Une majorité écrasante de pays ont condamné, mercredi 12 octobre à l’ONU, les « annexions illégales » de quatre régions ukrainiennes par la Russie, 143 d’entre eux ayant voté pour la résolution la plus symbolique depuis que la communauté internationale a désapprouvé l’attaque russe en Ukraine, le 2 mars. A l’époque, 141 Etats avaient demandé, en vain, la cessation des hostilités engagées huit jours plus tôt et le retrait des forces russes. S’il ne s’est pas réduit, le clivage entre « l’Ouest » et « le Reste » du monde ne s’est pas creusé non plus à l’occasion de ce vote considéré comme un test dans la bataille diplomatique engagée entre la Russie et les pays occidentaux, en marge des combats qui continuent de faire rage sur le terrain.

Comme en mars, 35 pays, dont la Chine, l’Inde, le Pakistan, l’Algérie et l’Afrique du Sud, se sont abstenus. Seuls la Biélorussie, la Syrie, la Corée du Nord et le Nicaragua ont voté contre la résolution aux côtés de la Russie. Une dizaine de pays, dont l’Iran, n’ont pas participé au vote. Les alliés de l’Ukraine depuis l’invasion déclenchée par Vladimir Poutine, le 24 février, se sont félicités du résultat. « Cent quarante-trois nations se sont tenues du côté de la liberté, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale », a déclaré Joe Biden dans un communiqué, affirmant que la Russie ne pouvait « pas effacer un Etat souverain de la carte ».

« La Russie a tenté d’étouffer le Conseil de sécurité, mais elle a été incapable de faire taire l’Assemblée générale », s’est félicité le représentant de l’Union européenne à l’ONU, Olof Skoog, rappelant que Moscou avait mis son veto à une résolution similaire le 30 septembre. « Le vote rejette les actions russes et les considère illégales. Les faux référendums, les prétendues annexions, tout cela n’a aucune valeur légale. »

« Infliger une pression maximale »

Depuis lundi, les 193 pays membres des Nations unies étaient réunis en urgence, après l’annexion des quatre régions ukrainiennes de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson, le 30 septembre, et ce, alors qu’une forme de « fatigue » commençait à se faire sentir de la part de certains pays sur le dossier ukrainien, notamment en Afrique ou au Proche-Orient, où ce conflit est perçu comme « européen ».

« La Russie est isolée aussi car de grandes puissances, qui n’ont pas voté pour la résolution, ont tout de même montré de nombreux signes d’impatience, analyse un diplomate proche des négociations, en référence à la Chine et à l’Inde. L’objectif final est d’infliger une pression maximale pour que la Russie arrête cette guerre. » D’ici là, cette résolution devrait dissuader les pays qui pourraient être tentés de le faire de reconnaître les annexions russes.

Source: Le Monde