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Graves violations des droits de l’homme, allégations d’exécutions extrajudiciaires : Mopti ou le règne de non-droit ?

En fin de mission dans notre pays, l’expert indépendant sur la situation des droits de l’Homme au Mali, Alioune Tine, note de graves et récurrentes violations, abus des droits de l’Homme, y compris des allégations d’exécutions extrajudiciaires, d’enlèvements, de tortures, de mauvais traitements et détentions illégales commis en toute impunité dans la région de Mopti et certaines parties de Ségou. M. Tine exprime sa vive et profonde préoccupation par rapport à la détérioration continue de la situation sécuritaire et humanitaire au centre et au nord du Mali.

“Une stratégie globale et coordonnée de prévention de la violence et des abus de droits de l‘Homme s’impose”, c’est une vive recommandation faite par l’expert indépendant Genève du 12 février 2019. A Mopti où s’est rendu Alioune Tine, beaucoup de villages sont sous embargo par des jihadistes, dont l’action contribue à immobiliser les populations locales qui sont privées d’exercer leurs activités quotidiennes de subsistance.

“La combinaison de plusieurs facteurs, notamment de violences sur fond de tensions communautaires, d’opérations menées par les groupes extrémistes armés, et les opérations anti terroristes des forces de défense et sécurité maliennes et internationales qui s’en suivent et des réseaux de crime organisé créent un profond sentiment de peur et d’insécurité au sein des populations civiles”, note son rapport.

Cette situation, poursuit-il, a pour conséquence de condamner les populations concernées à la faim et à la misère. Tout doit être fait pour mettre immédiatement un terme à cette situation inacceptable, et les bonnes initiatives du gouvernement pour y remédier doivent être renforcées afin de trouver les réponses idoines compte tenu de l’ampleur et de la complexité de la situation. “De graves et récurrentes violations et abus des droits de l’Homme, y compris des allégations d’exécutions extrajudiciaires, d’enlèvements, de tortures, de mauvais traitements et détentions illégales sont commis en toute impunité”.

“De plus, des localités qui n’étaient pas affectées il y a quelques mois sont maintenant touchées par ces violences”, déclare l’expert à la fin de sa mission au Mali. Il faut d’urgence une réponse militaire efficace, avec des hommes bien équipés et bien formés menant des opérations en toute conformité avec les droits d’homme, pour faire cesser les violences dans les meilleurs délais et protéger les populations civiles, soutient-il.

L’expert indépendant prend bonne note de l’ouverture d’enquêtes concernant l’implication de militaires maliens dans des allégations de violations des droits de l’Homme, tout en estimant qu’il faut aller plus loin. “La seule manière pour l’Etat malien d’éradiquer le cancer de l’impunité est de faire en sorte que la responsabilité de toutes les personnes impliquées dans des graves violations des droits de l’Homme soit établie à la suite de procès justes et équitables. Aujourd’hui, il faut trouver une stratégie globale et coordonnée de réponse et de de prévention de la violence et des abus de droits de l’homme dans le pays…”

En l’absence d’une solution urgente à la grave crise malienne et en l’absence de solutions concrètes à la pauvreté galopante dans les régions du nord et du centre, ainsi que d’une politique de lutte contre la corruption, il sera difficile d’éradiquer les violences au Mali, justifie-t-il.

“Les principales préoccupations soulevées par mes interlocuteurs incluent l’insécurité générée par les violences intercommunautaires, la violence des groupes armés et le crime organisé, mais aussi le déficit de participation des femmes et des jeunes au processus de paix, la fermeture des écoles qui continue au Nord et au Centre et le chômage chronique des jeunes. Les chiffres de décembre 2018 montrent que 807 écoles restent fermées dans l’ensemble du pays en raison de l’insécurité”, dénonce-t-il.

“Selon des sources concordantes, il s’avère que des membres de Jama’at Nusrat al-lslam wal Muslimeen (JNIM) ont à plusieurs reprises menacé les populations de plusieurs villages de la région en cas de réouverture d’écoles publiques laïques. Le gouvernement malien devrait prendre toutes les mesures requises pour garantir le droit à l’éducation aux enfants des régions concernées”.

“Le déficit d’une présence effective et efficace de l’Etat dans le centre et le nord est l’une des causes aggravantes de la situation sécuritaire actuelle avec un impact négatif sur la jouissance des droits de l’homme, et en particulier du droit au développement pour la population du Mali finalement”, explique Alioune Tine.

Au cours de sa mission, il a visité les régions de Bamako et Mopti et a rencontré le président de la République, le Premier ministre, des membres du gouvernement, le personnel des agences des Nations unies, les membres de l’opposition politique, les membres de la communauté internationale, les membres des forces de défense et de sécurité, des représentants de la Plateforme, de la Coordination des mouvements de l’Azawad et du Mouvement pour le salut de l’Azawad ainsi que des représentants de la société civile, les chefs religieux et traditionnels et la Commission nationale des droits de l’Homme. Le rapport sera présenté au Conseil des droits de l’Homme, à Genève en mars 2019.

Bréhima Sogoba

Source: L’Indicateur du Renouveau

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