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Géopolitique internationale : « L’avenir de la France est en Afrique », chronique d’une recolonisation annoncée

Le continent africain longtemps ignoré par les grandes puissances mondiales, se retrouve aujourd’hui sous le feu des projecteurs. Nous assistons désormais à une véritable invasion de multinationales étrangères qui, il n’y a pas si longtemps encore, n’accordaient que très peu d’intérêts à l’Afrique.

 

L’image d’un continent miné par des guerres civiles et la famine s’éloigne à grands galops pour laisser place à l’Afrique vierge où les initiatives d’affaires vont crescendo. Et les Africains dans tout ça ? Ils assistent très peu à cette razzia mondiale en cours sur leur sol. Les grandes puissances ne cachent plus leur appétit vorace envers les immenses richesses du sous-sol africain. Déjà il y a deux ans, deux sénateurs français Jeanny Lorgeoux et Jean Marie Bockel publiait un rapport intitulé « L’AVENIR DE LA FRANCE EST EN AFRIQUE ». Il est grand temps donc pour l’Afrique de prendre en mains son  destin comme le font les autres continents. A défaut, d’ici une trentaine d’années, le continent risque d’être à nouveau le théâtre d’une nouvelle recolonisation.

 

En janvier 2013, la France intervenait au Mali pour stopper l’avancée des troupes d’Iyad Ag Ghaly et d’Abou Zeid vers le sud du pays. Grâce à la promptitude de l’intervention des troupes Serval, le Mali dans sa forme républicaine, unitaire et laïque a survécu. Mais, il est une autre lecture qui échappe au commun des Maliens.

L’intervention militaire française au Mali bien qu’ayant été salutaire, n’est pas dénuée d’intérêt pour l’hexagone et au-delà pour tout l’Occident au moins pour trois principales raisons :

D’abord, la création d’un émirat islamique en Afrique francophone et surtout au Mali, cœur de l’Afrique occidentale qui n’a que l’Algérie et la mer méditerranée comme frontière avec l’Europe aurait, à coup sûr, été une grande menace dans le futur pour la Communauté européenne. De ce Sahelistan, pouvait partir des expéditions meurtrières, planifiées, n’ayant autre but que « d’envoyer le plus de mécréants possible en enfer ». Ensuite, la zone représente un intérêt géostratégique hautement important pour la France. Le Niger, pays frontalier du Mali abrite des réserves d’uranium parmi les plus importantes au monde. Et la société qui détient l’extraction exclusive de ce précieux sésame dont dépendent vitalement les ménages en France pour leur consommation domestique d’électricité est  française. Il s’agit d’Areva, géant mondial de l’énergie grâce, dit-on, à son expertise dans le domaine. Mais c’est surtout dû à l’uranium du Niger, un des pays les plus pauvres au monde qui profite très peu de cette richesse qui est la sienne. Autre intérêt, ce sont les ressources dont regorge le nord malien. Inutile de dire que la France en convoite la majeure partie.

La troisième raison consiste tout simplement en la pérennisation des relations franco africaines majoritairement à l’avantage de l’ancienne puissance colonisatrice. Car, elle le sait très bien, si elle se hasarde à s’absenter sur le continent dans le domaine politico-diplomatique, d’autres puissances feront vite de venir combler le vide qu’elle aura laissé pour jouir des richesses du continent africain.

 

Aucune faiblesse ne peut justifier le pillage de nos richesses par des puissances étrangères

Pour justifier le mutisme de nos autorités face au pillage incessant de nos richesses par l’occident, nous africains aimons à dire que nous n’avons d’autre choix. Nos pays pauvres sous constante perfusion de la Communauté internationale ne peuvent que se plier aux désirs de nos généreux bienfaiteurs, l’on rétorque à tout bout de champ. Il est vrai que la règle d’or qui régit les relations internationales entre les Etats est la loi de la jungle : la raison du plus fort est toujours la meilleure. Mais que l’on sache que les grands Etats ne se sont pas construits en un seul jour. Le Japon, par exemple, a su se développer sans aucune richesse naturelle. Le pays du soleil levant doit le haut rang qu’il occupe dans le classement des Etats développés uniquement au dur labeur du travail et aux valeurs d’intégrité et de solidarité qu’il véhicule au sein de sa population. Pourquoi ne pas s’en inspirer alors ?

Il est raconté que l’empereur Soundiata Keita né handicapé, excédé par les humiliations que subissait sa mère Sogolon Kédjougou de sa marâtre Sassouma Bérété a pu un jour se mettre debout et fondé l’empire du Mali grâce à la charte du Mandé, première déclaration universelle des droits de l’Homme. Il sortit ainsi de son infirmité et conquit sa dignité d’Homme. Cette histoire comporte une vérité implacable : aucun fruit ne se récolte sans un juste labeur.

 

L’Afrique aux africains !

En Afrique, si les économistes s’accordent à dire que sur le plan des affaires, la France est sur le recul, il n’en est pas de même sur celui politico-diplomatique. Et elle entend bien s’en servir. Elle dispose de bases militaires dans sept villes africaines : Abidjan, Dakar, Bamako, Libreville, Ndjamena, Bangui et Djibouti. Mais ce que le rapport de Jeanny Lorgeoux et Jean Marie Bockel respectivement Sénateur « spécialiste de l’Afrique » et ex-Secrétaire d’Etat français à la coopération avec l’Afrique recommande à l’Etat français dans les années à venir est surtout une diplomatie encore plus agressive avec la création d’un ministère plein de la Coopération (non plus délégué ou un Secrétariat d’Etat rattaché au Ministère des Affaires Etrangères-Quai d’Orsay). C’est ce qu’ils nomment des « Missions diplomatiques d’envergure régionale ».

En réalité, il s’agit d’un plan soigneusement élaboré depuis l’éclosion des premières revendications indépendantistes des Nations africaines. Le Commissaire aux colonies, René Pleven écrivait en 1944 à l’issue de la Conférence Africaine Française de Brazzaville de 1944 : « la fin de l’œuvre de civilisation accomplie par la France dans les colonies écarte toute idée d’autonomie, toute possibilité d’évolution hors du bloc français de l’Empire. La constitution éventuelle même lointaine de self-government dans les colonies est à écarter ». Autant dire, que les français n’ont jamais eu l’intention de s’en aller définitivement du continent africain. La récession, la pauvreté et le chômage qui sévit actuellement au pays du Général de Gaulle a été comme un électrochoc qui rappela aux français qu’ils avaient convenus secrètement entre eux au début du siècle dernier de revenir en Afrique pour se resservir. Les interventions militaires françaises en Libye, en Côte d’ Ivoire et même au Mali ne sont que les prémices de ce retour annoncé.

 

L’Oxi de la Grèce devra nous inspirer : le F CFA devra s’affranchir de l’euro

Il y a une semaine, la Grèce a dit non avec une majorité écrasante à la proposition de leurs créanciers européens qui consistait au remboursement de la dette et en une cure drastique d’austérité. Ce choix se justifiait par le désir ardent des grecs de s’affranchir de la tutelle des puissances occidentales et de participer pleinement à l’essor économique de leur pays. Un choix hautement patriotique, démocratique et salvateur. Tout un symbole pour nos Etats africains. Le cas grec nous prouve suffisamment que l’on peut refuser le diktat des super puissances pourvu que l’on ait la volonté et que l’on trouve une habile manière pour le faire. C’est ce que fit le Premier ministre grec Alexis Tsipras. Ne pouvant pas dire non à la face des poids lourds européens, il eut la brillante idée de soumettre l’injuste proposition concocté par Berlin, Paris et Bruxelles à l’appréciation populaire tout en exhortant ses compatriotes à voter Oxi. Ainsi, le plan diabolique du clan Merkel-Hollande tomba à l’eau et le peuple grec est sorti grandi de cette épreuve pénible. Désormais, la dette grecque sera renégociée et la zone euro tremble. Car à long terme, une sortie de la Grèce de la zone signifie tout simplement le début du déclin du modèle économique et financier européen. Rappelons que l’Irlande s’est déjà retirer de la zone par le biais d’un référendum. Egalement, le Royaume-Uni envisage une consultation populaire pour le retrait pur et simple de l’Union Européenne. Autant dire que la tendance a changé : la Grèce par son audace et son patriotisme se retrouve en position de force face aux rouleaux compresseurs européens. Qui l’aurait cru ? Certains parlent même de l’annulation de la dette !

Quant au Franc CFA, sa dépendance à la monnaie européenne est révoltante. Plus de 50 ans après les indépendances africaines, les pays de la zone franc ont « l’obligation » de déposer 50 % de leurs réserves de change auprès du Trésor public français. Selon un rapport de la zone franc largement distillé dans les médias, les deux banques des Etats de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’ouest (BCAO et BCEAO) disposaient en 2005 de plus de 3 600 milliards de francs CFA (environ 72 milliards d’euros) auprès du Trésor français. Et pourtant, selon Kako Nubukpo, ancien ministre togolais de la prospective, rien n’empêche nos Etats d’en faire usage pour booster leur croissance. Il s’agit de la « servitude volontaire » s’indigne l’économiste. C’est donc aux Etats africains de crever l’abcès en réclamant ce qui leur revient de plein droit. Aucun procès ne peut être fait à la France tant que l’on ne secoue le cocotier en dépensant ces 3600 milliards pour construire des hôpitaux, des écoles, des routes…

 

Un célèbre proverbe africain dit : « ce n’est pas parce que la chose est difficile que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas que la chose est difficile ». Fierté, patriotisme, sens du sacrifice devront être les maitres mots de nos dirigeants mais aussi de nous-mêmes. Le président John Fitzgerald Kennedy disait : « plutôt que de te demander ce que ton pays a fait pour toi, demande toi plutôt ce que toi, tu as fait pour ton pays ». Le domaine du développement public n’est pas la chasse gardée des politiques seuls. Tout citoyen peut l’investir, qu’il soit riche ou pauvre, homme ou femme, instruit ou analphabète.

Ahmed M. Thiam

source : Inf@sept

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