Samedi dernier, dans un communiqué, les comités exécutifs nationaux des deux syndicats des administrateurs civils maliens, à savoir, le Syndicat national des administrateurs civils (SYNAC) et le Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale (SYLTMAT ), ont informé leurs militants de l’échec des négociations entamées avec le gouvernement pour les protéger. « Au terme des négociations entre le gouvernement et les syndicats sur le préavis de grève, des garanties suffisantes n’ont pas été obtenues pour lever le mot d’ordre de grève », souligne le communiqué.
Au moment où nous mettions sous presse, le Syndicat national des administrateurs civils(SYNAC) et le Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale (SYLTMAT ) sont sur le pied de guerre. En maintenant le préavis de grève de sept jours (7) jours, du 25 juin au 1 juillet, c’est un pas de plus qui est franchi vers la remise en cause de la présidentielle du 29 juillet.
Les comités syndicaux du SYNAC et du SYLTMAT appellent tous les militants (représentants de l’Etat, administrateurs civils et tous les travailleurs du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation) au respect strict de ce mot d’ordre de grève, c’est-à-dire, l’arrêt total de toutes les activités administratives de quelques natures que ce soient.
Pour rappel, les deux syndicats avaient adressé, il y a une semaine, une lettre de protestation au gouvernement malien le lundi 18 juin 2018. Dans cette déclaration, les deux syndicats dénonçaient avec force les actes odieux et mauvais traitements infligés aux représentants de l’Etat et demandaient par conséquent la sécurité et la protection des représentants de l’Etat en raison de l’insécurité qui règne.
De 2014 à nos jours, les représentants de l’Etat sont parfois victimes de menaces, d’attaque, d’assassinat, d’enlèvement et de relèves arbitraires dans le cadre de l’exercice de leur fonction. Dans leur déclaration au gouvernement, le secrétaire général du SYNAC, Ousmane Christian Diarra, a fait allusion à la multiplication des menaces, notamment l’assassinat des préfets, préfets-adjoints et sous-préfets à Kidal le 17 mai 2014.
La déclaration rappelle aussi l’attaque ciblée contre le sous-préfet de Ouinerden le 29 mai 2018, les relèves arbitraires des préfets de Kolondièba et Koro, les enlèvements du sous-préfet de Hombori le 26 avril 2018, du préfet de Ténenkou et de son chauffeur le 8 mai 2018, les destructions de lieux de travail, de domiciles et de biens personnels des représentants de l’Etat à Kéniéba et Kani-Bonzon le 11 juin 2018.
La déclaration souligne que les représentants de l’Etat ont payé un lourd tribut dans toutes les crises et rébellions qu’a connues le Mali ; l’engagement sans faille des administrateurs civils dans le renforcement de l’autorité de l’Etat et de l’unité nationale, parfois dans des conditions infrahumaines ; les pressions politiques et sociales de toutes sortes pour briser la carrière et le moral des représentants de l’Etat.
Les administrateurs dénoncent aussi l’accroissement des pratiques de substitution de pouvoir des autorités traditionnelles et certaines composantes de la société civile (organisations des jeunes et des chasseurs) aux attributions des représentants de l’Etat. Ils soulignent également le principe statutaire selon lequel l’Etat malien est tenu de protéger les fonctionnaires contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions, et de réparer, le cas échéant, les préjudices qui en résultent.
Les deux syndicats dénoncent avec force des actes odieux et mauvais traitements infligés aux représentants de l’Etat et demandent par conséquent au gouvernement de la République du Mali « d’user de tous les pouvoirs à lui conférés par les textes pour assurer sans délai la sécurité et la protection des représentants de l’Etat. Les deux syndicats demandent au gouvernement d’entreprendre toutes actions urgentes pour la libération du préfet de Ténenkou et de son chauffeur ; de réparer dans les meilleurs délais les dommages causés aux représentants de l’Etat dans l’exercice de leur fonction.
Les grévistes veulent que soient engagées des poursuites contre les auteurs et complices des actes criminels et délictuels à l’égard des représentants de l’Etat sans considération de leur statut et de leur appartenance sociale et politique et d’informer régulièrement le SYNAC et le SYLTMAT des actions entreprises dans ce sens . Ils veulent que soient redéployés, sans délai, les représentants de l’Etat arbitrairement relevés de leurs postes.
Autres doléances : traiter avec dignité et déférence le représentant de l’Etat quelles que soient la circonstance et la nature des pressions ; rappeler aux autorités traditionnelles et aux organisations de la société civile les limites de leurs interventions dans la gouvernance territoriale ; affecter, en relation avec le ministre chargé de la Sécurité, une garde rapprochée à chaque représentant de l’Etat à domicile et au service.
Soumaila T. Diarra