Bamako – L’ex-rébellion à dominante touareg du nord du Mali et les groupes armés soutenant le pouvoir ont déploré mardi un manque de concertation lors de la formation du nouveau gouvernement, alors que le président Ibrahim Boubacar Keïta s’est engagé à promouvoir un processus “d’entente nationale”.
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 (pro gouvernementaux) “prennent acte de la formation du gouvernement du Mali dirigé par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga “, ont-elles indiqué dans un communiqué conjoint.
Mais ces deux mouvements ajoutent qu'”ils n’ont à aucun moment été consultés comme jadis le firent les précédents chefs de gouvernement afin de, à travers leur participation, constituer un gouvernement prenant en compte les aspirations profondes des populations du nord/Azawad telles qu’évoquées dans l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger” conclu en 2015.
Ces groupes, signataires de l’accord de paix, conservent, dans le gouvernement formé dimanche, la même représentation que dans le précédent, avec des ministères comme celui de la Réconciliation nationale, de l’Administration, du Développement industriel, de l’Artisanat et du Tourisme réputés proches de leurs idées. En revanche, ils n’ont toujours pas obtenu de
grands ministères régaliens comme la Défense, les Affaires étrangères ou les
Finances.
“La CMA et la Plateforme restent convaincues que la prise en charge de leurs préoccupations légitimes à travers un dialogue ouvert, constructif et sincère, permettra de sortir durablement de cette situation de crise généralisée et prolongée par une absence de volonté politique claire et pragmatique”, ajoute le communiqué.
Lors de leur passation de pouvoir mardi, le nouveau Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga, 63 ans, et son prédécesseur, Abdoulaye Idrissa Maiga, ont “émis le voeu ardent de voir la nouvelle équipe gouvernementale remporter de nouvelles victoires sur les chantiers de la paix et de la cohésion sociale, de l’amélioration des conditions de vie et surtout de la lutte implacable contre les groupes terroristes qui endeuillent chaque jour” le pays, selon un
communiqué officiel.
Le président Keïta, dans ses voeux de Nouvel an, a annoncé que le nouveau gouvernement allait proposer une loi “d’entente nationale” exemptant de poursuites “tous ceux impliqués dans une rébellion armée”, à condition qu’ils n’aient “pas de sang sur les mains”.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés de cette région à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement frappées par des attaques, malgré l’accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, mais dont l’application accumule les retards.