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Gestion des professionnels de santé en Afrique : des spécialistes s’y prononcent !

Des professionnels de la santé ont passé en revue, au cours d’un webinaire organisé par le Think Tank citoyen Wathi, le jeudi 6 mai 2021, les principales difficultés dont est confrontée la quasi-totalité des systèmes sanitaires dans les États de l’Afrique de l’Ouest. Tenu sous le thème« Comment assurer la formation, l’affectation équitable et l’encadrement effectif des professionnels de santé en Afrique ? », ce webinaire a vu naître plusieurs propositions pour l’amélioration des conditions de travail et une meilleure affectation des professionnels de santé.

Le sujet des professionnels de la santé est une problématique qui concerne tous les citoyens. La santé est une affaire de tous, dit-on. Selon le président de Wathi, Giles Yabi, dans toute la région ouest-africaine, il est possible de trouver des histoires dramatiques susceptibles de faire comprendre les problèmes auxquels les systèmes de santé de la région sont confrontés.

Entre autres difficultés : la massification des étudiants dans les facultés, la prolifération des écoles de santé privée, le manque de compétence avérée des enseignants évoluant dans des établissements d’enseignement sanitaire, les problèmes d’équipements et d’infrastructures.

Le contradictoire

Marie Condé, présidente de l’ordre des sages-femmes de Guinée, pointe également du doigt la stratégie de formation dans les écoles de santé privées et le manque de personnel soignant dans plusieurs zones en raison des conditions de travail peu alléchantes.

Pour sa part, Salif Siguiré, directeur des ressources humaines du ministère de la Santé du Burkina Faso, estime que le problème réside plutôt dans la faible implication des communautés dans les politiques de santé. Selon ses précisions, il ne suffit pas de construire des infrastructures. Il faut que les populations se sentent concernées des politiques de santé publique afin que celles-ci puissent être une véritable réussite. Les populations doivent veiller sur les infrastructures destinées à leur bien-être.

Pr Abdoulaye Samb, doyen de la Faculté de médecine, d’odontologie et de pharmacie de l’université Cheick Anta Diop de Dakar, développe plutôt l’argument contraire. Les États doivent être les premiers à prendre en charge la santé. La participation des populations est secondaire, a-t-il laissé entendre. « Nos États doivent fournir des efforts conséquents pour assurer des équipements pour les diagnostics et la formation des étudiants », a-t-il martelé au cours de ce webinaire. Car des agents de santé mal formés constituent, à ses yeux, de véritables dangers.

Pourtant, selon les explications de Djimbaré W. N’sannoo, président de l’Association des étudiants en médecine et en pharmacie du Togo, cette problématique d’équipement de formation est réelle. Ce qui lui fait dire qu’on leur enseigne la théorie, mais pas la pratique.

« Il ne suffit pas de recruter, de déployer »

Face à tous ces problèmes, les intervenants à ce webinaire ont brossé des pistes de solutions. Ils ont jugé important qu’il y ait d’abord une véritable collaboration entre les ministères de la Santé, de l’Enseignement supérieur et les facultés de médecine afin de mieux planifier la formation. Pour sa part, M. Siguiré estime que cette planification n’est pas assez nécessaire. L’important est que chaque université tienne compte de ses capacités d’accueil afin d’éviter de restreindre la formation, a-t-il précisé.

En plus de la planification de la formation, les intervenants ont jugé important aussi d’améliorer le plateau technique, de mettre en place des mesures d’accompagnement, de faire de la santé une priorité. Ce n’est pas tout, pour espérer résoudre la problématique de crise de personnel sanitaire dans certaines zones, ils exhortent au développement des régions afin d’inciter le personnel sanitaire à venir y servir. « Il ne suffit pas de recruter, de déployer », a précisé Marie Condé, mais il faut savoir fidéliser à travers des mesures incitatives.

Les panélistes n’ont point omis également d’appeler le personnel sanitaire au respect de la déontologie de la profession. Toutefois, Marie Condé déplore que « les sages-femmes soient devenues des parents pauvres de tout le système de formation sanitaire ».

Fousseni Togola 

Source : saheltribune

 

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