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Gestion géostratégique du nord : Divergences entre IBK et Boubèye

Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita est agacé après la sortie médiatique de son Premier ministre, il y a quelques jours, à Mopti sur la gestion des groupes hostiles au pouvoir de Bamako. IBK est opposé à la tentative à tout prix du PM de rapprocher les points de vue quelle que soit la manière. Le Locataire de Koulouba a sa vision. Il n’a pas attendu à le faire savoir.

« Nous allons chercher les bandits armées et terroristes où qu’ils se cachent et nous les neutraliserons. Nous avons décidé de déployer progressivement un effectif important des Famas dans la région de Mopti pour qu’il n’y ait plus un mètre carré du territoire qui soit hors de notre contrôle… Nous ferons tout pour récupérer tous ceux qui sont récupérables et nous combattrons ceux qui devront être combattus. C’est le moment de choisir son camp » ! Ces propos sont du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga, tenus lors de sa visite à Mopti au centre du pays. Toujours lors de cette visite, le Premier ministre avait laissé entendre que la porte restait ouverte à tous ceux qui étaient prêts à renoncer à l’horreur pour rentrer dans les rangs, et s’était dit disposé à dialoguer avec tout le monde, y compris les djihadistes ! Et bien, tel ne semble être l’avis du président de la République Ibrahim Boubacar Kéita qui oppose  “un non ferme” à toute négociation avec les djihadistes sous la férule d’Iyad Ag Ghali, fondateur d’Ançar Eddine en 2012 qui est à la tête de la coalition du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), officialisée en mars 2017. C’est du moins ce qui ressort de l’interview qu’il accordée au confrère « Le Monde ».

Apparemment en colère à la seule évocation du sujet, le Président IBK est formel : « Le président du Haut conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko avait reçu mandat de l’ancien Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga (avril-décembre 2017) de conduire une mission de bons offices dans le Centre et le Nord du pays. Je l’assume en tant que chef de l’Etat, mais j’étais bien loin de l’approuver. Nous avons mis fin à cette mission ». IBK lève ainsi un coin du voile sur le divorce intervenu entre lui et le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga. Autre divergence de vue entre IBK et Soumeylou Boubèye Maiga, c’est l’appréciation que les deux hommes se font sur la crise au Nord et au Centre du pays. En effet, pendant que Soumeylou semble craindre le scénario et sa complexité, le Président IBK trouve plutôt que la situation sécuritaire s’est considérablement améliorée, les attaques de plus en plus fréquentes dans le Centre n’étant que sporadiques ! Mieux, IBK refuse de croire en l’existence de groupes armés à proprement parler. « Ce ne sont que des phénomènes sporadiques, avec des engins explosifs improvisés au passage de troupes de l’armée ou de la mission des Nations unies. C’est, selon moi, une excroissance de ce qui se passe dans le Grand Nord. La présence de l’armée malienne a été renforcée. Le 18 février, un chef local d’une unité combattante dudit Front de libération du Macina a été arrêté, il se trouve entre les mains de nos services. L’armée marque des points ». S’il y a un point sur lequel IBK et son Premier ministre semblent être sur la même longueur d’ondes, c’est peut-être en ce qui concernant la mission de l’ONU au Mali, à savoir la MINUSMA ! Pour IBK, « A quoi bon faire du maintien de la paix alors que nous menons une guerre régionale contre le djihadisme ? Sans un mandat plus offensif que nous réclamons à cor et à cri, la MINUSMA, qui est l’une des missions de l’ONU enregistrant le plus de pertes humaines, se contente aujourd’hui de faire dans le social » ! Spécialiste des questions sécuritaires, Soumeylou Boubèye Maiga ne dira certainement pas le contraire, lui qui se dit prêt à prendre des « mesures fortes » pour renfoncer la sécurité des Maliens, en particulier dans le centre du pays confronté à une montée des attaques djihadistes, et ce conformément aux orientations du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Et pour booster l’application de l’accord d’Alger, SMB est depuis sa nomination passée à la vitesse supérieure par l’accélération du processus DDR, puisque convaincu que : « Tant que nous n’aurons pas avancé sur le processus DDR (démobilisation, désarmement, réinsertion), nous ne pouvons pas soustraire aux groupes terroristes la base de recrutement qui leur est offerte ». C’est d’ailleurs pour cela qu’il a réservé sa toute première visite à l’Algérie, un pays sans lequel la crise du Nord ne saura trouver une solution durable, mais qui ne semble pas suffisamment jouer le rôle qui est le sien à cause de la présence trop forte des français dans le processus.

 Salif Diallo

 

Source: Le Matinal

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