L’évolution de la situation sociopolitique nationale devient de plus en plus inquiétante en dépit des espoirs de changements légitimement nourris par le peuple malien après le 18 août. L’annonce a été faite par Boureima Allaye Touré président du CNSC lors de la conférence de presse qu’ils ont animée la semaine dernière au siège de l’institution à Bamako.
Le bureau exécutif du Conseil national de la Société civile (CNSC) sous la conduite de son président Boureima Allaye Touré était face aux hommes des médias la semaine dernière pour une conférence de presse. Au cours de cette rencontre, les membres du CNSC ont exprimé toutes leurs inquiétudes à propos de la conduite des affaires du pays par les autorités de la transition. Selon le président, le CNSC déplore l’absence de vision et de lisibilité dans la conduite des affaires publiques, « A cette date, il n’existe aucune visibilité sur les fondements d’une transition qui doit jeter les jalons de la refondation du Mali à travers les réformes constitutionnelles, institutionnelles, l’organisation d’élection transparente et crédible et le tout sur la base d’une feuille de route détaillée assortie d’un chronogramme ».
Pour eux, la gestion de la transition se passe de façon oligarchique et unilatérale à travers des exclusion, notamment des acteurs de la société civile, et ceux de la classe politique. Au dire du président du CNSC, cette situation ne profite qu’à une minorité qui dirige de fait la transition à travers une mainmise sur l’ensemble du pouvoir et tous ses leviers. La conduite des affaires du pays par les autorités de la transition est inquiétante. C’est un constat alarmant que dressent les membres du Conseil national de la Société civile (CNSC) sur la transition.
C’est dans cette optique que le CNSC tire la sonnette d’alarme sur les risques majeurs liés au non-respect des droits et libertés individuelles chèrement acquis. Aussi, les membres du CNSC notent avec inquiétude une forme de militarisation de l’Administration publique qui, selon eux, est source de frustration de la plupart des acteurs étatiques, en témoignent les contestations et grèves des syndicats de l’administration.
A signaler que cinq mois après sa formation, le gouvernement de transition peine à rendre public un chronogramme. Ce qui accroît le doute et le scepticisme auprès de nombreux Maliens.
Avant de terminer, le président du Conseil National de la Société Civile Boureima Allaye Touré a demandé au président de la transition, Bah N’Daw, la recomposition du Conseil national de la transition (CNT). Car, selon lui, la violation des dispositions de la charte et les décrets N°2020-0143/PT-RM du 09 novembre 2020 relatifs à la répartition des sièges au CNT entre les acteurs visés ci-dessus et N°2020-142/PT-RM du 09 novembre 2020 fixant les modalités de désignation des membres devant composer le CNT, « met en doute tant la légalité que la légitimité de la représentativité de cet organe issu des concertations entre les forces vives de la nation ».
Cette recomposition du CNT demandée par le CNSC vient s’ajouter aux exigences des anciens députés de la 6e législature et du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Décidément, rien ne va plus pour les autorités de la transition, notamment le Conseil National de la Transition dernier né de ces organes, qui a des doutes pour sa survie. En effet, après avoir été mise en place par le décret n°2020-0239/PT-RM du 03 décembre 2020 fixant la liste nominative des membres du Conseil National de la Transition (CNT), les anciens députés regroupés dans un collectif sont montés au créneau pour demander la dissolution du CNT. Ensuite, c’était le tour du Comité Stratégique du M5-RFP de se faire entendre sur la dissolution pure et simple du CNT.
A.M.NIANG
Source: Sphinx Mali