Le panier de la ménagère connaît du coup des trous car c’est en raison de cette insécurité grandissante dans les zones d’élevage du pays que la viande bovine, très prisée par les consommateurs maliens, connaît une augmentation sensible. Aux termes de la note de la DGCC, à Bamako, les fluctuations du prix du kilogramme affichent une tendance haussière de 2 400 à 2 800 francs CFA/Kg.
Ce phénomène, selon la note technique de la DGCC s’explique par la baisse de l’approvisionnement des marchés urbains en bétail de boucherie, la cherté du prix du bétail avec une moyenne de 325.000FCFA la tête à 335.000 FCFA et le tout sur fond d’insécurité au centre du pays qui complique la transhumance des animaux vers les centres urbains de consommation. Et ce n’est pas tout. L’inflation du prix de la viande, toujours selon la DGCC, s’explique par le renchérissement du prix de l’aliment bétail dérivé de la graine de coton dont la pénurie a maintes fois été signalée. Le prix moyen du sac de 50 kg est de 8.653 FCFA, soit une hausse de 11% par rapport à son niveau de l’année passée à la même période. S’y ajoute l’exportation des animaux sur pied vers les pays voisins à forte demande et à des prix attractifs.
En plus de la viande, d’autres produits de grande consommation connaissent également des légères hausses, notamment le ciment et l’huile alimentaire.
Pour ce qui concerne le ciment, la volatilité du prix, rapporte la note, est liée à la combinaison de plusieurs facteurs, notamment la baisse de la production locale et des importations. La production nationale, ajoute la note, est en chute en raison des délestages et coupures intempestives d’électricité. Et les pays d’importation confrontés aux mêmes difficultés ont diminué drastiquement leurs exportations.
Par ailleurs, les perturbations du trafic routier inter-Etat consécutives aux crises sociopolitiques dans le secteur des transports et de l’administration ont des impacts négatifs sur l’approvisionnement régulier de notre pays.
Pour ce qui est de l’huile, la DGCC soutient que l’approvisionnement de notre pays est de moins en moins confortable. Le besoin de consommation estimé à 120.672 tonnes par an n’est couvert qu’à 80% par la production nationale et le reste est importé principalement de la Côte d’Ivoire. Actuellement, le marché national se caractérise à la fois par une baisse de la production nationale et des quantités importées. La baisse de la production nationale est consécutive à la pénurie de matière première, en dépit de la mesure de subvention de la graine de coton à l’achat local et l’importation. Les industriels ont du mal à trouver le produit sur le marché régional à importer.
Idem pour les importations principalement de Côte d’Ivoire, qui ont connu une baisse de 70% par rapport au mois passé en raison du déficit de production d’électricité qui a plongé le pays dans le délestage et obligé les unités industrielles à limiter leurs productions.
Au plan international, le cours de l’huile de palme connaît une hausse tendancielle soutenue par une forte demande, notamment dans le secteur des biocarburants.
Selon les analystes, cette hausse va se poursuivre durant le premier semestre de l’année 2021 en raison de la faiblesse de l’offre de la Malaisie (1er producteur mondial d’huile de palme) et la hausse de la demande pour les besoins de biocarburants.
Dans cette perspective, la hausse du prix fournisseur de l’huile alimentaire importée se poursuivra également durant cette période.
Mesures d’atténuation
Pour stabiliser le prix de l’huile de coton et du tourteau par ricochet celui de la viande, le Gouvernement a consenti une exonération de la TVA à l’achat et à l’importation de la graine de coton. Par conséquent, les prix de l’huile locale et de l’aliment bétail ont été plafonnés.
L’impact de ces mesures reste toutefois limité en raison de la faiblesse de la production locale.
Les prix de l’huile importée et de la viande sont restés libres car le premier n’a pas encore bénéficié de mesures d’incitation fiscale et pour le second, la stabilisation des prix nécessite des actions structurelles d’amélioration de la production animale et conjoncturelles de sécurisation du trajet d’approvisionnement des villes en animaux de boucherie.
Amidou KEITA