Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, n’est pas arrivé les mains vides à Astana, mais avec un plan de médiation pour l’Ukraine qu’il doit soumettre à son homologue russe, Vladimir Poutine, lors de leur rencontre prévue dans la capitale du Kazakhstan ce jeudi 13 octobre.
« Les Turcs se proposent comme médiateurs. Si des négociations ont lieu, ça sera probablement chez eux, à Istanbul ou à Ankara », a déclaré, avant la rencontre, Iouri Ouchakov, le conseiller du président russe pour la politique étrangère, cité par l’agence Tass. Ankara a déjà organisé au printemps deux séries de pourparlers pour mettre fin au conflit entre Kiev et Moscou, sans résultats.
Fort de sa position diplomatique présentée comme « équilibrée », qui consiste à soutenir Kiev sans trop énerver Moscou, M. Erdogan est persuadé de pouvoir amener son « ami » Vladimir Poutine à la table des négociations.
Rien ne dit pourtant que le plan turc, dont la teneur n’a pas été révélée, puisse changer le cours de la guerre. « Malheureusement, les deux parties se sont écartées de la vie diplomatique (…), la situation empire et se complique », a déploré mardi le ministre turc des affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, plaidant pour un processus « qui garantira l’intégrité territoriale et les frontières de l’Ukraine ».
Vladimir Poutine se dit ouvert aux négociations tout en poursuivant sa destruction et son dépeçage de l’est et du sud de l’Ukraine où son armée s’enlise. La décision du dirigeant russe d’annexer quatre régions ukrainiennes (Louhansk, Donetsk, Kherson, Zaporijia) a achevé de convaincre le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qu’aucune négociation n’était possible. « Il ne faut jamais dire jamais », a toutefois ironisé Iouri Ouchakov mercredi.
L’émir du Qatar là aussi
Contre toute attente, M. Erdogan et M. Poutine semblent croire à l’imminence d’une solution diplomatique. « Malgré l’escalade de la violence à la suite de l’annexion [des régions ukrainiennes par Moscou], nous pensons que la porte doit rester ouverte », a insisté Ibrahim Kalin, le conseiller diplomatique du président Erdogan. « C’est justement dans de telles périodes [de tension] que la diplomatie prend le dessus », a-t-il conclu avant le déplacement de son patron au Kazakhstan.
M. Erdogan n’est pas isolé. Il est soutenu dans sa démarche par son hôte, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev. Ce dernier a refusé de reconnaître les récentes annexions russes et se montre ulcéré par les agissements de son voisin, qui ont, entre autres conséquences, des effets négatifs sur l’économie de son pays. Le meilleur allié du président turc, l’émir du Qatar Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, est également arrivé à Astana mardi, pour lui apporter son soutien.