L’incarcération de Mamoutou Touré dit Bavieux, ancien directeur des services administratifs et financiers de l’Assemblée nationale, président de la Fédération malienne de football (Fémafoot), en compagnie de l’ancien président du Parlement (2014-2020) sous le président Ibrahim Boubacar Kéita, Issiaka Sidibé, pour le détournement présumé de 17 milliards de F CFA au dépens du Trésor public, révèle chaque jour qui passe des incongruités et des non-dits qui commencent à gêner aux entournures jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.
Pour tout observateur averti, l’affaire sent à mille lieues les relents de l’injustice, de l’impunité, de la violation des droits de l’Homme… Aussi tous ceux qui peuvent faire le distinguo entre le bon grain et l’ivraie et qui fondaient sincèrement l’espoir d’un Mali Kura égal pour tous sont-ils écœurés pour ne pas dire qu’ils commencent à désespérer de ce pays au fil des révélations.
Sinon comment comprendre que de présumés co-auteurs de cette supposée affaire d’atteinte aux biens publics soient quasiment extraits des mailles de la justice ? C’est le cas d’un ancien questeur de l’Assemblée nationale pendant la période incriminée qui se la coule douce en ville, fort de la protection d’un cacique de la Transition.
L’incongruité ici est que le Contrôle général des services publics n’a pas compétence à investiguer dans la gestion d’une institution de la République. Cela ressortît du pouvoir de la Section des comptes de la Cour Suprême.
La réalité est que certains caressent l’espoir de régler leurs comptes aux deux hommes, peu importe la manière. De ce point de vue, Issiaka Sidibé, figure de proue du Rassemblement pour le Mali (RPM, ex-parti au pouvoir), restera longtemps au centre de la controverse et de rivalités politiques dures.
Une attestation
de bonne foi
Quant à Mamoutou Touré dit Bavieux, en route pour rempiler à la tête de la Fédération malienne de football (Fémafoot), il est la cible privilégiée d’adversaires irréductibles qui lorgnent son fauteuil et font tout pour le lui ravir.
L’Etat a-t-il actionné sa machine pour favoriser éventuellement un autre homme à la tête du football malien ? Si aucun indice ne nous permet en l’actuel des choses de répondre par l’affirmative, on devrait pourtant s’étonner de l’enchainement dans le processus électoral en cours et l’interpellation provisoire du président sortant de la Fémafoot, désormais seul candidat à sa propre succession après moult péripéties qui ont vu l’invalidation de la candidature de trois de ses principaux concurrents. Ils semblent boire du petit lait présentement.
Mais, pour eux comme pour le Contrôle général des services publics, le retour de la manivelle se précise. Et l’un des démentis cinglants est venu de la Fifa qui a confirmé le leadership et le bon management de Mamoutou Touré dit Bavieux à travers une lettre adressée au secrétaire général de la Fédération malienne de football (Fémafoot), Ibrahim Traoré. En voici la teneur : “Depuis 2018, tous les fonds versés dans le cadre du programme Fifa Forward font l’objet d’un audit annuel effectué par des cabinets d’audit indépendant, mondialement connus, ayant une signature internationale et désignés par le secrétariat général de la Fifa, en accord avec la réglementation Fifa Forward. L’audit central, faisant partie intégrante du programme Forward, s’applique à toutes les fédérations membres de la Fifa. Les rapports d’audit de la Fédération malienne de football portant sur la période allant de septembre 2019 à décembre 2022 n’ont pas fait l’objet de constatations graves ou de manquements sur la gestion des fonds Fifa Forward et Covid-19. Pour toute question, n’hésitez pas à revenir vers nous”.
Pour mémoire, le grand total des fonds mis à la disposition de la Fémafoot est de 8 513 166 US, entièrement utilisés à bon escient.
Bref, ladite lettre met les pieds dans le plat du Contrôle général des services publics et mérite d’être méditée par les anti-Bavieux invétérés.
El hadj A. B. HAIDARA