Le principe d’une inspection internationale à la centrale nucléaire de Zaporijia a été admis par Moscou et Kiev. Reste à en connaître les modalités. Samedi 20 août en Crimée, le QG de la flotte russe en mer Noire a été attaqué par un drone
Alors que des bombardements russes ont touché Kharkiv, le Donbass et le sud de l’Ukraine, un drone a visé samedi le centre de commandement de la Flotte russe en Crimée. Parallèlement, un accord s’ébauche pour l’envoi d’inspecteurs internationaux à la centrale nucléaire de Zaporijia menacée par les combats. Et le secrétaire général des Nations Unies a appelé en Turquie à l’application complète de l’accord international sur les exportations de céréales.
1 Nouvelle attaque contre l’armée russe en Crimée
Base arrière de la Russie dans son offensive au sud de l’Ukraine, la Crimée n’est plus à l’écart des combats. Après des attaques contre des bases russes de la presqu’île occupée, l’état-major de la flotte russe en mer Noire a été pris pour cible. Selon le gouverneur du port de Sébastopol, « le drone, abattu juste au-dessus de l’état-major, est tombé sur le toit et a pris feu ». L’attaque, qui n’aurait fait « ni blessés ni gros dégâts », est la deuxième en un mois contre le QG de la marine russe qui pointe la responsabilité de l’armée ukrainienne.
L’incident, qui intervient deux jours après qu’un autre drone a été abattu sur un aérodrome de Sébastopol, a conduit la Russie à mettre en alerte ses systèmes de défense aérienne à l’ouest de la Crimée. Par ailleurs, le maire prorusse de Marioupol, aurait, selon les agences de presse russes, été victime d’une tentative d’assassinat, mais l’explosion de la bombe visant sa voiture ne l’aurait pas blessé.
2 La Russie à l’offensive sur plusieurs fronts
L’armée russe, elle, poursuit son pilonnage. Dans le Sud, un bombardement a blessé 12 civils dans une zone résidentielle de Voznesensk, près de Mykolaïv. Les autorités ukrainiennes ont publié la photo d’un immeuble éventré et fait savoir que parmi les blessés figuraient trois enfants, « dont deux dans un état grave ». Elles font aussi état de l’interception de quatre missiles de croisière russes par la défense antiaérienne près de la grande ville de Dnipro.
Dans le Donbass, l’offensive russe continue, même lentement, de progresser. Trois villages de la région de Donetsk subissent, selon l’armée ukrainienne, des attaques : Bakhmout, Zaïtsevé et Kodema. Elles auraient coûté la vie vendredi à cinq personnes et fait dix blessés. Et même si elle est plus loin de la ligne de front, la deuxième ville d’Ukraine, Kharkiv, est toujours visée : les dernières frappes russes y ont, selon les Ukrainiens, fait 15 morts.
3 Lueur d’espoir pour la centrale de Zaporijia
Cette fois, Moscou et Kiev sont tombés d’accord pour permettre à l’AEIA, l’agence internationale de l’énergie atomique, d’envoyer une mission d’inspection à la centrale nucléaire de Zaporijia. Vladimir Poutine, qui dit craindre « une catastrophe de grande envergure », l’a confirmé vendredi soir lors d’une conversation téléphonique avec le président français Emmanuel Macron. La Russie a même accepté que les inspecteurs se rendent à Zaporijia en passant par le territoire ukrainien.
Le patron de l’AEIA, Rafael Grossi, a accepté de diriger en personne la mission. Il s’en est félicité et a entamé les consultations pour qu’elle ait lieu « dès que possible ». Moscou se dit prêt à aider les inspecteurs. Mais l’ONU rappelle que l’électricité de Zaporijia « est ukrainienne » alors que la Russie est soupçonnée par Kiev de vouloir couper la centrale du réseau ukrainien. De leur côté, plus qu’une frappe militaire, les Occidentaux redoutent une panne des systèmes de refroidissement des réacteurs. Et la diplomatie européenne demande aux Russes « de se retirer du site ».
4 L’appel de l’ONU à exporter plus de céréales
Après sa tournée ukrainienne à Lviv et Odessa, le secrétaire général des Nations Unies était à Istanbul au siège du centre de coordination (CCC) chargé de mettre en œuvre l’accord international du 22 juillet supervisé par l’ONU et la Turquie. Un accord qui a permis, à ce jour, de débloquer l’exportation de 650 000 tonnes de céréales ukrainiennes grâce à la rotation d’une vingtaine de cargos via un couloir maritime déminé et sécurisé entre le littoral ukrainien et le Bosphore.
Selon Antonio Guterres, le transport en cours « est la partie visible d’un accord global qui comprend aussi l’accès sans entraves aux marchés mondiaux des produits alimentaires et des engrais russes qui ne sont pas soumis aux sanctions ». Sans engrais, dont la Russie est un gros fournisseur, la campagne agricole 2023 serait menacée, souligne le patron de l’ONU, qui appelle aussi « à intensifier » les exportations de grain avant l’hiver, notamment vers l’Afrique.