Alors que le ministre du Culte et des Affaires religieuses parle d’un report pour permettre au président IBK de présider les travaux du 2e congrès ordinaire du Haut conseil islamique (HCI), Mohamed Macky Bah, le 1er vice-président du HCI du district, voit en cette décision une volonté d’apaiser la tension. Il appelle à la mise en place d’un bureau transitoire à la place de l’actuel bureau qui est en dépassement de mandat.

Annoncée pour le mardi 15 avril 2014, l’ouverture des travaux du congrès du Haut conseil islamique a été reportée, selon un des membres du HCI, Bagadadji Moussa Traoré, invité de la Radio FR3 le mardi 15 avril en matinée.

Le prêcheur Traoré a affirmé qu’aucune date n’a été fixée pour la convocation du congrès et que le seul motif donné par les autorités est l’absence du président de la République du Mali, en déplacement à Dakar et qui devait présider la cérémonie d’ouverture.

L’absence du président de la République IBK a été annoncée le lundi soir par le ministre du Culte et des Affaires religieuses, Thierno Amadou Oumar Hass Diallo sur le plateau du JT de l’ORTM. Il expliquait que la commission d’organisation du congrès avait adressé une lettre d’invitation à IBK et comme celui-ci n’était pas à Bamako, il était normal d’observer un report. Sans donner une nouvelle date, le ministre du Culte et des Affaires religieuses a soutenu que ce n’est pas un reportsine die.

Mohamed Macky Bah, 1er vice-président du HCI du district de Bamako et président de l’Association des jeunes musulmans du Mali, que nous avons joint au téléphone hier, nous a fait comprendre que l’absence d’IBK de Bamako est loin d’être la raison du report. Selon lui, « si cela était bien la raison, le président de la République avant de s’envoler pour sa visite officielle à Dakar au Sénégal avait bien mandaté le Premier ministre Moussa Mara de présider en son nom la cérémonie d’ouverture. Il a fait le geste qu’il devait faire », a-t-il répliqué. Macky Bah a ajouté que« c’est à cause de la tension qui prévaut que les autorités ont pris cette décision ».

Report  sans ménagement

Le 1er vice-président du HCI du district déplore que la décision de report qu’il mesure à sa juste valeur à cause de la tension, ait été prise à l’emporte-pièce nuitamment, au moment où tous les délégués des 49 cercles et des 8 régions du Mali étaient déjà sur place.

Il demande aux autorités de prendre toutes leurs responsabilités pour mettre un terme aux fonctions de l’actuel bureau dirigé par Mahmoud Dicko dont, selon lui, le mandat est épuisé depuis 18 mois. « Nous exigeons ici et maintenant la mise en place d’un bureau transitoire ».

Comme à son congrès constitutif de janvier 2003 et son 1er congrès ordinaire de 2008, le HCI n’échappe pas aux démons de la division. Il faut rappeler qu’en 2003, il y avait eu une querelle de clochers entre le président de l’Association malienne pour l’unité et le progrès de l’islam (Amupi), El hadj Issaka Traoré, et son secrétaire général, Mahmoud Dicko.

Lorsque la majorité a par consensus décidé de présenter un candidat en la personne d’Issaka Traoré, les autres membres du bureau d’obédience sunnite avaient choisi Mahmoud Dicko comme leur candidat. ATT à l’époque président de la République avait jugé nécessaire d’écarter les deux candidats.

Thierno Hady Boubacar Thiam a été présenté candidat de rupture et élu président. Mahmoud Dicko a finalement été élu au 1er congrès ordinaire de 2008. Lors de ces échéances, le HCI a connu une autre tension relative à l’exclusion des associations religieuses au congrès. Ces associations n’ont pas digéré le coup. Le différend a été porté devant les tribunaux dont la décision a été la dissolution du HCI. Une sentence qui ne sera jamais exécutée par l’intrusion d’ATT et l’enchaînement des événements que notre pays a connus.

Deux clans se battent aujourd’hui à ce 2e congrès qui vient d’être reporté. Il s’agit du clan du président sortant, Mahmoud Dicko, et celui de Thierno Hady Oumar Thiam. Ce dernier est le candidat de ceux qui se réclament de l’islam traditionnel ou modéré.

Selon Mohamed Macky Bah, « les musulmans du Mali ne souhaitent plus être dirigés par d’autres courants religieux eu égard à tout ce qui s’est passé au nord de notre pays ». Il regrette que tous les bureaux du HCI ayant été installés par consensus, le bureau national ne devait pas échapper à la règle.

Abdrahamane Dicko

Source: Les Echos