elle sera secourue et prise en charge dans les centres de soin. Dans la cour, un chauffeur a été tué, criblé de balles. Même la mosquée n’a pas été épargnée par les tirs à l’arme lourde. Quel sacrilège de la part de ceux qui prétendent se battre pour l’islam !
Pendant que le bureau de la douane était en feu, les assaillants ont ouvert un nouveau front. Les postes de police et de gendarmerie sont arrosés de projectiles sans prendre de vies. La famille du chef de village a eu de la visite.Situé en face de la police et à gauche de la gendarmerie, le domicile du chef de village présente encore les stigmates de l’assaut. Trois villageois sont touchés mais leur pronostic vital n’est heureusement pas engagé. Le directeur général des douanes n’a pas fait économie de son temps pour inspecter les dégâts. Tous les dégâts. Non seulement sur le site de la douane mais aussi à la police, à la gendarmerie et au service phytosanitaire. Partout, l’inspecteur général Doucara a insisté sur la vigilance et surtout le renseignement.
«Mettez la garde haute !», a instruit le directeur général des douanes qui était porteur d’un message du président de la Transition, du Premier ministre et du ministre de l’Économie et des Finances qui compatissent à la douleur des agents et de toute la population de Hèrèmakono. L’inspecteur général des douanes a encouragé et félicité les agents pour leur courage et leur dévouement à accomplir leurs missions malgré les peurs et les inquiétudes.
L’insécurité est une réalité, mais il faut faire avec cette nouvelle donne car la survie de notre pays en dépend. «Je suis très fier de vous. Vous avez toutes mes félicitations et mes encouragements», a dit le patron des douaniers, avant de s’engager à tout mettre en œuvre pour protéger les agents partout où ils sont appelés à servir. Avant de quitter la frontière, l’inspecteur général Mahamet Doucara a rencontré le personnel douanier et les commissionnaires en douanes agréés pour passer au peigne fin l’ensemble de leurs préoccupations.
Ahmadou CISSÉ
Source : L’ESSOR