L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a évoqué lundi à Abidjan avoir parlé de Guillaume Soro, ex-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, avec Alassane Ouattara qui lui a dit « deux mots » à son sujet.
Après le « combat » pour la libération des détenus civils et militaires de la crise post-électorale de 2010-2011 et de la présidentielle de 2020, M. Gbagbo compte plaider pour les Ivoiriens en exil, car « ceux qui sont exilés sont aussi en prison ».
M. Gbagbo s’adressait, lundi, au quartier général du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), sa formation politique, à des dizaines de femmes de détenus des crises électorales qui ont eu lieu depuis 2011.
« Le président Ouattara m’a dit deux mots de Soro. Donc, tout ça, ça fait partie de nos combats, mais il faut aller pas à pas. Pour le moment, c’est ceux qu’on peut sortir par un décret, après les autres, je vais aussi monter au créneau pour parler d’eux pour qu’ils reviennent au pays », a-t-il dit.
Les exilés, soulignera-t-il, ne sont pas ceux qui sont dans des camps, « il y a des exilés qui ne sont pas dans des camps, il y en a à Paris, à Bruxelles », a fait observer l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo.
Mme Dosso Seydou, au nom des femmes des époux détenus de Génération et peuples solidaires (GPS), mouvement citoyen créé par Guillaume Soro et récemment dissout par la justice, a remercié M. Gbagbo pour cette initiative.
Son époux, rapportera-t-elle, est en détention depuis 18 mois. Avec six enfants à charge, elle a laissé entendre qu’ elle « souffre » et ne peut subvenir aux besoins de la famille. De ce fait, son premier fils n’a pu achever son année scolaire en 2020 parce que la scolarité n’a pas été soldée.
« Je suis avec vous quels que soient vos partis et tant que vos conjoints sont en prison et notre combat c’est de les sortir de la prison, et faire en sorte qu’il n’y ait plus jamais un seul prisonnier d’opinion en Côte d’Ivoire », a promis M. Gbagbo.
L’ex-président a traduit que son combat est de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’homme politique qu’on emprisonne pour ses opinions et que les exilés rentrent dans leur pays. Car, l’on ne devrait pas perdre sa liberté pour ses opinions.
Évoquant les chefs d’accusations retenus contre lui par la Cour pénale internationale (CPI), dans l’affaire de crimes contre l’humanité perpétrés lors des violences post-électorales de 2010-2011, il a déclaré qu’ il n’avait rien contre les Dioula, ressortissants du Nord ivoirien.
« Ici, (en Côte d’Ivoire), nous vivons plus qu’unis que les gens ne le croient. Nous faisons nos palabres, dans quel pays on ne fait pas de palabre », a-t-il ajouté, insinuant qu’il existe un brassage entre les différentes cultures.
« Je suis marié à une femme Dioula, les gens ne nous connaissent pas et ils nous jugent », a dit M. Gbagbo avouant avoir aimé la dernière partie de la plaidoirie de Me Agathe Barouan qui a montré combien il n’y a aucun cloisonnement entre les Ivoiriens.
M. Guillaume Soro, condamné à vie, par contumace pour atteinte à la sûreté de l’Etat est actuellement hors de la Côte d’Ivoire. Plusieurs de ses proches et les membres de sa garde rapprochée ont aussi écopé de peine de prison allant de 17 à 20 ans.