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Graves violations des droits de la personne impliquant les forces militaires maliennes à Kobata et à Nankata dans la région de Mopti : Le Canada veut l’ouverture rapide d’une enquête officielle, et en toute transparence

Ce n’est pas faute d’avoir nié dans un premier temps, que les autorités maliennes finirent par avouer le forfait : les forces militaires maliennes sont impliquées dans des exécutions extrajudiciaires. Dans un communiqué en date du 19 juin 2018, le ministre de le Défense et des Anciens Combattants, Tiena Coulibaly, reconnait « l’existence de fosses communes impliquant certains personnels FAMa dans des violations graves ayant occasionné mort d’hommes à Nantaka et Kobaka dans la région de Mopti ». L’aveu du ministre découle des constats faits par une mission de vérification dépêchée sur le terrain, qui a confirmé le drame : l’exécution sommaire de 25 personnes cueillies dans les villages par des militaires.

Selon un témoin qui a parlé à RFI, l’armée a arrêté les hommes. « Ils passaient de maison en maison », dit-il. Lui a pu se cacher à l’extérieur de la ville. C’était le 13 juin. Une autre source, à Mopti, affirme que les forces armées, les FAMA, seraient parties en camion de Nantaka et Kobaka avec toutes les personnes en état d’arrestation. Les militaires auraient ensuite libéré les Songhaïs, les Tamasheqs noirs et les Bozo, gardant prisonniers 25 Peuls, indique RFI. Les corps seront retrouvés répartis dans trois fosses communes, à quelques kilomètres des deux villes. Treize corps dans une fosse, sept dans une autre et cinq dans la dernière. Une liste de noms a été établie. Sur les 25 personnes, 21 sont de Nantaka-ville. Les autres habitaient des villages non loin.

« Contactés, le porte-parole du gouvernement et le ministre de la Défense déclarent qu’une enquête a été ouverte. Le chef d’état-major est saisi », selon RFI. Mais les deux responsables, le porte-parole du gouvernement et le ministre de la Défense ont affirmé à RFI que « l’armée n’est pas impliquée dans ces événements, s’ils avèrent vrais ».

Le lendemain 19 juin, le communiqué du ministre de la Défense et des anciens Combattants passe aux aveux. Des mesures sont prises par le ministre Tiena Coulibaly : « un groupe pluridisciplinaire, conduit par le Chef d’Etat-major Général des Armées, s’est rendu le 19 juin 2018 sur le terrain pour donner des orientations en vue de diligenter les procédures réglementaires. Le ministre a instruit au Procureur militaire d’ouvrir une enquête judiciaire. Il réitère sa détermination et sa ferme volonté de lutter contre l’impunité, et engage les FAMa au strict respect des conventions des Droits de l’homme et du Droit international Humanitaire dans la conduite des opérations. Le ministre présente ses condoléances aux familles éplorées ».

Cette information a eu l’effet d’un couperet dans l’opinion nationale et internationale, amenant les défenseurs des droits de l’homme, notamment la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH) et l’Ambassade du Canada au Mali à faire des déclarations.

Selon l’Ambassadeur du Canada au Mali, Louis Verret, «Le Canada est profondément préoccupé par la révélation que les forces militaires maliennes ont été impliquées dans des exécutions extrajudiciaires à Nantaka et à Kobaka, dans la région de Mopti. Le Canada prend acte de la déclaration du ministre de la Défense et des anciens Combattants, Monsieur Tiéna Coulibaly, qui reconnait la participation des forces maliennes, et de son engagement à prendre des mesures pour faire face à cette évolution critique », précise la déclaration rendue publique, jeudi le 21 juin 2018.
L’Ambassadeur du Canada au Mali, Louis Verret a exhorté le gouvernement malien à « ouvrir rapidement une enquête officielle, et à la mener en toute transparence ». Le retour de la sécurité et de la stabilité dans le centre et le nord du Mali est directement lié au respect des droits de la personne et du droit international humanitaire par les forces de sécurité, indique la déclaration de l’Ambassadeur. « Le Canada continuera de suivre de près les développements de ce dossier et s’attend à ce que les responsables de ces crimes odieux soient traduits en justice », déclare l’Ambassadeur Louis Verret.

Le 20 juin, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) dans un communiqué n°012-2018-/CNDH a apprécié hautement « la reconnaissance par le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, à travers un communiqué de presse, des exécutions sommaires impliquant des éléments des Forces armées maliennes dans les Communes de Nankata et Kobata dans la région de Mopti ».

La CNDH a condamné avec la dernière rigueur ces graves violations des Droits humains. Pour la CNDH, la récurrence des allégations d’exécutions sommaires et d’exactions sur des personnes arrêtées alimente dangereusement le sentiment d’impunité et de banalisation de crimes odieux. En conséquence, la CNDH a rappelé au Gouvernement sa « redoutable mission de protéger par tous moyens toutes les populations civiles », a demandé au Ministre de la Défense et des Anciens Combattants de « prendre sans délai les mesures disciplinaires prévues par la législation en vigueur à l’encontre des personnes impliquées »; et a invité les autorités judiciaires compétentes à s’acquitter de leur devoir sacerdotal « de poursuivre et juger toute personne impliquée dans ces violations gravissimes des droits de l’Homme ». La CNDH s’est dite convaincue que la lutte contre l’impunité est le moyen le plus sûr pour mettre fin aux cycles de violences. Elle a encouragé les Forces de Défense et de sécurité à s’acquitter de leurs nobles et difficiles missions de préservation de l’intégrité du territoire national ainsi que de sécurisation des personnes et de leurs biens dans le strict respect des lois et conventions applicables en la matière.

  1. Daou

 

 

Source: Le Républicain

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