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HADJ 2016 : « Un Hadj à moindre coût et dans les meilleures conditions – Une ambition du Président de la République », la grande farce !

Le slogan de la Délégation du Hadj 2016 du Mali est : « Un Hadj à moindre coût et dans les meilleures conditions – Une ambition du Président de la République », malheureusement c’est tout le contraire que les pèlerins du Mali ont vécu à leur dépend pour accomplir l’un des cinq piliers de l’Islam.La question fondamentale que les Maliens doivent se poser est de savoir si le devenir de la nation dépend des Institutions fortes ou des hommes qui les incarnent

kabba hadj pelerinage

La réponse à cette question est  liée à la connaissance de la religion musulmane dont près de 80% ou plus des Maliens se réclament. Toutefois, le comportement et les agissements de la majorité des filles et des fils de cette nation démontrent à suffisance que cette croyance est sur la langue mais pas dans le cœur. Sachez, mes frères et mes sœurs, qu’Allah nous accordant la miséricorde, nous nous devons d’apprendre quatre choses.

L’une de ces choses est la Science : apprendre la science, c’est connaitre Allah, connaitre son Prophète (PSL) et connaitre la religion islamique, parce qu’il n’est pas permis d’adorer Allah sans connaissance, et « quiconque fait cela se dirige vers l’égarement et ressemble sur ce point qu’Allah a qualifiés d’égarés ».

Cette connaissance, nous apprendra que la religion à trois degrés : l’islam, la foi et la perfection. En s’attardant sur la foi et ses piliers nous apprendrons qu’elle est la conviction du cœur, ce qu’atteste la langue et ce qui est appliqué par les membres du corps, elle augmente lorsqu’on obéit à Allah. Elle a six piliers dont la croyance à la prédestination bonne ou mauvaise.

Par conséquent, le devenir de tout un chacun est tracé et celui du pays ne sera que ce que le Tout Puissant aurait prévu qu’il soit, aucune volonté ou pouvoir humain ne saurait dévier cela ou aller à l’encontre de l’accomplissement de la volonté divine.

Si cette conviction est partagée, que les filles et les fils de ce pays sachent qu’aucune grâce humaine ne saurait leur apporté le minimum de bien qui n’ait été voulu par le Tout Puissant. Arrêtons dans ce cas de ramener la mise en œuvre des missions confiées par le peuple à la seule volonté du Président, en mettant les autorités incarnées par des humains au-dessus des Institutions. Que cette volonté ou ambition soit ou pas les fidèles se rendront aux Lieux Saints qui d’ailleurs datent du XIIIème siècle à l’époque des empires. Cependant, il est connu dans ce pays qu’afin de garder sa position professionnelle et sociale, qu’on soit à la hauteur ou pas, il faut s’adonner à ce « griottisme ».

Qui aurait imaginé qu’en 2016 les pèlerins auraient subi tant de difficultés et d’humiliation malgré, la création il y a 12 années de la Maison du Hadj (Etablissement Public à caractère administratif)? La mise en place chaque année d’une délégation chargée de l’organisation du Hadj ? La volonté politique affichée à travers la création d’un département ministériel ayant comme activité phare entre autres la facilitation de l’accomplissement de ce pilier de l’Islam ? Sans occulter le drame vécu lors du Hadj de 2015, les salives et encres versées,…aucune leçon n’a été tirée de ces expériences vécues! Le Peuple dans son âme meurtri se sent obliger de subir l’incompétence de ces hommes et femmes chargés de cette mission.

 Un Hadj à coût élevé

Sur les trois dernières années, le coût du pèlerinage au Mali est passé de 2 750 000 FCFA en 2014 à 2 650 000 FCFA en 2015 et 2 570 000 FCFA en 2016. Au regard de cette tendance, le Ministère des Affaires Religieuses et des Cultes ainsi que la délégation chargée de l’organisation du Hadj se fondent pour faire croire aux pèlerins que les autorités ont tous mis en œuvre pour diminuer le coût relatif à l’accomplissement du Hadj. Cet effort, qu’il soit du fait des autorités du pays, est-il à la hauteur de ceux consentis pour les autres pèlerins dans les pays frontaliers ?

Une analyse comparative du coût du Hadj dans des pays de l’UEMOA notamment la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso, le Niger, le Togo et le Benin démontre que les pèlerins Sénégalais et Maliens ont payé le prix fort pour accomplir le Hadj 2016.

En Côte d’Ivoire, les autorités ont déployé les grands moyens pour soulager et rendre agréable l’accomplissement des rites en fixant le coût du Hadj 2016 à 2 000 000 FCFA. Au Togo, les frais de participation ont été fixés à 2 050 000 FCFA. Au Bénin les autorités ont donné l’assurance que les frais ne dépasseront 2 075 000 FCFA fixé en 2015. Au Niger, il a été arrêté le montant à          2 076 250 FCFA pour le Hadj 2016. Au Burkina Faso le montant a été fixé à 2 201 070 FCFA sans le prix du mouton. Le prix fixé par les autorités sénégalaises pour l’accomplissement du Hadj est de 2 652 000 FCFA. Ce montant comprend le prix du billet d’avion, le logement sur les lieux Saints, la taxe saoudienne et une pécule à verser aux pèlerins dont le montant n’a pas été déterminé. Au Mali, concernant la filière gouvernementale les pèlerins devraient débourser 2 570 000 FCFA pour accomplir le hadj.

Il découle de cette analyse que si en absolu le coût au Sénégal dépasse celui fixé au Mali de 82 000 FCFA, déduction faite du pécule à verser aux pèlerins sénégalais dont le montant n’est pas précisé, il en résulterait que les pèlerins maliens ont payé le prix fort par rapports aux autres de la zone UEMOA. En outre, contrairement à la pratique observée dans les autres pays aucun détail n’a été donné quant à la composition du coût du Hadj afin d’apporter plus de transparence et de démontrer l’effort consenti par les autorités pour la couverture des charges afférentes.

En l’absence de cette pratique transparente tout discours contribuant à mettre tout effort au profit des autorités politiques et de surcroit relativement à une activité touchant à la religion ne sera que leurre.

D’ailleurs si dans des pays comme le Nigéria des riches s’évertuent et s’enorgueillissent à prendre en charge les coûts du pèlerinage par centaine de leur concitoyen, paradoxalement au Mali à leur dépend, les pauvres pèlerins prennent en charge dans leur coût du Hadj la participation des autorités qui sont gracieusement invitées et mis relativement dans des conditions adéquates pour accomplir le Hadj. Ce quota de participation attribué à des Institutions de la République n’est qu’un moyen de confondre des hautes autorités et de couvrir les incapacités à être à la hauteur des missions confiées.

En guise de recommandation, la délégation chargée de l’organisation du Hadj doit donner le détail, pour chaque campagne, du coût relatif à l’accomplissement du Hadj.

 

Un Hadj passé dans des conditions exécrables

La procédure d’inscription 

Il y a lieu de reconnaitre que le dispositif mis en place pour l’inscription des pèlerins a relativement bien fonctionné. Le processus n’a pratiquement pas souffert d’obstacle, toutes les parties prenantes se sont mises à la disposition des pèlerins afin de faciliter l’inscription. Cependant, des faiblesses apparaissent :

  • absence de mesure permettant de s’assurer que tous les pèlerins ont rempli toutes les formalités pour être apte à voyager notamment l’administration des vaccins. Des pèlerins ont été admis à voyager aux Lieux Saints sans avoir effectué toutes les vaccinations.
  • absence de communication de la part des infirmiers sur la nature des vaccins administrés et de contrôle auprès des pèlerins afin de s’assurera que lesdits vaccins ne leur avaient pas été déjà administrés.
  • sans disposer de preuve probante d’une défaillance dans la délivrance des passeports, une tentative pour juger de l’efficacité du processus a mordu. En effet, un des policiers sollicité a laissé comprendre qu’il était disposé à faciliter l’établissement de passeport pour un non-pèlerin.
  • D’autres témoignages ont laissé apparaitre des abus et magouilles dans la délivrance des visas entre la Maison du Hadj et des agences de voyages.

 

En outre, aucun prétendant pour l’accomplissement du Hadj n’ait été déclaré inapte a effectué le voyage alors que l’expérience du terrain a montré que tous les pèlerins n’étaient pas aptes à faire le voyage. Est-ce par cupidité ou la défaillance des médecins chargés de donner leur opinion sur l’aptitude ou pas des prétendants à effectuer le voyage ? Il n’en demeure pas moins que certains pèlerins ont eu des difficultés dans l’accomplissement des rites.

Sur ce point il y a lieu de sensibiliser les frères et sœurs que l’accomplissement du Hadj n’est pas aisé pour nos parents qui atteignent un certain âge. En pensant leur rendre service afin de recevoir des bénédictions c’est l’effet inverse qui se produit. Ce constat est aussi vrai pour nos mamans qui représentaient plus de 60% des pèlerins en 2016. Nos responsables religieux ont un rôle de sensibilisation à faire à ce niveau en donnant le maximum d’information sur la possibilité de faire le pèlerinage à la place des parents qui se trouve d’ailleurs moins couteux.

Le départ et le Séjour en Arabie Saoudite

La première difficulté rencontrée par les pèlerins a été le non-affichage à temps de la liste et du programme de voyage. En effet, la Maison du Hadj a fixé la clôture des inscriptions à la date du 31 juillet 2016 et les départs des pèlerins du 19 au 23 août 2016. Toutefois, c’est à 48 heures près des premiers vols soit le 17 juillet 2016 que les premières listes ont été affichées suite à un communiqué radiotélévisé de la veille. Par la suite les convocations pour la pesée des bagages et le départ des pèlerins pour Médine ont été successivement fixées les 18 et 19 juillet 2016 à 8h00.  Malheureusement pour les pèlerins du « 2nd  vol », il a fallu 10 heures d’attente pour le démarrage de la pesée des bagages et autant de temps le lendemain pour embarquer dans l’autobus en direction de l’Aéroport sachant que la majorité des pèlerins sont des personnes âgées trainées dans des conditions les moins enviables (insuffisance de toilettes, manque de nourriture, harcèlement des vendeurs ambulants,….). Pourtant une bonne programmation de ce processus pourrait dès à l’entame soulager les difficultés subies par les pèlerins.

 

Il faut signaler qu’au cours de ces premières journées à la Maison du Hadj, les pèlerins n’ont bénéficié d’aucune visite ni du Ministre chargé de l’organisation ni de la délégation du Hadj afin de s’enquérir des premières difficultés et apporter des mesures correctrices. C’est à l’Aéroport que le Ministre accompagné d’une délégation est venu pour marquer un coup médiatique. Dans l’avion, la délégation comprenant un leader religieux de notoriété a eu droit à quelques applaudissements au lieu d’être interpellée sur la mauvaise organisation et la souffrance endurée à la Maison du Hadj. Enfin, dans le but de recueillir les premières impressions des pèlerins embarqués, le choix du journaliste de la chaine nationale a été le plus sélectif possible comme d’habitude.

 

Arrivés à Médine le lendemain vers 7h, il a fallu aux pèlerins 6 heures d’attente dans l’aéroport et dans les bus (en très mauvais états comparativement à ceux empruntés par les autres pays) pour les formalités administratives et logistiques. Sur place à l’hôtel, vers 13 h, le désordre fut total quant à l’accueil, aucune disposition n’ayant été prise pour soulager les pèlerins après 16 heures de trajet (l’embarquement a eu lieu à 20h à Bamako Senou et l’arrivée à Médine en passant par le Caire était entre 7 et 8 heures locales) sans compter les 10 heures d’attente la veille à la Maison du Hadj. C’est à partir de 15h que les premiers pèlerins du « 2nd vol » ont commencé à avoir des chambres. Pour cela il a fallu se regrouper par 5 à 6 personnes pour se faire enregistrer, disposer d’une chambre et ensuite aller chercher ses bagages entassés à la devanture de l’hôtel. Cette étape aurait dû être mieux organisée puisque les organisateurs disposaient de l’état civil, de la condition physique et de l’état de santé de tous les pèlerins 19 jours auparavant. La répartition entre les chambres pouvait intervenir avant l’arrivée des pèlerins. Hélas, il fallait que les personnes âgées, malades et handicapées viennent par la suite se plaindre pour se faire reloger sinon obligées de faire le séjour dans des conditions non adaptées à leur état.

 

Il importe de signaler que les pèlerins qui sont arrivés par la suite ont vécu des conditions plus drastiques que celles-ci-dessus mentionnées.

 

Pour ce qui concerne la restauration durant le séjour de Médine, elle est venue accentuée la souffrance des pèlerins. Toutefois, afin de préparer les esprits, la délégation a tenu à marquer le coup lors des activités de formation en sensibilisant les pèlerins sur les imperfections et désagrément qui pourraient survenir au niveau de la restauration. Les pèlerins ont été sensibilisés à ne pas se plaindre sur la qualité des repas servis tout en les invitant à les accepter comme un coup de fatalité et non de l’incapacité de la délégation à les satisfaire. Pourtant au même moment les pèlerins Ivoiriens qui n’ont déboursé que 2 millions de FCFA étaient logés à trois par chambre et mangeaient à satiété (un buffet était à leur disposition pendant toutes les heures de restaurations). Cette situation a poussé les pèlerins à mettre la main dans leur poche et à se rabattre sur les vendeurs ambulants de « tô » et autres nourritures à la devanture de l’hôtel sans s’assurer des conditions d’hygiène.

 

A Médine et pour la visite de quelques Lieux Saints (Ziara), il a été demandé à chaque pèlerin, intéressé d’y participer, à payer l’équivalent de 2 000 FCFA de frais de participation. Les indiscrétions recueillies auprès de certains délégués ont permis de confirmer que cette opération a généré un profit. Les questions que l’on se pose sont: Est-ce que le pèlerinage est une opération qui devrait permettre à l’Etat d’engendrer des recettes ? Quelle est la finalité des recettes engendrées par cette opération ? Ce montant collecté auprès des pèlerins n’était-il pas inclus dans le coût du Hadj ?

 

Par ailleurs, avant le départ des pèlerins de Médine pour la Mecque, les derniers à quitter Médine ont été expulsés de l’hôtel par les policiers Saoudiens parce qu’au dire du propriétaire de l’hôtel le contrat qui le liait à la délégation du Hadj était arrivé à terme. En outre, toujours pendant le séjour de Médine, des pèlerins ont été contraints de libérer leur chambre par injonction de la délégation pour se faire loger eux-mêmes et laisser la place à des officiels gracieusement invités.

Où est l’honneur des Maliens ?

Des témoignages recueillis, le site des pèlerins de 2015 étaient encore plus proche de la grande mosquée de Médine que celui de cette année, obligeant les pèlerins à marcher pour chaque prière entre 1 à 2 km à défaut, rester dans la mosquée.

 

Le départ de Médine et le séjour à la Mecque

Il y a lieu de noter que 451 km sépare Médine de la Mecque et en temps normal il faut 4h15mn de route pour rallier les deux villes. Ce voyage a été effectué dans le même ordre que pour Bamako-Médine. En se référant aux péripéties vécues par les pèlerins du « 2nd vol », il a fallu 13 heures au lieu de 4 heures pour rallier les deux villes entre le temps de convocation à 14 heures et l’arrivée le lendemain à 3 heures du matin. Les bus empruntés à cet effet, n’étaient pas non plus de qualité, leur état laissait à désirer. A titre d’exemple, le pneu d’un bus a crevé sur le trajet, les pèlerins ont été invités à s’entasser d’un seul côté afin d’arriver à destination. Sur place, les pèlerins ont été confrontés aux mêmes difficultés pour se faire loger. Il fallait encore se regrouper en nombre de 5 à 6 personnes pour pouvoir disposer des chambres. Ayant déjà cultivé des affinités à Médine les pèlerins ont dans la plupart des cas voulu continuer ensemble. Or il se trouve que les habitants d’une même chambre peuvent ne pas arriver au même moment pour avoir emprunté des bus différents en fonction des grés de la commission d’organisation. Par conséquent, les premiers qui sont arrivés sont contraints d’attendre leur cohabitant pour disposer d’une chambre. Ces tracasseries ont pris une heure de temps pour certains voir plus pour d’autres.

 

Suite à l’installation, les pèlerins devraient effectuer la Oumra avec l’aide des délégués. Cependant, ils ont été contraints d’accomplir ce rite seuls puisque les délégués devant les accompagner se sont regroupés entre eux pour aller faire leur Oumra sous prétexte que les pèlerins ont mis du temps à descendre de l’hôtel et à se regrouper.

Notons que le Chef de la délégation du Hadj avait au cours d’une réunion tenue à Bamako défendu aux délégués d’accomplir le Hadj y compris lui-même afin de s’occuper des pèlerins. Cependant, il fut le premier à fouler cette consigne en accomplissant lui-même les rites.

 

Le calvaire des pèlerins a été encore une fois le logement et la restauration. En effet, les chambres de l’hôtel commençaient à partir du 8ème étage. Tous les pèlerins qu’ils soient malades, âgés, handicapés étaient contraints de prendre l’ascenseur ou les escaliers pour faire au moins 8 étages afin de disposer d’une chambre à coucher. Imaginez plus de 1 000 pèlerins se retrouvant au même endroit et au même moment, l’engorgement que cela puisse engendrer devant les ascenseurs (au nombre de quatre) ! Du coup les pèlerins étaient contraints de faire trois fois 12 étages voire plus en moyenne par jour, à défaut passer la journée à la mosquée. S’ils devaient emprunter l’ascenseur, il fallait une moyenne d’une heure de temps d’attente pour se faire transporter. La file de personne  devant l’ascenseur allait au-delà du hall de l’hôtel pour continuer dans la rue.

 

En outre, pendant les deux premiers jours du séjour de la Mecque, la même difficulté existait pour la restauration puisque tous les pèlerins étaient contraints de rallier le restaurant (5ème étage) au même moment alors que l’endroit ne peut contenir que 200 personnes au maximum. Cette situation a aussi poussé des pèlerins à se battre pour avoir à manger tout en subissant la colère des jeunes étudiants maliens recrutés à l’effet, sans aucune expérience, à rendre ce genre de service. A la suite de ces incidents, des dispositions ont été prises pour servir les repas dans les chambres.

Il faut signaler que le service de la restauration était assuré par les jeunes étudiants maliens vivant en Arabie Saoudite et qui n’ont reçu aucune formation dans ce sens. Le principe d’employer les jeunes étudiants est à encourager mais faudrait-il qu’ils soient formés et disposés à être patients face aux pèlerins, surtout ceux qui se montraient intolérants et agressifs.

A ceci s’ajoute le manque de professionnalisme de certains médecins et infirmières pour prendre en charge les pèlerins tombés malades. Ceux-ci n’ont pas hésité à agresser verbalement des pèlerins et souvent à les « libérer » avec leur douleur.

Comme les deux précédents voyages, tous les déplacements des pèlerins d’un site vers un autre fut un calvaire et celui de Mina a été pire. Notons que 10 km (tout au plus) sépare le site attribué aux Maliens à Mina à celui de la Mecque soit 1h30mn tout au plus de marche même pour les personnes âgées. Prétextant éviter les embouteillages du lendemain (s’il y en avait) tout en refusant de suivre la sunna, la délégation a décidé d’embarquer les femmes à partir de 20 heures et les hommes à partir de 22 heures. Au lieu d’embarquer les pèlerins en bas de l’hôtel comme pour les autres délégations étrangères qui habitaient la même rue, ceux-ci étaient contraints à se mettre en file indienne pour aller à la rencontre des bus, de mauvaise qualité, à 2km voire plus. Retenez, qu’il a fallu 10 heures de temps pour des pèlerins afin de rallier Mina. Alertés à 22h à être prêts, des pèlerins ont été invités à descendre de leur chambre à 3h du matin pour aller s’arrêter au bord de la route (à la vue de tous les passants), pour embarquer finalement à 7 heures du matin dans des bus. Par la force des choses, la sortie de certains pèlerins de la Mecque pour Mina coïncida avec celle recommandée par la sunna sans embouteillage constaté sur le trajet.

 

Le séjour à Mina et à Arafat

A Mina, il manquait une centaine de petits matelas par rapport au nombre de pèlerins contraignant ceux-ci à se coucher sur les petites nattes achetées par eux pour le séjour de Muzdalifa. Le comble pendant ce séjour est que les médecins ont fait le déplacement sans aucun médicament sous prétexte d’une instruction donnée par les autorités saoudiennes. Tout comme à Médine et à la Mecque, le logement et la restauration constituait les principales sources de difficultés pour les pèlerins. Ils étaient entassés en moyenne à 25 sous des tentes de 12 m2 et à peine trouvaient à manger à temps.

 

Le déplacement de Mina vers Arafat a été le moins pénible eu égard au temps d’attente et à la qualité des bus pour une fois gracieusement mis à la disposition de la délégation malienne par les autorités saoudienne nous a-t-on dit. A Arafat, les pèlerins n’ont pas eu droit à un petit déjeuner. Plusieurs parmi les pèlerins ont été se restaurer par erreur dans la dotation prévue pour la délégation sénégalaise ou se contenter des dons de conserves distribuées par des organismes saoudiens. Par ailleurs, en dehors de la lecture du coran pour le pays, la journée au lieu d’être une journée de douah a été transformée à une quête d’argent auprès de nos vieilles mamans. Pourtant, la veille il avait été dit aux pèlerins que le jour d’Arafat est celui où le Tout Puissant s’approche de ses serviteurs, c’est le lieu pour chacun de prier pour le pays, ses proches et lui-même et les vœux seront exaucés. Au grand étonnement, des délégués imams ont trouvé le moyen pour inciter nos mamans à donner de l’argent, les constituant ainsi d’intermédiaires entre celles-ci et Dieu. Cette quête a duré près de deux heures voir plus et les montants collectés se comptent par millier dans la monnaie locale. Malgré la présence de plusieurs imams et de notoriétés sur les lieux, aucune voix ne s’est levée pour dénoncer la pratique. La question qui taraudait dans les têtes est : quelle la finalité de cet argent collecté ?

 

Le retour d’Arafat vers Muzdalifa puis Mina s’est déroulé dans des conditions acceptables. Les pèlerins dans leur majorité ont respecté les consignes données par la délégation à l’exception de quelques-uns. Cependant, ce retour qui coïncida avec la fête dans notre pays le Mali, n’a pas été festif à Mina pour cause des dizaines de pèlerins n’ont pas trouvé à manger ce jour. Pensant profiter de la viande des milliers de moutons égorgés à leur nom, ils n’ont même pas eu droit au quotidien qui était servi. En outre, à la Maison du Hadj et avant le départ des pèlerins il leur avait été recommandé d’exiger un reçu attestant qu’un mouton dont le montant est inclus dans le coût du Hadj, a été sacrifié à leur nom. Cette recommandation a été mise en œuvre, information a été donnée comme quoi les moutons ont été égorgés à la présence de quelques délégués envoyés pour la circonstance, mais aucun reçu n’a été donné, l’obtention des reçus a été décalée sur place à Bamako et jusqu’à cette date aucune réaction. La question que les pèlerins se posent : Est-ce que des moutons ont été réellement sacrifiés à leur nom et comment disposer de la preuve ?

 

Concernant le retour à la Mecque, plusieurs pèlerins ont opté vers le trajet distant de 8km à 10km à pied que de subir les difficultés. Durant le court séjour à la Mecque en attendant les retours pour Bamako, les pèlerins n’ont eu droit qu’à un repas après 23h passées.

 

Contents de retourner au pays après avoir accompli tous les rites par la grâce de Dieu, les pèlerins du « 2nd vol » n’étaient pas au bout de leur peine. Encore, une fois les pèlerins ont invité à se rendre à 19h dans le hall de l’hôtel pour aller à la rencontre des bus. 1h30 plus tard, ils ont été invités à se mettre en file indienne pour faire 2km à pieds afin d’emprunter les bus. Sur place, 5 bus sur 6 étaient sur place, le sixième serait tombé en panne et est retourné pour être remplacé. Malheureusement, il fallait attendre jusqu’à 23h soit 4 heures d’attente pour qu’une quarantaine de pèlerins arrêtés au bord de la route pendant tout ce temps sans nourriture, boisson et toilette, pour embarquer.

 

Les questions que la délégation doit répondre sont :

  • suivants quelles procédures les hôtels, le prestataire pour la restauration, la compagnie de transport, sont sélectionnés et quel est le mode et les critères de sélection ?
  • Comment le choix des délégués (imams et médecins) sont opérés ?

 

En conclusion et recommandations                                                      

Durant tous les séjours le petit déjeuner servi aux pèlerins était composé d’un morceau de pain d’à peine 10cm et un bol de 20cl de café au lait préparé et servi comme dans les prisons. Le déjeuner constitué de trois à quatre poignets de riz variait (entre le riz au gras, avec patte d’arachide ou oignon ‘rendez-vous-en-bas’) et le diner, de même quantité ou voire moins, variait entre les frites, les macaronis, la soupe de viande ou de poulet avec un morceau de pain. Trois fois au plus des jus ont été servis et cinq fois au plus des bananes ou des pommes ont été distribuées. Comprenez donc que la faim fut le quotidien des pèlerins qui n’avaient pas les moyens de s’offrir des repas complémentaires. Les pèlerins qui suivaient un régime alimentaire spécifique étaient contraints à chaque changement de site, d’attendre deux à trois jours pour être repérés et pris en charge convenablement. Entre temps, soit ils se contentent du quotidien avec les risques qui s’en suivent ou se prennent eux même en charge.

 

Il y a lieu aussi de dénoncer les conditions d’hygiène d’une part, les jeunes étudiants qui servaient les repas transpiraient dessus mais indépendamment de leur volonté à cause de la température et ne disposaient pas des mesures de protection adéquate pour la circonstance, et d’autre part, les chambres d’hôtel et toilette, bien qu’abritant 5 à 6 pèlerins d’habitudes différentes puisque certains viennent directement de la brousse, n’étaient pas nettoyées.

 

Malgré les multiples difficultés qui auraient pu être évitées pour accomplir les rites, il y a lieu de souligner le mauvais comportement de certains pèlerins. En somme, c’est l’image du pays qui s’est transportée sur place en Arabie Saoudite, les personnes qui pensent que l’incivisme, l’intolérance, l’agressivité… étaient propre aux jeunes se trompent, le troisième âge est pire. Il faut noter aussi le manque de communication de la délégation dans la gestion des pèlerins. Face à ces problèmes qui surgissaient, les pèlerins avaient du mal à trouver des réponses ou des débuts de solution. Les délégués qui sont les premiers interlocuteurs faisaient systématiquement comprendre de n’être responsable de rien et au courant d’aucune information.

 

Pour les campagnes futures, la délégation du Hadj doit :

  • dissocier la délivrance du passeport à celle du carnet de vaccination en mettant en place un dispositif permettant de s’assurer que tous les pèlerins ont rempli les formalités de vaccination avant le départ ;
  • orienter les candidats qui sont pas dans des états physiques solides vers les agences de voyage qui ne disposent pas d’assez de pèlerins ;
  • sensibiliser les pèlerins sur les difficultés liées à l’accomplissement des rites et la possibilité d’effectuer le pèlerinage en lieu et place ;
  • sécuriser davantage tous le dispositif lié à l’inscription et à la délivrance des passeports et visas ;
  • respecter la date de clôture des inscriptions afin de disposer le temps nécessaire pour mieux organiser les voyages et les conditions d’accueil ;
  • à partir de la liste des pèlerins (fournissant l’état civil, l’état physique, les conditions spécifiques), dresser et afficher à temps :
    • la liste des pèlerins par convois,
    • la liste des pèlerins par chambre sur l’ensemble des sites en Arabie Saoudite en prenant en compte l’état physique et leurs conditions spécifiques dans la répartition,
  • réduire le nombre de délégués tout en les assignant des responsabilités dont ils seront appelés à répondre ;
  • former les délégués sur l’accomplissement des rites et la gestion psychologique des pèlerins ;
  • intensifier les campagnes de sensibilisation et de formation à l’intention des pèlerins et des délégués en mettant en place à la Maison du Hadj des salles médiathèques équipées d’écrans géants passant en boucle durant toutes les journées à l’approche du pèlerinage et dans des langues locales des films sur :
    • comment voyager en avion et l’utilisation des équipements notamment les toilettes ;
    • comment vivre en communauté sur les sites des Lieux Saints et l’utilisation des équipements dans les hôtels, les mosquées ;
    • comment accomplir les rites ; etc.
  • fournir plus d’effort, pour toujours rapprocher les lieux de résidences aux mosquées.

 

 

Nourou LY

Pèlerin Hadj 2016

 

 

Source: Le Sphynx

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