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Hadi Traoré, Gouverneur du District de Bamako: « Les déchets ont failli nous créer un problème de sécurité nationale dans ce pays… Il y a un problème de gouvernance… »

Bamako abritera en janvier 2017, le sommet Afrique-France. 40 chefs d’Etat et de gouvernement, 60 délégations et 2000 invités sont attendus. Quand, le président de la France, de surcroit celui-là même qui a permis au Mali d’être « à l’honneur sur les Champs Elysées » est accueilli, aucun sacrifice n’est de trop. Autant dire que  pour les autorités en charge de notre belle et sale capitale, notamment le Gouverneur du District, a une tâche comparable à celui d’Hercule.

Hadi Traore Gouverneur District Bamako

Comment s’y prendra-t-il ? A-t-il une formule magique ? Pour en savoir davantage votre Palmipède préféré l’a rencontré. Interview…

Monsieur le Gouverneur, le sommet Afrique-France se tiendra dans moins d’un an dans votre ville, sous votre responsabilité, quel est le sentiment  qui vous anime ?

Ce n’est pas seulement sous ma responsabilité, c’est aussi à l’honneur et sous la responsabilité de tout le peuple malien. A l’image de ce peuple, je suis animé d’un sentiment de joie et de fierté.

Bamako est sale. A cela, il faut ajouter l’occupation anarchique des grandes artères de la ville par des marchands, des mendiants…. Quelles sont les mesures prises pour rendre à la ville sa coquetterie d’antan?

Il faut dire que le sommet nous offre l’opportunité d’améliorer un certains nombre d’indicateurs à Bamako. Pour les besoins du sommet, toute une commission dirigée par Abdoullah Coulibaly a été investie par les hautes autorités. Ils sont à pied d’œuvre et feront en sorte que chaque ministère joue sa partition pour la réussite de l’évènement. Les maires,  le maire du District, nous autres autorités de l’Etat, nous sommes en position d’accompagnement ; aussi, pour que la fête soit belle.

Il y a de cela quelques jours, vous émettiez un communiqué interdisant, aux riverains de certaines avenues dont l’Avenue de l’indépendance, l’utilisation des grilles le long des voies comme lieu de séchage des linges. Cette opération a-t-elle connu un succès ?

Vous qui êtes le regard extérieur, qu’est-ce que vous avez constaté ? Avez-vous vu les gens utiliser les grilles pour sécher le linge depuis le communiqué?

Non, Monsieur le Gouverneur! Mais des mendiants et des marchands occupent encore le long des trottoirs sur ces avenues.

Je ne fais pas d’amalgame. Vous avez été précis, je vais être précis en vous répondant. Janvier 2017 peut paraitre loin, mais c’est demain. Mon intervention pour inviter les gens à libérer les grandes artères de la ville à une valeur pédagogique. Dans tous les cas, ce désordre ne peut pas continuer, il faut dès maintenant que chacun soit son propre éducateur, que chacun puisse prendre de la hauteur et ajuster son comportement de manière à ce qu’il s’inscrive dans un axe d’assainissement du cadre de vie.

En mars 2014, 800 éléments des forces de l’ordre  avaient été mobilisés pour déguerpir la devanture de l’Assemblée Nationale et rendre fluide la circulation dans le marché Dabanani. Force est de constater que l’anarchie y a repris ses droits. Comment comptez- vous vous y prendre pour réussir là où d’autres on laissé des plumes?

Il est clair qu’avec le sommet, d’une façon ou d’une autre, ce désordre ambiant que vous voyez devrait cesser. Nous privilégierons le dialogue avec tous les acteurs au premier chef desquels les vendeurs ambulants. Je pense que si nous conjuguons nos efforts et communiquons avec intelligence, cela provoquera le déclic chez certains qui adopteront un cursus de citoyenneté. Ce n’est pas avec des agents tous les jours que nous y parviendrons, on n’aura pas suffisamment d’agents. A ceux qui vont faire preuve de bonne citoyenneté, nous faciliterons la tâche. Mais en toute situation, il y a des gens extrémistes qui ne comprennent que le langage du bâton. A cela, le droit sera dit.

Vous donniez, le 19 septembre 2014, le signal de départ du camion transportant le dernier chargement d’ordures du dépôt de transit dit du CFP à Médina-Coura en Commune II. Toguna SA avait mis 200 millions FCFA pour évacuer, non  seulement, ce dépôt mais aussi celui situé en Commune V derrière l’Hôtel Olympe, mais 18 mois après, ce dernier dépôt existe toujours. Que s’est-il passé, Monsieur le Gouverneur?

Toguna n’a pas mis 200 millions fcfa sur la table, si on veut chiffrer le carburant, la main d’œuvre… c’est plus que ça. Toguna est à remercier pour ce qu’ils ont fait et que les collectivités avec leurs maigres ressources n’ont pas pu faire depuis 10 ans. La coopération avec Toguna doit continuer parce que ce domaine des déchets offre des opportunités d’affaire. Nous avons beaucoup d’expertise et d’expérience dans ce domaine. Personne n’a la logistique de la société Mali-Service, en tout cas jusqu’à l’arrivée d’Ozone. Je défie quiconque qui affirme le contraire, d’aller voir leurs engins. La Mairie de la Commune V aussi a beaucoup d’expériences dans le domaine. Il faut que nous nous nettoyions nous-mêmes. Ozone est extérieur et il va falloir un jour ou l’autre qu’Ozone rentre.

Concernant ce ravin de derrière l’Hôtel Olympe, il faut dire qu’il est le point de convergence de tous les déchets du District de Bamako. C’est lui qui nous a permis de sauver la mise jusqu’ici. Le problème de la décharge finale n’étant pas réglé.

Où en sommes-nous, justement, avec la Décharge finale de Noumoubougou?

Cette décharge n’est toujours pas opérationnelle. Je n’arrive pas à comprendre que l’Etat ait éjecté quelque 6 milliards Fcfa dans ce projet et que ça n’ait toujours pas abouti. C’est un problème de gouvernance fondamentalement qui est posé et qu’il faut prendre à bras-le corps.

Où est-ce-que ça coince ?

Je ne suis pas technicien, mais on me dit que les véhicules ne peuvent pas rentrer dans la décharge, parce que la décente est trop abrupte. Si un véhicule rentre, il ne va pas ressortir. Je reste convaincu que ce défi technique sera rapidement résolu.

Mais, si nous avons tant d’expertise et d’expérience comme vous le dites, pourquoi un marché de gré à gré de 9 milliards FCFA a été attribué à l’entreprise marocaine Ozone pour nettoyer nos rues?

Ce n’est pas pour rien que le législateur a prévu différentes formes de passation de marchés publics, mais si on pense que c’est l’une des formes les moins transparentes. Il se trouve que par rapport à certaines situations urgentes on fait usage de cette forme. Les déchets ont failli nous créer un problème de sécurité nationale. Ozone nous a évité la catastrophe en préfinançant, elle-même, à hauteur de 6 milliards FCFA les travaux qu’elle effectue à Bamako. A ma connaissance, elle n’a pas eu 50% de ce que l’Etat lui doit. Qui pouvait faire ça ?

Votre dernier mot Monsieur le Gouverneur?

Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez pour m’exprimer. C’est une chance d’accueillir l’Afrique et la France. J’invite par conséquent tout le monde à s’investir pour la réussite de la fête et à sensibiliser autour de soi. Pour le confort de tous on ne peut compter que sur l’effort de chacun.

Propos recueillis par Mamadou TOGOLA 

 

Source: Canard Déchainé

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