C’est tout le Mali qui est en passe de devenir un no man’s land en raison de raids meurtriers quotidiens, sans oublier des enlèvements d’enfants et des attentats jusque dans les domiciles.
Selon des populations locales, les groupes rebelles dits séparatistes et leurs complices (djihadistes) semblent coordonner leurs actions pour gagner du terrain dans le septentrion malien, voire au sud du pays. Au même moment, les autorités maliennes semblent impuissantes face à la tournure prise par les évènements.
Il ne manquait aux mouvements séparatistes et leurs acolytes que l’audace de mener des attentats à Bamako, au plein cœur du sud. Cette étape vient d’être franchie la tentative d’assassinat du général Ould Meydou, un officier arabe de l’armée malienne. L’attentat non revendiqué intervient au moment où djihadistes et séparatistes mènent des attaques tous azimuts.
Au départ, les attaques étaient sporadiques et surtout menées contre les troupes onusiennes et les positions de l’armée malienne dans la région de Kidal. Après l’échec de la tentative de reprendre la ville de Kidal aux groupes armés en mai 2014, les soldats maliens ont dû quitter les camps de Kidal et Aguel Hok, acceptant d’être cantonnés à Menaka où les casques bleus n’arrivaient plus à supporter le harcèlement des groupes armés demandant le départ des soldats maliens.
L’armée malienne ayant battu en retraite, les groupes armés ont concentré leurs attaques contre les casques bleus. De nombreux soldats de la Minusma sont ainsi morts dans des attentats perpétrés dans la région de Kidal. Cette recrudescence des attentats a révolté le contingent Tchadien qui a menacé de quitter la localité d’Aguel Hok avec armes et bagages si des dispositions sécuritaires n’étaient pas prises.
Plus inquiétant, ces attaques s’ajoutent à des braquages des véhicules de forains dans les localités reculées où la présence des forces de défense et de sécurité n’est pas significative. A la faveur de ces genres d’attaques menées par des hommes armés en fin 2014, au nord et même à l’ouest du pays, plusieurs cas d’enlèvement de personnes, dont des adolescents, ont été signalés.
La région de Mopti, particulièrement la zone du delta central, connaît une série d’attaques depuis le début de l’année 2015. Cette zone lacustre n’a pas cessé d’être la cible des groupes armés qui s’adonnent à des enlèvements de bétails en plus des attaques contre des éleveurs Peulh qui font le nomadisme entre le Mali et la Mauritanie voisine.
Après leurs forfaits, en règle générale, certains assaillants se fondent dans la masse des réfugiés maliens se trouvant sur le sol mauritanien. Les populations du Delta central connaissent ces réfugiés qui sont pour la plupart des familles Touareg de la région, selon un député élu dans la localité dont l’économie souffre énormément de cette instabilité chronique.
Depuis le début de l’année, les incursions de ces groupes islamistes et rebelles se sont étendues au-delà du cœur du Delta central. Nampala, Dioura et Ténénkou sont autant de localités situées à la lisière du delta central qui ont été ciblés en moins de trois semaines par des assaillants venus des environs de la frontière avec la Mauritanie. Ces attaques surprises ont fait plus d’une dizaine de morts dans les rangs des forces de défense et de sécurité du Mali.
Les régions de Gao et Tombouctou ont été secouées par des violences, dans la foulée des attaques menées par les groupes armés dans le delta central. En dehors des affrontements survenus à Tabankort, il y a eu des accrochages dans le Gourma et dans la localité de Goundam ciblée deux fois par des miliciens hostiles à l’Etat.
Pour beaucoup de Maliens, les connivences entre le Mnla et les groupes djihadistes deviennent de plus en plus évidentes, malgré les dénis des représentants des groupes séparatistes. Pourtant, du début de la crise en 2012 à nos jours, tous les faits d’armes du Mnla ont été menés par des combattants dont le cri de ralliement n’est autre que celui des djihadistes.
Soumaila T. Diarra
Source: L’Aube