Devant les Députés à l’Assemblée Nationale, le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga a fait la déclaration de sa politique générale, le vendredi 20 avril 2018. Conformément aux orientations du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, selon le PM, son Gouvernement se donne une triple vocation : protéger, rassembler et servir.
La déclaration de politique générale du Chef de Gouvernement est une tradition au Mali. Composé de vingt pages, le document présenté par le PM prend en compte les priorités du pays en s’articulant sur des missions que le Président de la République a fixé à l’actuelle équipe de son Gouvernement lors du premier Conseil des Ministres, le 5 janvier 2018.
Satisfaction de la demande sociale
Ces missions sont, entre autres, la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale au Mali, issu du processus d’Alger ; la lutte contre le phénomène d’insécurité grandissante dans le Centre du pays ; la satisfaction de la demande sociale par l’accélération de la mise en œuvre du Programme présidentiel d’urgences sociales et l’organisation des élections transparentes, crédibles et apaisées.
Profondément convaincu de l’urgence et de l’importance des missions qui sont assignées à son Gouvernement, le PM entend focaliser son action sur ces quatre axes.
Conscient du poids des défis, qu’il s’agisse de la consolidation du processus de réconciliation nationale, de la restauration de l’autorité de l’Etat, du renforcement du tissu économique, de la prise en charge des nombreux besoins sociaux, le Gouvernement entend s’appuyer sur les acquis à consolider et à valoriser.
Il s’agira de protéger et de restaurer le climat de paix, note le PM qui estime que le Mali doit gagner la guerre asymétrique qui lui est imposée par le terrorisme et préserver toutes les valeurs qui fondent le vivre ensemble du pays.
« Nous prendrons en charge notre devoir de protection tout d’abord en poursuivant la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale au Mali, issu du processus d’Alger. Cet Accord représente un vaste chantier de réformes dans les domaines clefs qu’il aborde, notamment en ce qui concerne les questions politiques et institutionnelles ainsi que les questions de défense et de sécurité. Le Gouvernement, dans sa mise en œuvre, reste guidé par la nécessité fondamentale de préserver l’intégrité territoriale et la souveraineté de notre pays, toutes deux largement consacrées par l’Accord et par les résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations Unies, de l’Union Africaine et de la CEDEAO », indique le Premier Ministre.
Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale au Mali, issu du Processus d’Alger, le Gouvernement accordera une attention particulière à l’amélioration du fonctionnement des Autorités intérimaires et des Collèges transitoires en les dotant de moyens financiers et matériels adéquats en vue de la fourniture de services sociaux de base aux populations locales et de leur participation dans l’organisation des élections à venir.
30% des ressources transférées aux collectivités territoriales
Aussi, le Gouvernement accordera une importance capitale à l’accélération du transfert effectif des compétences et des ressources de l’Etat aux Collectivités territoriales pour l’atteinte de l’objectif de 30% des ressources transférées aux collectivités territoriales en fin 2018.
Engagé pour la paix, le Chef du Gouvernement a rappelé que le son équipe axera ses efforts sur le rétablissement de la paix et de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, prioritairement dans les Régions du Nord et du Centre. Pour y arriver, prévient-il, « nous déploierons des actions décisives pour restreindre et à terme éradiquer les activités des Groupes Armés Terroristes (GAT), afin de favoriser un déploiement des Forces Armées Maliennes (FAMA), la réinstallation de l’Administration et le retour des réfugiés et des populations déplacées ».
22% de ressources d’Etat réservés à la défense et à la sécurité
Quant au redéploiement de l’armée, il se fera de façon progressive, méthodique et résolue. Pour cela, l’armée et les autres forces de sécurité recevront les moyens nécessaires tels que prévus dans la Loi de programmation militaire qui reste un puissant moyen de mise à niveau pluriannuel de notre outil de défense et de sécurité. Ainsi, pour l’exercice 2018, le Budget d’Etat a réservé 22% de nos ressources à la défense et à la sécurité.
Ce redéploiement ne retardera pas la réforme nécessaire qui permettra l’adaptation de l’armée et des forces de sécurité aux exigences de leur environnement. Un pas important a été fait dans cette dynamique de réforme avec la tenue de l’atelier de haut niveau sur la Réforme du Secteur de la Sécurité auquel ont participé les Experts nationaux, ceux de la MINUSMA et des pays partenaires dans un souci d’appropriation et de partage de bonnes pratiques en la matière.
La deuxième vocation est de rassembler les Maliens. « Aucune crise de l’ampleur et de la complexité de celle que nous affrontons ne se résorbe par des solutions purement sécuritaires. La paix ne se maintiendra et ne se fortifiera que si se renforce aussi l’entente nationale », selon le PM Soumeylou Boubèye Maïga en citant le Président IBK.
Des initiatives constituant une prise en charge des instructions présidentielles ont été prises notamment la rédaction d’un projet de loi sur l’Entente nationale, proposant des mesures spéciales d’amnistie ou de cessation de poursuite en faveur de certains acteurs.
La troisième vocation du Gouvernement est de servir le peuple malien par le programme présidentiel d’urgences sociales.
Ce Programme est constitué d’un ensemble de mesures et d’activités qui sont à mettre en œuvre dans le court terme avec un impact rapide et visible au bénéfice des populations et particulièrement les plus vulnérables d’entre elles.
Le Gouvernement déploiera tous les efforts nécessaires pour accélérer la mise en œuvre du Programme. Que ce soit dans le domaine de la santé, du désenclavement, de l’éducation ou de la fourniture d’eau et d’électricité, nous ferons en sorte que la prise en charge des besoins fondamentaux et pressants bénéficie en priorité aux couches sociales fragiles et aux revenus modestes.
Dans le domaine de l’électricité et de l’eau, le Gouvernement se focalisera sur l’accélération de la finition des projets en chantier et la prise des mesures pour assurer la fourniture régulière d’électricité sur tout le réseau EDM, particulièrement pendant la période de pointe.
Combler les besoins des populations
Pour combler les besoins des populations dans le domaine de l’électricité, il faut noter la réhabilitation des infrastructures énergétiques dans les Régions du Nord du Mali ; la poursuite des travaux de réhabilitation des centrales hydroélectriques de Sélingué et de Sotuba ; la mise en œuvre du projet d’électrification de 15 localités dans les cercles de Kati et de Kangaba ; les projets d’extension et de réalisation des centrales hydroélectriques de Sotuba II (6 MW), de Kénié (42 MW) et de Gouina (140 MW) ; le projet de réalisation de la centrale thermique au fuel lourd à Kayes (92 MW), etc.
En vue d’assurer un meilleur accès des populations à l’eau, le Gouvernement poursuivra les actions suivantes : la création de 2 507 équivalents points d’eau modernes (EPEM) en milieu urbain, semi-urbain et rural à travers des puits, des forages équipés de pompe à motricité humaine (PMH), de systèmes d’hydraulique villageoise/pastorale améliorés (SHVA/SHPA) et d’adductions d’eau potable/sommaires (AEP/AES) ; la réhabilitation de 670 équivalents points d’eau modernes ; la poursuite de la construction de la station de production et de traitement d’eau de Kabala ; la réalisation de 100.000 branchements sociaux et la réalisation des infrastructures hydrauliques et le renforcement des capacités des différents acteurs du secteur de l’eau dans le cadre du Programme Sectoriel Eau Potable et Assainissement (PROSEA).
Ousmane MORBA
Par L’Observatoire