Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a reçu à Kati, le vendredi 18 août 2020, une délégation du Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) dans un premier temps, puis dans un second temps, une rencontre du comité paritaire entre les deux parties, le samedi 19 septembre 2020. L’objectif principal de ces différentes rencontres entre les deux parties est de trouver un consensus ou un compromis par rapport aux personnalités devant présider les organes (le président de la transition ; le vice-président ; le conseil national de la transition ; le gouvernement) de la transition.
La délégation du M5-RFP ayant pris part à la rencontre du vendredi 18 septembre 2020 était composée d’une quinzaine de personnes dont Souleymane Koné, Choguel Kokalla Maïga, Me Mountaga Tall, Me Demba Traoré et l’imam Oumarou Diarra. Du côté du M5-RFP, on estime que ladite rencontre n’a pas été aussi concrète que cela. «On a fait une déclaration sur la tenue des concertations nationales. Nous avons des réserves par rapport aux conclusions de la concertation nationale. Nous avons demandé à ce que le CNSP nous envoie les documents qui ont été soumis aux chefs d’Etats à Accra. Il nous avait promis de nous envoyer ces documents aujourd’hui (Ndlr, samedi 19 septembre 2020). Toute la journée, on n’a pas eu le document…Il n’y a rien de concret pour le moment », a souligné le diplomate Souleymane Koné du M5-RFR ayant pris part à la rencontre du vendredi dernier. S’agissant de la rencontre du comité paritaire des deux parties tenue le samedi 19 septembre 2020, rien n’a filtré de cette rencontre. Néanmoins, il faut reconnaître que ces deux rencontres entre le CNSP et le M5-RFP ont précédé d’autres rencontrent, dans le cadre de la gestion de la transition au Mali. Les deux acteurs majeurs présentement sur la scène sont en train de chercher les voies et moyens pour une transition réussie au Mali. L’objectif principal de ces différentes rencontres entre les deux parties est de trouver un consensus ou un compromis par rapport aux personnalités devant présider les organes (le président de la transition ; le vice-président ; le conseil national de la transition ; le gouvernement) de la transition. A travers ces rencontres interminables, le CNSP et le M5-RFP tentent d’accorder leurs violons. Ils sont dans la logique de surmonter leurs divergences. Car, il faut rappeler que ces deux entités ont eu des points de divergences ces derniers temps. Pour preuve, en conférence de presse, le mardi 15 septembre 2020, les responsables du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) ont informé l’opinion nationale et internationale qu’ils se démarquent de la charte de la transition adoptée par les forces vives de la nation le 12 septembre dernier au Centre international de conférence de Bamako (CICB) lors des concertations nationales sur la transition. « Au regard de l’importance de ce document pour la réussite de la Transition, une “approbation par acclamation” sans débat préalable en plénière n’est pas acceptable. En conséquence, le M5-RFP s’est démarqué du document produit qui ne reflète pas les points de vue et les décisions du Peuple malien. En prenant ces positions courageuses et patriotiques qu’il assume, le M5-RFP n’entendait ni rompre ni rentrer en conflit avec le CNSP », révèle la déclaration du M5-RFP. En clair, le M5-RFP veut une transition dirigée par un civil or, le CNSP voit autrement. Le lendemain, mercredi 16 septembre 2020, le CNSP anime aussi une conférence de presse pour non seulement faire le compte rendu de leur mission à Accra (14-15 septembre 2020) mais aussi, pour donner leur position par rapport à la transition au Mali. « Dans les concertations, il y a une grande majorité qui a parlé d’une transition militaire pourtant, il y a une minorité qui a demandé une transition civile et il y a aussi la communauté internationale qui est plutôt favorable à une transition civile et voila pourquoi, nous avons mis dans la charte, un président militaire ou civil sachant que nous, notre position, c’est de se mettre en accord avec la majorité de la population qui a demandé une transition militaire, ça c’est très claire, mais nous avons dit que la gestion de l’Etat n’est pas simple, il y a beaucoup d’aspect qu’il faut intégrer. Donc quelque soit ce qu’une majorité veut, la réalité pourra être autre. Notre position est très claire. Le collège qui va être mis en place va intégrer les résultats des concertations et la position inflexible de la CEDEAO pour prendre ses décisions », a déclaré le porte-parole du CNSP, colonel major Ismaël Wagué. A ses dires, une décision réfléchie sera prise et sera assumée. « Notre intention avouée, c’est vraiment d’être au côte de la majorité des Maliens qui a demandé une transition militaire », a-t-il dit.
A rappeler que le 15 septembre dernier, le président du CNSP, colonel Assimi Goïta a tenu un discours face aux chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest). Dans son discours, il a fait savoir que l’objectif de ces concertations inter maliennes était de convenir des modalités pratiques devant aboutir à une refondation de l’État malien et de son système de Gouvernance. Pour lui, ces concertations ont connu une large participation de toutes les forces vives de la Nation malienne, tant au niveau de Bamako que de toutes les régions. C’est ainsi qu’une Charte et une Feuille de route pour la transition, dit-il, ont été élaborées qui reflètent largement la volonté du peuple malien. « La Charte issue de cette concertation nationale a pour objet : le rétablissement et le renforcement de la défense et de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; la promotion de la bonne gouvernance ; la refondation du système éducatif ; les réformes politiques et institutionnelles ; l’adoption d’un pacte de stabilité sociale ; l’organisation des élections générales », a-t-il dit. Quant aux organes de transition, le président du CNSP a précisé qu’ils sont constitués d’un Président de Transition (personnalité civile ou militaire), qui sera choisi par un collège de désignation ; un Vice – président désigné dans les mêmes conditions ; un Gouvernement de 25 ministres au plus, dirigé par un Premier ministre nommé par le Président de Transition ; un Conseil national de Transition, composé de 121 membres répartis entre les Forces de Défense et de Sécurité, les représentants du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali (M5-RFP), les partis et regroupements politiques, les Organisations de la Société civile, les centrales syndicales, les Maliens de l’Extérieur, les Mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, les Mouvements de l’inclusivité, les groupements de femmes et de jeunes, les personnes vivant avec un handicap, les confessions religieuses, les autorités traditionnelles, les chambres consulaires, les faitières de la presse et de la culture. A ses dires, le Conseil national de transition est l’organe législatif de la transition. En raison de la profondeur de la crise, ajoute-t-il, les Maliens ont décidé de porter à 18 mois, la durée de la transition. Par ailleurs, il a lancé un appel pressant à la CEDEAO pour la levée immédiate de toutes les sanctions contre le peuple malien qui s’est résolument engagé depuis les journées de concertation nationale, du 10 au 12 septembre 2020, dans un processus de transition inclusif, transparent et pacifique. « Il est important de souligner ici que les populations maliennes attendent de la CEDEAO un accompagnement de notre processus de transition dans le même esprit comme elle l’a fait en Guinée en 2008, au Niger 2010, et au Burkina Faso en 2014 », conclut le président du CNSP.
Aguibou Sogodogo