e loin, on aperçoit les ministres comme des « privilégiés » de la République, mais à y voir de plus près, nos chers membres du gouvernement passent régulièrement des…nuits blanches.
Ils sont ordonnateurs principaux de leurs départements et, à ce titre, « gèrent » une panoplie de commande publique (marchés publics), en collaboration étroite, voire complice avec leurs Directeurs des finances et du matériel (DFM). Nos ministres, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, exercent un pan non négligeable de pouvoirs, qui fait d’eux, des personnalités de l’Etat. Leurs pouvoirs réglementaires (arrêtés ministériels) sont soutenus par des prérogatives conséquentes en matière de gestion des finances publiques. Ils sont alors…envahis par des courtisans à la recherche d’emplois et de promotions diverses. Leurs cours et résidences sont inondés de jeunes et des cadres politiques en quête d’une… « situation » (comme cela se dit !) Des piles de CV envahissent leurs tiroirs et bureaux. Des sollicitations multiples leur met une pression quasi permanente au point que la tentation d’indélicatesses avec les fonds publics leur colle à la main. Car, comme le dit le sage, la main qui donne peut facilement voler.
Mais cette pression à la bienfaisance, monsieur le ministre à l’autre pression, celle des réaménagements gouvernementaux. Et Dieu seul sait que nos pays en foisonnent.
Les crises multiformes poussent les dirigeants à remanier régulièrement les équipes gouvernementales. Car, si on ne change pas une équipe qui gagne, celle qui échoue fait l »objet de tous les remodelages possibles : on éclate les ministères, on les remet en semble, on récompense les amis et copains, on sanctionne quelques uns. Bref, on fait et défait le groupe des privilégiés de la République.
Ainsi, à la veille des remaniements gouvernementaux, les ministres en fonction, avec pour la plupart, de nombreux projets liés à leurs fonctions, visiblement trop précaires, sont en bute à d’énormes stress. Ceux qui ne fumaient pas auparavant sombrent, pour quelques heures, dans le tabagisme et en toute discrétion ! Etant donné que monsieur le ministre doit quand même montrer au dehors qu’il n’a peur de rien ! Reconduit ministre ou pas, il demeure un cadre de l’Etat pouvant servir son pays ailleurs. Alors que secrètement, le bonhomme prie et consulte féticheur, marabouts ou diseur de bonne aventure sur ses chances de demeurer dans l’équipe gouvernementale ou s’il doit faire le deuil de ses ambitions ministérielles.
Ceux d’entre eux qui fumaient déjà voient leurs cendriers se remplir en un temps records tant le stress a fait augmenter le nombre de cigarettes dévorées toutes les heures. Avec le risque d’attraper une pathologie liée au tabac, le ministre en sursis tente d’avoir le moral et affiche vaille que vaille le sourire jaune avec ses amis, dont il limite les visites. « Avec le probable remaniement ministériel, j’ai des réunions urgentes.. », bredouille-t-il au téléphone pour esquiver des rencontres avec des amis et proches. A ces esquives s’ajoutent des nuits blanches ou presque. L’appellation « Monsieur le ministre » ou «Excellence » suivie d’égards et honneurs va-t-elle s’éclipser ? Quid des privilèges en termes de finances, matériels roulant de l’Etat, dotations en carburants en crédit de téléphone, etc ? « La prière fervente du juste a une grande efficacité », dit La Bible. Elle est à bon droit abondamment sollicitée et, qui sait, avec la magnanimité du président de la République et/ou du Premier ministre, la tête du bonhomme sera sauvée. Et s’il est maintenu au gouvernement, il faut remercier et récompenser les…prieurs et le cercles d’amis fidèles. Sans oublier le groupe des courtisans…
Si malgré toutes les incantations, « ça n’a pas marché » et le limogeage venait à être constaté au journal télévisé de 20 heures, bonjour les dégâts…
Bruno D SEGBEDJI
Mali-Horizon