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GOUVERNANCE IBK : Voici les vrais maux du régime !

L’année 2019 est en train de s’achever sur une note d’inquiétude, voire de désespoir pour l’avenir très proche du Mali. En effet, la situation sécuritaire laisse entrevoir l’incapacité des gouvernants et de la haute hiérarchie militaire à assurer l’intégrité du territoire national et la protection des personnes et des biens. L’impossible rupture avec le système de prédation et de pillage organisé des ressources publiques avec son corolaire de promotion et de maintien des hommes et des femmes de peu de talents et de mérite à des hautes fonctions contribuent à la banalisation de l’incompétence, de l’irresponsabilité et pire, des pratiques corruptrices au sommet de l’Etat. L’autorité de l’Etat n’a jamais été aussi bafouée que sous ce régime d’IBK.

L’incivisme quasi généralisé et les revendications tous azimuts ne sont que les résultats de la mal gouvernance et de l’incapacité des autorités à être des modèles de don de soi et d’intégrité.
Pour emprunter les termes de l’Institut Free Afrik, le Mali est au bord du précipice. Il suffit désormais d’un pas mal assuré et le pays sombrera dans le gouffre. En six ans, le régime IBK brille plus par son inaction et les bourdes que par des mesures courageuses, fortes et efficientes pour restaurer l’intégrité de la gestion publique et l’autorité de l’Etat.

«Le Programme quinquennal 2018-2023, du candidat Ibrahim Boubacar Kéita, consacre une nouvelle offre politique, qui s’inscrit dans le cadre de la consolidation des acquis et l’ouverture de nouvelles perspectives aux Maliennes et Maliens. Le projet de société du candidat tient compte des enseignements tirés du bilan de son précédent projet de société «Le Mali d’Abord», des préoccupations et des attentes des populations, recueillies au cours de ses multiples missions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays auprès des paysans, des artisans, des entrepreneurs, des chercheurs, des universitaires, des jeunes, des femmes, et d’autres Maliens d’ici et de la diaspora, mais aussi des résolutions et recommandations des partenaires au développement. Durant les 5 prochaines années, les efforts du candidat-Président seront notamment concentrés, tel qu’il a été décrit dans le présent programme, sur l’amélioration de la Gouvernance et le développement du capital humain, à travers 5 axes prioritaires, à l’effet de relever les défis multiformes, avec l’appui et l’accompagnement des amis et partenaires au développement du Mali» (Extrait du projet de programme 2018-2023 du candidat IBK).

Mais hélas, depuis 6 ans les Maliens attendent un début de traduction dans les faits de ce programme, du reste, le meilleur qu’il ait prononcé depuis son élection. Malheureusement, chaque jour apporte son lot de déceptions, tant, l’on s’éloigne de ces trois exigences.

Incompétence notoire et incivisme flagrant au sommet de l’Etat

Le patriotisme (la première exigence) est devenu de plus en plus un slogan politique non suivi par des actes concrets, surtout au sommet de l’Etat. En dehors des discours et incantations stériles, rien dans les attitudes et comportements de ceux qui gouvernent le Mali depuis six ans ne semble porter le sceau du patriotisme. Bien au contraire, l’on a parfois l’impression que l’on a affaire à des acteurs qui n’ont pratiquement aucun sens de l’Etat, de la patrie et du don de soi.
La gestion de la question sécuritaire avec tous les louvoiements politico-militaires donne un indicateur sérieux du peu de patriotisme au sommet de l’Etat et de la haute hiérarchie de l’armée. Plus grave, l’intérêt supérieur semble relégué au second plan, s’il n’est pas confondu avec ceux personnels des gouvernants.

Sur la deuxième exigence, soit les hommes mobilisés par le président IBK pour gérer le pays ont très peu de talents, soit ils n’ont pas véritablement d’ambition pour le pays. Sauf quelques exceptions qui confirment la règle, le vrai problème du régime Kéita, ce sont les hommes et les femmes qui l’animent.

Que valent quelques étoiles dans une obscurité totale ? Bien de ces hommes ne sont pas à leur place. Ils n’en ont ni les compétences, les profils et les parcours professionnels, encore moins les qualités morales nécessaires. Quand on n’est pas capables de relever les défis du moment de la fonction que l’on occupe, l’on doit avoir au moins le patriotisme et le courage de rendre le tablier pour donner une chance à l’efficience de l’action publique. A défaut, le chef doit avoir le courage de démettre les incompétents. Dommage ! Tout le monde, à commencer par le chef, se complaît dans les louvoiements et les errements face aux exigences d’actions fortes, circonstanciées et porteuses de résultats à court, moyen et long termes. Les problèmes de gouvernance au Mali tant en matière sécuritaire que de développement, c’est d’abord une question d’hommes avant d’être une affaire de moyens.

Que dire de la probité et de la bonne gouvernance ? C’est la plus grande déception. L’on avait espéré qu’à défaut de rupture avec le système mafieux qui les a formés et dans lequel ils ont fait leurs armes, Ibrahim Boubacar Kéita et ses hommes allaient au moins veiller à éviter l’enracinement de la mal gouvernance dans les profondeurs de la société malienne. Malheureusement et malgré la création des structures de lutte contre la corruption et la délinquance financière, le Mali ploie encore sous le poids de la mauvaise gestion des deniers publics, de l’enrichissement illicite, des attributions frauduleuses de marchés publics, des promotions de complaisance, de la politisation outrancière et de l’inefficacité de l’administration publique.

Pourquoi, tourne-t-on toujours en rond avec pratiquement les mêmes personnes qui depuis des décennies, ont fait la preuve de leur incapacité à prendre toute la mesure des défis et des responsabilités à assumer ? Pourtant, le pays ne manque pas de compétences. Des hommes et des femmes d’honneur et de talents, le Mali en regorge.
Plus grave, l’on a essayé de nouvelles têtes depuis 6 ans et ça ne donne absolument rien de rassurant mais on continue de les maintenir. Nombreux sont ces ministres qui planent, multiplient les bourdes à chaque sortie publique, donnant ainsi la preuve qu’ils ne sont pas capables de servir le pays à ce niveau de responsabilités. Ils se servent plutôt de leurs positions, contrairement à la promesse du Président.

L’impossible rupture avec la mal gouvernance

A cette question des hommes, s’ajoutent les exemples de mal gouvernance qui sont légion. Comme du temps d’Amadou Toumani Touré, le Bureau du vérificateur Général, les organismes citoyens de lutte contre la mal gouvernance et les médias ne cessent de dénoncer les cas de malversations et de mauvaise gestion des affaires publiques et il n’y a aucune suite ni en termes de sanction administrative et de mesures conservatoires, ni sur le plan judiciaire pour sanctionner pénalement les nombreux manquements à l’éthique du bien public. Même dans les secteurs sensibles de la sécurité et de la défense et dans le contexte actuel de terrorisme, la gestion des maigres ressources n’échappe pas à la cleptomanie de certains acteurs.

Enfin, les fraudes fiscales par certaines grandes entreprises et opérateurs économiques qui méprisent et narguent même l’Etat et les citoyens et le refus du pouvoir de traquer les biens mal acquis des dignitaires du régime font perdre à l’Etat plusieurs dizaines, voire des centaines de milliards de francs CFA qui auraient permis de financer des secteurs stratégiques de développement. Ce ne sont là que quelques points pour illustrer la mal gouvernance et l’incivisme au sommet de l’Etat. Si l’on y ajoute les dénonciations quotidiennes faites par les hommes de médias, l’on ne peut que se rendre à l’évidence que la mal gouvernance constitue aujourd’hui, la principale plaie qui ronge le Mali.

Or, comme l’a si bien relevé le Professeur Memel Fotê Harris, anthropologue Professeur à l’Université de Côte d’Ivoire, « l’incivisme au sommet de l’Etat est lourd de conséquences tant sur le développement en ce qu’il permet à quelques privilégiés de s’enrichir illicitement que sur la cohésion sociale en accentuant les inégalités et les sentiments de frustrations et de révoltes chez la grande majorité des citoyens qui peinent à accéder aux services sociaux de base ».

Comme le Président IBK lui-même l’a si bien dit dans son dernier message à la nation, «aucune nation ne peut prospérer dans le désordre, l’incivisme et la corruption qui sont les fléaux qui fragilisent la cohésion sociale et les efforts pour un mieux-être pour tous. De même, nous ne pourrons transformer profondément notre économie sans un minimum de culture de l’effort, du sacrifice, du patriotisme, de l’intégrité et du travail bien accompli».
Au-delà du discours, le Président IBK va devoir regarder autour de lui, évaluer sans complaisance les hommes et les femmes qui l’entourent et l’accompagnent pour extirper de leur rang ceux et celles qui tirent le pays et sa gouvernance vers le bas. S’il ne fait rien pour assainir la gestion publique et pour rompre avec le gouvernement des copains et des camarades, la promotion des amis, parents et des partisans, il faut craindre que le phénomène de l’incivisme aille en s’aggravant et finisse par se transformer en révoltes populaires préjudiciables à la paix et à la stabilité politique et institutionnelle.

Pour terminer en paraphrasant GOETHE, selon qui : «parler est un besoin, écouter est un talent». Il ne reste plus qu’à espérer qu’en 2020, le Président aura enfin le talent d’écouter mais surtout de répondre aux craintes légitimes de ses compatriotes. Autrement, le pays risque de sombrer durablement dans le désordre et l’incivisme.
Assi de DIAPE

Source: Le Point du Mali

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