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Gratuité de la dialyse au Mali : une annonce présidentielle sans effet

Depuis décembre dernier, aucun patient souffrant d’insuffisance rénale n’a pu réaliser sa séance de dialyse sans mettre la main à la poche. Alors qu’il y a près d’un an, en février 2019, le Président Keïta, avait proclamé la gratuité de la dialyse au Mali. 

 

Le ministre de la Santé, Michel Hamala Sidibé, dans une note en date du 27 décembre 2019, expliquait que la quasi-totalité des patients en hémodialyse n’était pas à jour de paiement de leurs séances de dialyse sous prétexte que le président de la République avait annoncé leur gratuité au terme des reformes.

Après l’affichage de cette décision dans les unités de dialyse, les conséquences ont suivi, comme l’indiquait la note. Plusieurs patients se sont vu refuser la séance de dialyse pour défaut de paiement. Ils doivent donc à l’hôpital la totalité des mois de dialyse non payés : une facture salée pour bon nombre d’entre eux.

La plupart des patients viennent de l’intérieur du pays. Il leur manque souvent les frais de transport pour se rendre à l’hôpital du Point G pour leurs deux séances hebdomadaires de dialyse.

 « Nos vies qui ne tiennent qu’à des machines »

« À défaut de pouvoir payer les arriérés liées aux séances passées, certains d’entre nous sont retournés chez eux sans se faire dialyser. Ils mourront au bout de quelques semaines et le savent, mais se sont résignés. Nos vies ne tiennent qu’à des machines », déplore Hamada Maïga, un fonctionnaire souffrant d’insuffisance rénale chronique.

Les dialysés sont des personnes ayant perdu l’usage des deux reins.  Les séances de dialyse permettent de soustraire de leur sang tout ce qui est impur. L’indisponibilité des machines ne permet que deux séances hebdomadaires à l’hôpital du Point G, au lieu des trois nécessaires.

Ce qu’avait pourtant dit le Président

Le 25 février 2019, lors de l’atelier de haut niveau sur la réforme du système de santé, le Président Keïta avait annoncé, à l’ouverture de l’évènement, la gratuité de nombreux soins curatifs et préventifs dont la dialyse.

Cette déclaration, qui avait suscité un soulagement considérable chez des patients, est restée un discours politique sans effet. Jusqu’à présent, d’après mes informations, l’hôpital du Point G n’a reçu aucun document officiel pour la gratuité de la dialyse, qui coûte dans les hôpitaux publics 2.500 francs CFA la séance, sans le prix des médicaments. Les frais de transport peuvent, chaque semaine, atteindre 10.000 francs CFA pour certains patients.

Des résistants

Les séances de dialyse, dans le public, n’étaient accessibles qu’à Sikasso et Bamako pendant des années. Une unité a été récemment inaugurée à Ségou. « Les appareils de Sikasso peuvent tomber en panne pendant des semaines. Les patients de cette région ayant les moyens viennent se faire soigner à Bamako », confie un autre patient. Outre les patients de ces deux sites, tous les malades d’insuffisance rénale du Mali sont condamnés à venir vivre à Bamako ou dans l’une des deux régions.

Il n’y a pas d’unité publique de dialyse dans les autres localités. « La séance coûte 75.000 francs CFA pour les Maliens, 125.000 francs CFA pour les étrangers dans les unités privées de Bamako et Kayes », ajoute M. Maïga.

Les malades abandonnent leur emploi, se séparent de leurs familles et de toutes leurs attaches pour s’installer à Bamako. Ils se réveillent généralement tôt le matin pour se rendre à l’hôpital du Point G. Certains se rendent tardivement à l’hôpital, en fonction de leur rendez-vous. « Les machines sont insuffisantes. Afin d’assurer le service à tous les patients, elles fonctionnent à plein régime, sans arrêt, toute la semaine, excepté le dimanche », affirme Abdou Dembélé, infirmier en chef de la salle de dialyse Nipro de l’hôpital du Point G.

L’insuffisance rénale exige un régime spécial 

Dans l’indifférence générale, ils sont près de 600 personnes dans cette situation « vulnérable » au Mali, sans compter les cas non diagnostiqués. Ils ne doivent pas boire plus d’un demi-litre d’eau par jour, sauf s’ils parviennent à uriner.

Pourtant, du fait même de leur mal, certains peuvent ne pas uriner pendant deux jours. Ils doivent faire attention à toute activité dangereuse pour ne pas saigner, car à chaque séance de dialyse, le patient perd du sang. Cela l’oblige à prendre des médicaments excessivement chers tel que le Renagel 800 mg (105.000 francs CFA). Malgré son coût élevé, ce médicament n’est disponible que dans quelques officines de la capitale.

L’insuffisance rénale chronique est incurable. Les patients suivent les traitements tout au long de leur vie, car la loi sur l’implantation de rein n’est pas encore votée au Mali, même si un bâtiment a été construit à cet effet du temps de l’ancien président Amadou Toumani Touré.

Source : Benbere

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