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Grève des agents de la santé: le gouvernement sort enfin de son mépris

Il a fallu plus de trois semaines de grève à l’hôpital Gabriel TOURE privant les citoyens de leur droit à la santé et aggravant la souffrance des patients que le ministère du Travail, de la fonction publique et du dialogue social brise enfin le silence de la manière la plus laconique dans une lettre demandant aux grévistes de faire parvenir leur mémoire et propositions de conciliation en vue de la mise en place d’une commission de conciliation. Pire, cette correspondance de la ministre est la réponse à celle du syndicat en grève datant du 24 janvier dernier, soit plus d’un mois de silence et de mépris. Quelle ignominie dans la gestion d’un domaine aussi sensible qu’est la santé ?

Depuis un mois, à l’hôpital Gabriel Touré c’est le service minimum à cause de la grève des travailleurs qui a entamé sa phase illimitée il y a de cela plus d’une semaine. Pendant tout ce temps, madame le ministre du Travail, de la fonction publique et du dialogue social a maintenu un silence de carpe dans la plus grande indifférence, laissant les patients dans la souffrance. Alors que l’État a l’obligation d’offrir aux citoyens des services de santé (article 17 de la constitution en vigueur : l’éducation, l’instruction, la formation, le travail, le logement, les loisirs, la santé et la protection sociale constituent des droits reconnus).
Pour faute de service adéquat, la jeune Awa Damba est décédée dans un taxi le 25 février dernier pour non-assistance devant l’hôpital Gabriel Touré. Elle n’a pas pu bénéficier des soins du personnel de la santé jusqu’à sa mort. Cette triste histoire a fait le tour des réseaux sociaux avec une forte interpellation des autorités maliennes. Surement que d’autres patients ont été victimes de cette grève interminable dans la plus grande discrétion.
Ni cette situation ni les cris de cœur des accompagnateurs des malades n’a poussé le ministre de sortir de sa zone de confort pour se mettre à l’écoute des travailleurs en grève en vue de la résolution du problème. Quelle ignominie et indifférence pour celle qui chargée d’apaiser le front social ?
Il a fallu un mois de paralysie dans ce secteur vital avec toutes les conséquences que la ministre, Mme DIAWARA Aoua Paul DIALLO, dans une lettre signée le 7 mars 2023, décide de réagir très laconiquement.

Dans sa correspondance, elle laisse croire à une réponse à la lettre du syndicat national de la santé, de l’action sociale et de la promotion de la famille de l’hôpital Gabriel Touré en date du 24 janvier 2023 dans laquelle il annonçait sa série de grèves.
Au fait : elle revient finalement à ce qu’elle aurait dû faire il y a un mois, en demandant la constitution d’une commission de conciliation en même temps pour réinstaurer le dialogue et les discussions relégués au second plan.
Ainsi, face à la détermination des travailleurs, le gouvernement, à travers le ministère en charge du dialogue social, qui avait l’air de maintenir une position radicale, adoucit son approche en se suppliant au dialogue.
A cet effet, la ministre donne au plus tard ce jeudi 9 mars au syndicat des travailleurs en grève de la faire parvenir les noms de ses représentants et son mémoire en vue, dit-elle, « de la mise en place diligente d’une commission de conciliation ». Cela, après avoir passé un mois à ignorer le mouvement de grève. Quelle reculade.
De même, la ministre se discrédite dans sa lettre en s’adressant également à Loséni BENGALY. Celui-là même dont elle a récemment affirmé qu’elle ne reconnaît pas le leadership en tant que responsable syndical à l’hôpital Gabriel Touré.
En effet, dans une correspondance de décembre 2022, la ministre Mme DIAWARA Aoua Paul DIALLO rejette le préavis de grève de la Coordination des syndicats du CHU du Point G. Motif évoqué : l’un des cosignataires du document en la personne de Loséni BENGALY, n’a pas la qualité d’apposer sa signature sur ledit préavis.

Le gouvernement a été surpris de constater que le nommé Loséni BENGALY a signé le préavis en qualité de secrétaire général du comité syndical de l’hôpital Gabriel TOURÉ au nom du Syndicat national de la santé, de l’action sociale et de la promotion de la famille alors qu’il ne l’est plus, selon le ministère du Travail, de la fonction publique et du dialogue.
Entre décembre 2022 et mars 2023, qu’est ce qui a pu changer en faveur de la légalité contestée du syndicaliste Loséni BENGALY ?
Djimé KANTE, l’un des travailleurs concernés par cette grève, a indiqué que les revendications portées par les syndicats de l’hôpital Gabriel Touré étaient légitimes. Nulle part, a affirmé M. KANTE, il n’est demandé d’octroyer ou d’augmenter un salaire ou des primes car le pays va mal (nous en sommes conscients).
Selon lui, la satisfaction des doléances adressées au Gouvernement permettra de soulager des maliens qui n’ont pas les moyens d’aller dans les cliniques privées ou à l’étranger.
« La satisfaction des légitimes revendications de l’hôpital Gabriel Touré est une nécessité. J’ose croire que les autorités feront encore un peu d’effort en apportant dans la salle de négociations des propositions concrètes à des doléances qui ne constituent nullement de la mer à boire pour un pays bien qu’en difficulté pour le bonheur de tous », a déclaré Djimé KANTE.

PAR SIKOU BAH

Source: Info-Matin

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