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HECATOMBE DE MINA LORS DU HAJJ Les pèlerins rentrés au pays lèvent un coin du voile

Les différents témoignages recueillis à l’occasion du retour des pèlerins dans leurs foyers respectifs, permettent aux différents pays de reconstituer progressivement le puzzle, même si l’Arabie Saoudite continue de jouer à la politique de l’Autruche, notamment en ce qui concerne sa responsabilité sur les causes de la bousculade à l’origine de l’hécatombe.

accident bousculade choc mecque pelerinage foule blesse mortSelon plusieurs témoignages recueillis sur des pèlerins dont des rescapés de Mina, la bousculade mortelle a eu lieu à l’intersection de l’allée 204, entre Mina et le site de Jamara, suite à la rencontre de deux marées humaines : l’une allait à l’une des stèles de lapidation de Satan, tandis que l’autre, arrivant en sens contraire, partait pour sacrifier à ce rituel. Mais qu’est-ce qui a pu provoquer cette rencontre malheureuse ? « L’indiscipline des pèlerins africains qui n’ont pas respecté les horaires », disent les autorités saoudiennes de façon simpliste pour dégager leur responsabilité. «Si les pèlerins avaient suivi les instructions, on aurait pu éviter ce genre d’accident. De nombreux pèlerins se mettent en mouvement sans respecter les horaires» (fixés par les responsables de la gestion des rites du hajj, ndlr). C’est la raison principale de ce genre d’accident», a ainsi commenté le ministre de la Santé Khaled al-Faleh, à la télévision Al ­Akhbariya, après s’être rendu à Mina.

Cependant, les propos recueillis auprès de pèlerins rentrés dans leurs pays respectifs pointent un doigt accusateur vers les autorités saoudiennes car il y a bien eu des défaillances à la base de cette bousculade. En effet, selon des témoignages concordants, beaucoup de pèlerins seraient tombés avant même la bousculade fatale, à cause de la fermeture d’une des voies empruntées par des pèlerins qui revenaient des stèles de lapidation de Satan.  Ce qui a obligé les fidèles à emprunter un long détour, sous une chaleur suffocante.

D’aucuns parlent d’un détour qui les a amenés à marcher près de trois kilomètres. Dans ces conditions, des pèlerins ne pouvaient plus tenir et commençaient à tomber à cause de la fatigue et de la soif. L’un des pèlerins affirme même que son groupe a été détourné vers la célèbre « Rue V.I.P. » où ils ne devaient pas se retrouver. Dès lors, le chamboulement était inévitable et la bousculade est intervenue par la suite, lorsque l’affolement et la chaleur se sont coalisés.

Les témoignages sont effroyables : la plupart des 26 000 personnes déployées par l’Arabie Saoudite pour encadrer et sécuriser le pèlerinage étaient dépassés. Certains avaient même ôté leur masque et se mettaient à crier devant l’ampleur du drame, affichant par la même occasion leur manque d’expérience.

Le bilan, selon un des témoignages, devra dépasser de loin ce qui est encore annoncé dans les différents pays concernés car l’hécatombe se cache mal derrière le terme de « disparus ». Et il ajoute : «J’ai vu les gens tomber comme des mouches et je n’ai eu la vie sauve, par la grâce de Dieu qu’en me décidant à sauter par-dessus les têtes et les gens déjà tombés. On n’avait pas le choix pour survivre et j’ai entendu une voix féminine m’apostropher douloureusement derrière moi avant de s’éteindre… (Larmes).

Un autre de faire remarquer que les nombreux pousse-pousse utilisés par les Asiatiques pour transporter des gens souvent d’un âge avancé, ont provoqué beaucoup de dégâts lors de cette bousculade. Il a eu beaucoup de mal pour se défaire de l’image de cette femme de couleur blanche dont la tête se trouvait     coincée sous un de ces pousse-pousse.

De l’avis général, il y a eu de nombreux corps inertes qui jonchaient le sol, parmi des parapluies, chaussures, petits sacs et aumônières qui contenaient les cailloux ramassés avant l’arrivée sur les lieux pour lapider Satan. Les draps blancs qui recouvraient une partie du corps de certains d’entre eux rappelaient qu’ils étaient encore en train d’accomplir leur acte de dévotion. Des camions frigorifiques ramassaient les cadavres, les ambulances se chargeant de transporter uniquement ceux qui étaient encore vivants. Mais un pèlerin de nous préciser : « Qui sait si tous ces gens inertes étaient tous morts car il y en a qui ont eu la chance de se réveiller avant d’être ramassés par les secouristes transformés en croque-morts pour la circonstance ».

Pour notre interlocuteur, il convient pour tout le monde d’avoir foi en Dieu et de considérer que c’est le noble destin de ceux qui y sont restés. Pour lui, il ne faut pas trop tirer sur la corde en ce qui concerne le bilan car il sera difficile de le faire exactement surtout à cause des corps calcinés et d’autres en putréfaction avancée avant l’identification par les délégués de leur pays. Il termine par des prières, pour que cela ne se reproduise plus car il faudrait que les « autorités saoudiennes reconnaissent leurs faiblesses en matière d’organisation du pèlerinage pour s’améliorer », conclut-il.

Ce vœu est à chaque fois exprimé, mais Mina continue d’enregistrer des drames du genre. Ces 15 dernières années, près de 3500 pèlerins ont laissé leur vie à Mina lors de bousculades causées par des rencontres de foules. EN 1996, c’est au moment où les pèlerins s’étaient engagés dans un tunnel conduisant à Mina et long d’un kilomètre que les systèmes de ventilation sont tombés en panne. La chaleur torride provoquant l’énervement et la panique, s’ensuivirent des bousculades. 1426 pèlerins y sont morts.

A chaque drame, l’incapacité du Royaume est mise en avant, notamment en ce qui concerne l’organisation du pèlerinage effectué par plus de deux millions de personnes. Mais à chaque fois, le Royaume parvient à dégager sa responsabilité. En sera-t-il de même pour cette fois où l’on désigne comme cause principale des bousculades le blocage d’une des voies menant aux stèles par les forces de sécurité saoudiennes assurant la sécurité du convoi du Prince Mahammad Bin Salman Al Saoud qui tenait à assister au premier rassemblement des pèlerins à Mina où il est arrivé escorté par 200 soldats et 150 policiers. L’Arabie Saoudite qualifie cette information de non-fondée. Mais pourquoi sa sécurité a-t-elle bloqué une voie si stratégique pour le pèlerinage ? L’histoire nous édifiera.

MLSIDIBE

Source : Bamada.net

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