Comme à l’accoutumée, chaque semaine votre quotidien d’informations, d’analyses et d’investigations part à la rencontre de certains jeunes écrivains afin de faire découvrir non seulement leurs œuvres, mais aussi et surtout montrer à travers le monde toute la richesse culturelle malienne. C’est dans cette optique qu’il est rentré en contact cette semaine avec ce jeune écrivain, également humoriste et chroniqueur originaire de Tombouctou. Il se fait nommer communément Tassouma Kissai, mais son vrai nom est Handédéou Alassane Maiga. C’est un produit de la Faculté des Sciences Humaines et des Sciences de l’Éducation de Bamako et notamment de la filière Sciences de l’Éducation. Il nous parle de son recueil de poèmes « Des vers d’espoirs ». Lisez l’entretien !
Le Pays : pouvez-vous nous présenter votre ouvrage, Des vers d’espoirs ?
Handédéou Alassane Maiga : le recueil de poèmes, Des vers d’espoirs est un recueil apparu chez Innov Éditions en février 2018. Il est composé d’une cinquantaine de poèmes qui parlent de la jeunesse, du Mali, de la paix, de la réconciliation, de l’amour. À travers ce recueil de poèmes, on peut dire que c’est la vie d’un jeune Malien de 25 ans en quête d’amour, de paix, de spiritualité, etc. J’essaie de toucher à tous ces aspects à travers des poèmes qui parlent de paix, d’amour, de spiritualité, de bonté, de Dieu, d’espoir, etc. Le but de ces poèmes est d’essayer de donner de l’espoir aux Maliens parce que le Mali traverse une situation de crises.
Puisque vous évoquez la question de la paix, une problématique cruciale, dans votre recueil, pourriez-vous préciser votre position dans ces poèmes en ce qui concerne l’instauration d’une paix durable au Mali ?
J’ai l’impression qu’au Mali, les gens ont tendance à chanter le désespoir. Tellement ce désespoir a été chanté, je me suis dit qu’en chantant le même slogan, on ne sortira pas du problème. J’ai alors jugé nécessaire d’écrire de l’espoir à travers des vers ayant pour but de panser les déchirures des Maliens, de dire à toute personne se trouvant dans des difficultés qu’un jour nouveau brillera pour le Mali et les Maliens. Tenez-vous bien, j’ai commencé à écrire ce recueil en 2012, une période où nous étions dans une situation où chaque Malien avait besoin qu’on lui dise quelque chose de courageux lui donnant de l’espoir. Moi-même en tant qu’auteur, je me trouvais dans une impasse. C’est quand j’ai commencé à écrire ce recueil que l’espoir naissait en moi, que j’avais eu le courage de persévérer, d’aller de l’avant.
Seul l’espoir peut nous permettre de nous propulser de l’avant. Les poèmes ont cette vertu cathartique à travers les exemples qu’ils nous livrent sur des personnes ayant traversé des difficultés pour réussir. Les poèmes nous donnent des solutions à nos problèmes. Écrire, c’est parler aux autres et les vers sont capables de cela. La lecture d’un poème nous remonte jusqu’à l’âme. C’est pour toute ces raisons qu’une fois qu’un lecteur lit Des vers d’espoirs, il va se retrouver dedans en retrouvant espoir parce que retrouvant ses propres histoires retracées. Malgré toutes les difficultés que nous traversons ici au Mali, nous devons persévérer parce que beaucoup ont traversé des situations plus difficiles que les nôtres. Il faudra toujours se dire que nous sommes un grand pays. La situation actuelle est certes difficile, mais nous avons la carrure nécessaire pour la dépasser.
Quel lien tissez-vous entre l’amour et la paix dans Des vers d’espoirs ?
On ne peut pas parler de paix sans parler d’amour. L’amour n’est que le chemin facile pour arriver à la paix. Nous avons aujourd’hui suffisamment constaté que l’argent ne suffit pas pour amener l’amour, les biens matériels ne suffisent pas pour amener l’amour. Il est évident que seul l’amour peut arriver à nous donner la paix. Si nous ne nous aimons pas, on peut distribuer entre nous des milliards, mais nous n’atteindrons jamais la véritable paix. Pour espérer une paix durable dans notre situation, il faudrait que nous cultivions l’amour. C’est d’ailleurs ce que Nelson Mandela a fait à son temps. Il faudrait cet amour entre les hommes, entre les communautés pour arriver à une paix durable. C’est ce même lien qui existe entre l’amour et le développement d’un pays. Sans amour, pas de développement. C’est de l’amour que nait la tolérance, le respect, le vivre ensemble. Voilà pourquoi je parle assez d’amour dans ce recueil. Ce sont les deux piliers fondamentaux du bon vivre ensemble.
Comment comprendre votre choix pour Innov Éditions en tant que maison d’édition ?
J’ai commencé à écrire depuis 2012, mais c’est juste en 2018 que j’ai pu réaliser mon rêve, celui de voir un jour mon ouvrage dans les librairies. Innov Éditions est plus qu’un choix. Elle a été pour moi un cadeau de Dieu. Vous savez, aujourd’hui, la jeunesse a beaucoup de difficultés pour réaliser des projets littéraires. On a l’impression souvent que les maisons d’édition sont ouvertes uniquement pour ceux qui ont un grand portefeuille. Innov Éditions a su me motiver, a pu me donner le courage d’écrire, m’a accepté. C’est vraiment une maison d’édition qui est là pour les jeunes, pour que les jeunes croient en leur propre capacité. Innov Editions et nous, jeunes écrivains, avons une cause commune.
Quel sera votre dernier mot ?
Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez de parler de ce recueil de poèmes. Je lance également un appel à l’endroit des jeunes Maliens. Une jeunesse que je félicite d’abord. Aujourd’hui, je suis très fier de voir chaque semaine de nouveaux recueils de poèmes, de nouveaux livres écrits par des jeunes Maliens. Je dis à la jeunesse que nous devons continuer de nous battre, que nous n’avons pas besoin d’attendre que d’autres personnes nous montrent le chemin. Nous avons déjà les potentialités, les opportunités. Il suffit juste de bouger et de réaliser, surtout d’écrire parce que tout jeune a besoin de s’exprimer. Si on ne s’exprime pas, on risque de devenir fou. Je trouve que l’écriture est le meilleur moyen de s’exprimer. J’invite alors toute la jeunesse malienne à aimer la lecture et passer de la lecture à l’écriture pour que nous puissions laisser aux générations à venir un message : celui de l’espoir, de la paix, de l’amour.
Réalisé par Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays