En ce mois de Ramadan, la viande, une denrée de très grande consommation est devenue un luxe pour le malien lambda qui, en plus d’observer le jeûne cette année dans des conditions météorologiques pénibles, portait déjà sur ses épaules les poids de l’inflation, en cette période très particulière.
Cette hausse du prix de la viande ne semble guère attirer l’attention de l’Etat et encore moins des associations des droits des consommateurs qui se montrent impassibles face à la souffrance de la ménagère.
De 2 200 F CFA, aux lendemains du coup d’Etat du 18 août 2020, le prix du kilogramme de la viande est passé à 3 250 F depuis plus d’une année. Ce, malgré l’amélioration de la situation sécuritaire et l’apaisement du climat social dans les zones de production, qui favorisent l’acheminement du bétail vers les grandes agglomérations.
En dépit de ces faveurs, visiblement, les syndicats des bouchers de Bamako n’ont pas dans leur agenda la diminution des prix de la viande. Pire, aucun protocole d’accord entre eux et le gouvernement n’a été mis en place pour permettre aux populations de surmonter le Ramadan en toute dignité.
Faut-il rappeler qu’en plus de la viande, d’autres denrées de première nécessité sont concernées par cette augmentation des prix dénoncée par les populations depuis quelques mois à travers le pays.
A la veille du mois de Ramadan, le gouvernement a organisé des concertations avec tous les opérateurs économiques, à l’exception de ceux des secteurs de la filière viande. Comme pour dire aux Maliens que cette denrée alimentaire n’est point une préoccupation. Pourtant, la viande est capitale dans l’équilibre alimentaire des personnes.
En effet selon certaines confidences, les opérateurs économiques qui évoluent dans le secteur de la filière viande n’ont plus cette grande difficulté à acheminer le bétail vers les grandes agglomérations, puisque certaines bastions des terroristes qui constituaient des obstacles se sont en grande partie déplacés ou sont démantelés.
Malgré tout, ces opérateurs qui détiennent le monopole du ravitaillement des grandes villes ne sont pas sensibles à la pauvreté des populations.
En atteste un Syndicat des bouchers qui a affirmé au Front que le prix de la viande peut être revu à la baisse. Et il a expliqué les raisons qui sont claires. Approché par nos soins, ce syndicat dont nous tairons le nom pour sa sécurité explique les raisons pour lesquelles le kilo de viande peut être vendu à 2 250 F.
« Nous n’avons aucune difficulté de vendre le kilo de la viande à 2 000 ou 2 250F. Cela est valable depuis plus de 7 mois. Les grands bouchers qui ont le monopole de ravitaillement de la plupart des bouchers détaillants et demi grossistes n’ont nullement aucune difficulté de nous faire parvenir le bétail. En plus, l’Etat a fourni beaucoup d’efforts pour leur faciliter les frais d’abattage. Malgré tout, ils refusent de revoir le kilo de la viande à la baisse », a-t-il dit, avant de rappeler que ces opérateurs payaient des fortunes pour faire acheminer le bétail dans les grandes villes.
« Mais grâce à certaines interventions des FAMa, des zones qui étaient infestées de terroristes, sont libérées à présent. Nous déplorons l’attitude de ces opérateurs qui ne nous facilite pas la tâche », a-t-il dénoncé.
A cause de la cherté de la viande, plusieurs femmes se retournent vers les poissons de mers congelés importés.
Oumou SOUCKO, une ménagère, nous révèle que la viande est réservée aux festins pour les ménages aux revenus faibles.
« Depuis le début du ramadan, nous consommons soit les poissons locaux, qui sont un peu abordables cette année, soit les poissons de mer, venus des pays côtiers. Sinon la viande est intouchable cette année », a-t-elle dit.
Par conséquent, le Front Populaire contre la vie chère, par la voix de sa présidente a fait un appel aux opérateurs de la filière viande.
« Nous en appelons une fois de plus à ces grossistes de viande d’être sensibles à la souffrance des populations en ce mois béni de Ramadan.
A défaut, le Front en collaboration avec les bouchers détaillants va réagir par des actions concrètes », a-t-elle clamé !
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info Matin