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Gouvernance : diagnostic d’un État défaillant (opinion)

Par Adama Kaboré*

Dans l’histoire des nations, aucun Etat n’est parvenu à se libérer sans un sacrifice collectif, dicté par des hommes de valeur. Il en est ainsi des grandes puissances aujourd’hui telles que les États Unis, la France, Israël, la Chine, l’Arabie Saoudite, etc.

Parmi ces hommes de valeurs, figurent indéniablement Nelson Mandela de l’Afrique du Sud et Mouammar Kadhafi de la Libye, assassiné par la France et ses complices occidentaux et africains. Ces deux figures africaines ont su insuffler des idéaux pour sortir l’Afrique de son marasme intellectuel. Malheureusement, ils ont été sacrifiés : de longues années de prison pour  et la mort pour le Guide de la révolution libyenne.

Pour la petite histoire, la France, principale instigatrice des crises actuelles (Libye au Mali en passant par la Syrie) avec ses acolytes (les États Unis, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord…), a connu l’une des révolutions les plus sanglantes de son histoire en 1789 pour arriver à la place qu’elle occupe aujourd’hui. Cette révolution sanglante est traduite dans l’hymne de la France, à travers la Marseillaise.

Une telle nation, peut-elle donner des leçons de démocratie et servir de modèle de développement aux pays africains ? En aucun cas, la démocratie ne saurait précéder le développement pour l’Afrique.

Malheureusement les défaillances des États africains ne sauraient être imputées aux seuls faits des pays occidentaux, en quête de ressources énergétiques pour alimenter leurs économies. Elles sont donc et essentiellement tributaires des hommes politiques africains, de ses élites qui, au lieu de réfléchir sur une réelle indépendance basée sur les ressources endogènes, se sont alignés derrière l’oppresseur pour piller les sous-sols africains,  sur fond de mal-gouvernance chronique.

Ainsi depuis « Les soleils des Indépendances » (titre de l’ouvrage de l’écrivain ivoirien, Ahmadou Kourouma, publié en 1968), les téméraires qui ont voulu d’une Afrique indépendante, ont été tout simplement et froidement éliminés. Au nombre de ces grands visionnaires, figurent Patrice Lumumba du Congo, Thomas Sankara du Burkina Faso qui ont payé de leur vie le prix de leur détermination. Leurs propres frères ayant préféré être les complices des assassins.

Ces assassinats pourraient-ils arrêter la germination patriotique dans la conscience collective des Africains et en particulier des jeunes ?

La réponse sera catégoriquement NON au regard du réveil de la jeunesse un peu partout sur le continent et même de la diaspora, malgré les intimidations diverses par des hommes qui ne voient pas au-delà de leurs intérêts personnels et immédiats.

La politique du ventre orchestrée par des politiques aux antipodes des aspirations réelles du peuple met encore l’Afrique à la traîne dans le concert des grandes nations. Presqu’aucun pays africain n’échappe à la règle.

Les derniers développements de l’actualité concernant les régimes successifs au Burkina Faso montrent qu’il y a eu des manipulations dans le seul but de placer X ou Y à tel ou tel poste pour contrôler la gestion des affaires publiques. Et selon des critères pas forcément conformes à l’attente des populations. La brouille qui a récemment traversé le Conseil supérieur de la Communication de ce pays est un témoignage parfait de cette bataille acharnée pour des postes. Or ce qu’il nous faut pour construire nos nations, ce sont des citoyens engagés et des leaders prêts au sacrifice.

L’histoire doit inspirer ceux qui se réclament du peuple pour éviter les insurrections populaires ou d’autres coups de force.

Au, Mali par exemple, le processus de « correction » des défaillances de l’État, que suivent avec intérêt les mouvements panafricanistes, se fait à travers une révolution atypique, assumée par des hommes conscients de leurs rôles devant l’histoire.

Au Burkina le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), l’organe mis en place par les militaires à la suite du putsch du 24 janvier 2022, doit s’assumer face à l’histoire, loin de la propagande médiatique à laquelle se livrent certains de ces membres, alors que le pays fait face à un défi sécuritaire grandissant.

De ces défis sécuritaires, il faut rappeler que c’est ce qui a justifié le coup de force du MPSR en reversant le Président Roch Marc Christian Kaboré. Un putsch qui  n’a toujours pas produit de véritables  résultats sur le front sécuritaire. Les attaques se multiplient avec désormais les civils pour cibles.

Pour y faire face donc, les nouvelles autorités sont interpellées par les organisations de la société civile burkinabè sous le leadership de la Coalition des patriotes africains Burkina Faso (COPA/BF) à reconsidérer de façon impérative les accords militaires, surtout avec la France. Ces accords ont montré leurs limites dans la lutte contre le terrorisme. Une fois cette étape franchie, la réinstallation des populations déplacées internes et la question de la réconciliation viendront compléter le tableau des défis liés à la question sécuritaire.

Question : le peuple verra-t-il un jour des actions concrètes et de réels sacrifices de la part de nos dirigeants, loin du tapage médiatique, dans cette lutte contre la nébuleuse terroriste ?

Wait and see.

*Adama Kaboré, membre de la Coalition des Patriotes Africains Burkina Faso (COPA/BF)

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