Les activités économiques ont repris à Goundam d’une manière remarquable malgré l’insécurité résiduelle et la faible crue constatée partout dans les lacs et les chenaux
Le cercle de Goundam, l’un des tous premiers crées en République du Mali, connait un sérieux recul sur plan du développement. Il n’est pas rare d’entendre certains évoquer, avec nostalgie les moments fastes que ce cercle a connus dans le temps. Avec ses lacs poissonneux, ses champs verdoyants de mil, de sorgho, de mais, et de beaucoup d’autres spéculations s’étendant à perte de vue et ses marigots jonchés de bourgou, le cercle de Goundam était considéré à juste titre comme le grenier du nord de notre pays.
D’autres évoquent la bonne cohabitation entre nomades et sédentaires, source d’amitié et même de liens familiaux entre les différentes couches ethniques. En période hivernale le nomade vient bâtir sa tente juste à coté du sédentaire. Ce qui lui permet du coup d’échanger son lait, sa viande, son beurre contre les céréales, les condiments, le sel, le sucre et le thé du sédentaire.
D’autres ethnies du centre et du sud du pays ont convergé également vers Goundam avec familles et bagages pour bénéficier de la richesse de Goundam fruit de la demi douzaine de lacs qui s’y trouvaient dont les plus importants demeurent jusqu’à nos jours le Faguibine et le lac Télé.
Avec le retour relatif de la paix, nombreux sont les Goundamiens, qui souhaitent que leur cercle retrouve son visage d’antan, celui d’une ville cosmopolite, prospère où il fait bon vivre. Cela n’est possible qu’avec la promotion de l’agriculture, à travers la mise en eaux des lacs notamment le Télé et le Faguibine. L’Etat doit aussi doter l’Office pour la mise en valeur du Système Faguibine (OMVF) et tous les acteurs intervenant dans le cadre de la mise en eau du Faguibine, de moyens adéquats, notamment des engins mécaniques appropriés pour curer les chenaux conduisant l’eau dans les différents lacs et dégager de très loin les remblais.
Ces engins vont également contribuer à atténuer la souffrance des populations qui, pour protéger leurs cultures contre la crue bien que faible, sont obligés de dresser une digue de fortune de près de cinq kilomètres dans le lac et qui peut céder à tout moment. Ils pourront ainsi construire une digue de qualité et se débarrasser de la daba.
De l’avis de tous les déplacés qui gravitent autour de Goundam, retourner dans leurs communes respectives serait un peu périlleux. Pas à cause de l’insécurité, mais d’un problème de subsistance. Comment vont-ils subsister si la terre ne reçoit plus d’eau, ces dernières années à cause de la faible crue. C’est d’ailleurs cette raison qui a occasionné le départ d’une bonne partie des populations des communes de Tin-Aicha, de Essakane, M’bouna, et Adarmalane vers des zones meilleures, comme Goundam, Tonka, Echell.
Aujourd’hui, le seul vœu des agriculteurs de Goundam, regroupés en coopérative est la mise en eau des lacs qui, selon leur président va contribuer à la cohésion sociale, au développement et au retour sans condition des déplacés sur leur site d’origine.
A. A. Touré
AMAP Goundam
source : Essor