Le premier ministre grec a annoncé sa démission, ce jeudi soir, dans une allocution télévisée. Il appelle les électeurs aux urnes le 20 septembre pour tenter de consolider sa majorité.
L’annonce était attendue et préparée par les médias locaux depuis plusieurs jours: des élections législatives anticipées se tiendront le 20 septembre, neuf mois après l’arrivée d’Alexis Tsipras au pouvoir. Le premier ministre grec a remis la démission de son gouvernement auprès de Prokopis Pavlopoulos, le président de la République. Un gouvernement transitoire va être formé, avec à sa tête Vassiliki Thanou, la présidente de la Cour de cassation, qui sera de facto la première femme premier ministre de l’histoire de Grèce.
La décision d’anticiper les élections générales ne surprend personne à Athènes: le compte à rebours de l’officialisation du divorce entre le premier ministre grec et son aile gauche a commencé depuis le 14 août dernier, lors du vote pour le troisième programme d’ajustement budgétaire à la Vouli, le Parlement grec. Son adoption s’est faite grâce aux voix des partis d’opposition proeuropéens, conscients que la Grèce n’avait pas d’autres options pour éviter une sortie de la zone euro.
Alexis Tsipras n’avait pas le choix: les frondeurs – 42 contre 30 lors du dernier vote – sont assez remontés contre lui pour bloquer l’adoption des lois de mise en œuvre du plan d’aide. «Il doit évincer son aile gauche pour gouverner. Sinon, il sera pieds et poings liés. Son gouvernement était devenu minoritaire», explique Andreas Drimiotis, analyste politique, tout en affirmant que le premier ministre fait bien d’agir vite. «Tsipras pense qu’organiser des élections en septembre lui donne une grande chance de les remporter facilement, parce que le manque de temps empêchera les frondeurs de former un parti solide», ajoute l’analyste.
Les dissidents du premier ministre ne sont pas pour autant unis, même si la lutte contre l’austérité et le refus des plans d’aide de l’Union européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne les rassemblent. Chacun veut mettre la main sur les suffrages des 62 % de Grecs qui se sont prononcés contre la rigueur, lors du référendum du 5 juillet, et qui n’ont pas été écoutés par Alexis Tsipras.
L’inconnue Varoufakis
Le comportement de Yanis Varoufakis, préoccupe particulièrement l’entourage du premier ministre grec. L’ancien ministre des Finances entretient son profil antirigueur, multiplie les entretiens à la presse internationale et sera même l’invité d’honneur d’Arnaud Montebourg à la Fête de la rose ce samedi à Frangy-en-Bresse. Les proches d’Alexis Tsipras craignent que Varoufakis ne forme son propre parti, en surfant sur sa popularité, «car il a été élu avec le plus de voix, aux élections de janvier», assène-t-on au palais Maximou, où Alexis Tsipras consulte conseillers et ministres.
«Ce plan ridiculise la démocratie»
Il en va de même pour Zoé Konstantopoulou, la présidente du Parlement, qui ne cesse de mettre des bâtons dans les roues de Tsipras. Elle dénonce à tout-va son erreur d’avoir adopté ce troisième plan d’aide et prévoit de revoir la métamorphose du pays de fond en comble. «Ce plan ridiculise la démocratie», lance le député frondeur Kostas Lapavitsas. «C’est inédit dans l’histoire. Il est truffé d’incertitudes. On ne peut que le qualifier de “colonisation”, tant il prévoit une ingérence dans la souveraineté du pays par les créanciers publics», renchérit-il.
La campagne électorale du 20 septembre, comme celle des dernières élections du 25 janvier, ne durera qu’un mois, mais la différence est de taille: les banques entrent dans leur troisième mois de contrôle des capitaux. Cela signifie que les retraits bancaires des Grecs sont limités à 420 euros par semaine et que l’économie est paralysée. Le défi d’Alexis Tsipras sera donc de rassurer le pays, mais la tâche est d’autant plus difficile que le plan d’ajustement budgétaire adopté prévoit un tsunami de réformes, dont celles des retraites ou l’imposition des agriculteurs, autant de réserves de voix que le premier ministre risque de perdre.
Source: lefigaro.fr