Alors que les Africains rejettent de toutes leurs forces toute sorte de néo-colonialisme en devenant de plus en plus hostile à la France-Afrique, c’est la Russie qui semble plutôt gagner du terrain.
En démarrant par l’Algérie en 2006 par l’annulation d’une dette de 4,7 milliards de dollars, ensuite la Libye puis l’Égypte, la Russie de Vladimir Poutine est également présente sur le sol centrafricain. Dans ces pays déchirés par la guerre civile, la Russie n’y avait jamais manifesté un intérêt particulier. Ce n’est qu’en 2017 à l’occasion du Forum économique de Saint-Pétersbourg que des liens se sont noués entre la Russie et le président de la RCA, Faustin-Archange Touadéra. Après la levée de l’embargo sur les armes en RCA, fruit de ce lien, les relations entre les deux pays ont considérablement avancé au point où un ancien du renseignement russe, Valery Zakharov a été nommé conseiller auprès de Touadéra. La Russie cherche à renforcer son influence dans le pays au détriment de la France.
En mai dernier, lorsqu’un citoyen français avait été arrêté en possession d’un important arsenal de guerre, Valery Zakharov avait été le premier à le faire savoir. Aussi, le chef de la représentation diplomatique russe à Bangui, Vladimir Titorenko, avait récemment menacé ouvertement l’ex-président François Bozizé, le sommant de se rendre, sans quoi, il serait neutralisé. Faut-il le rappeler, la Russie vient également d’envoyer 600 soldats dans le pays.
À part la Centrafrique, l’autre point de mire de la Russie serait le Mali. Pour certains analystes, le nouveau « coup d’État dans le coup d’État » serait arrivé par une promesse russe au Mali. D’après les indiscrétions de certains, la Russie aurait fait la promesse au Mali de le soutenir militairement pour combattre le terrorisme. Une proposition que le président français Emmanuel Macron aurait trouvée comme dangereuse et l’a catégoriquement déconseillée au président de la transition Bah N’Daw au récent sommet de Paris.
« Un pas dans la bonne direction »
Ce serait sur cette question que Bah N’Daw et l’actuel homme fort du Mali, le colonel Assimi Goïta ne se seraient pas entendu, ce qui a conduit ce dernier à décharger les dirigeants de la transition de leur fonction puisqu’il souhaite collaborer avec Moscou. Le Mali comme nouvelle destination de la Russie semble de plus en plus vraisemblable par la déclaration du chef de la diplomatie russe qui salue la libération des civils sans condamner le coup d’État. « Le 27 mai, les dirigeants civils au Mali, détenus illégalement, ont été libérés. Nous le considérons comme un pas dans la bonne direction qui fait baisser d’une certaine manière les tensions dans le pays », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué le vendredi dernier, à la veille du sommet d’Accra sur le Mali.
Arouna Traoré
Source: Nouveau Réveil