L’action de l’homme est la première cause de la dégradation de nos forêts. Au Mali, les ressources forestières sont pourvoyeuses de l’essentiel des besoins des populations rurales. L’énergie domestique est produite par le bois de chauffe et le charbon de bois. Aujourd’hui, l’état du couvert végétal est alarmant. Pour faire face à la menace, le gouvernement, à travers la direction nationale des Eaux et Forêts, a mis en place une stratégie de gestion qui combine les activités de projet et le partenariat public-privé.
L’expérience de la forêt classée de la « Faya », située à une cinquantaine de kilomètres de Bamako, à cheval sur la route nationale 5, a fait l’objet de la visite samedi dernier, du ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Mme Keïta Aïda M’Bo, en compagnie du directeur national des Eaux et Forêts, Boureïma Camara et de la coordinatrice du Projet de gestion durable des forêts (GEDEFOR), Mme Kanouté Fatoumata Koné.
Dans le village de Kassela à l’entrée de la forêt classée se trouve le jardin maraîcher d’un hectare de la coopérative des femmes encadrée par le projet GEDEFOR. Il y a quelques années, ces dames étaient toutes des exploitantes de bois. A la faveur des activités du projet, elles sont désormais des productrices de légumes frais qui fournissent tous les marchés environnants et les centres urbains comme Bamako. A une centaine de mètres de là, la coopérative dispose d’un centre de transformation des produits forestiers (tamarin, datte sauvage, dah, gingimbre, etc.). L’infrastructure est équipée de panneaux solaires qui assurent son autonomie en électricité. Les jus tirés des différents produits sont soigneusement embouteillés sur place et conservés dans les conditions optimales avant d’être écoulés sur le marché. Grâce à ces différentes activités génératrices de revenus, les femmes se sont complètement détournées de la coupe du bois.
C’est l’objectif recherché par le GEDEFOR dans son approche, explique Mme Kanouté. Car, selon le chef du projet, il faut proposer une alternative à l’activité de coupe du bois qui était leur principale source de revenus. Après avoir encouragé la coopérative, Mme Keïta Aïda M’Bo a insisté sur la valorisation des ressources forestières et la promotion de leur consommation locale. A une quinzaine de Kilomètres de là se trouve le verger du village de Zantiguila, au cœur de la forêt. Réalisé en 2013 sur initiative de la direction nationale des Eaux et Forêts, il a une superficie de 10 ha et est exploité par 20 familles. Oumar Diarra est le président des exploitants du verger. Il assure que leur nouvelle activité a beaucoup contribué à la protection de la forêt. Auparavant, tout le village vivait de l’exploitation de la forêt, confie M. Diarra. « Mais aujourd’hui, nous nous rendons compte de l’importance de préserver la forêt, parce que notre avenir et celui de nos enfants en dépendent », analyse-t-il.
Le verger du village de Zantiguila est situé dans la zone d’amodiation de la société Tam Voyage, dans le cadre du partenariat public-privé pour la gestion des forêts. Cet opérateur privé appuie les populations riveraines dans leurs activités de sauvegarde par la formation et la fourniture d’équipements. En échange, les villageois s’impliquent dans la surveillance de la forêt en fournissant des informations sur les exploitants clandestins et illégaux. Cette collaboration, selon Mohamed Sangaré, responsable de Tam Voyage, est d’un grand apport pour les surveillants de la société amodiatrice qui parvient aujourd’hui à contrôler efficacement l’espace.
La ferme « Klédu » qui s’étend sur 300 ha est installée sur le même espace.
Propriété d’un particulier malien, elle est un bel exemple de repeuplement de la faune et de la flore. Plusieurs espèces animales (autruches, dromadaires, biches, tortues, etc.), y sont élevées. On y expérimente également, dans le cadre de l’agroforesterie, des espèces hybrides en vue de leur vulgarisation. Toutes ces actions convergent à la mise en œuvre de stratégie nationale de sauvegarde des forêts, basée sur l’implication des populations riveraines et la promotion du partenariat public-privé, a déclaré la ministre. Elle a encouragé les acteurs à accompagner l’Etat qui, tout seul, ne peut pas protéger efficacement ces forêts, a-t-elle estimé.
C. A. DIA