L’armée israélienne a identifié, jeudi 5 mai, un nouveau tunnel d’attaque attribué au Hamas. Creusé à environ 28 mètres de profondeur, au sud de la bande de Gaza, il entrait en Israël et pouvait potentiellement servir à conduire un raid contre une communauté frontalière. La longueur exacte et l’ancienneté du tunnel – le deuxième de cette nature trouvé par l’armée en un mois – n’ont pas été précisées. Son entrée, située dans la zone tampon le long du territoire palestinien, a été neutralisée par les soldats. Pour cela, ils ont donc pénétré dans cet espace sensible, dans un rayon de 100 mètres, selon le porte-parole de l’armée, Peter Lerner.
En 48 heures, ces incursions ont provoqué un échange de tirs sans précédent depuis la dernière guerre, à l’été 2014. C’est la première fois en deux ans que le Hamas ouvre le feu. Jusqu’à présent, les tirs de roquettes isolés et inefficaces étaient attribués à d’autres groupes, notamment salafistes. Le chef adjoint du bureau politique du mouvement, Moussa Abou Marzouk, a confirmé sur sa page Facebook que les soldats israéliens avaient pénétré dans la zone tampon, au-delà de la barrière de sécurité, entraînant une riposte. Selon ce responsable, l’Egypte serait intervenue incessamment en médiateur pour que les Israéliens se retirent.
Dans un communiqué, l’armée israélienne a précisé que le Hamas « a tiré au mortier à plus de cinq reprises sur les forces pendant des activités opérationnelles proches de la barrière de sécurité ». Aucun soldat n’a été blessé. La branche armée du mouvement islamiste, qui contrôle le territoire palestinien depuis 2007, voudrait empêcher les recherches de nouveaux tunnels par les Israéliens. En réponse, l’armée a frappé des cibles présentées comme des infrastructures du Hamas. Des explosions ont été entendues à l’est de Gaza et à Rafah, près de l’aéroport désaffecté, tout au sud du territoire. Dans la nuit, de nouvelles frappes aériennes ont été déclenchées au nord contre quatre autres cibles.
Exaspération des Gazaouis
Le 3 mai, accompagné par le ministre de la défense, Moshe Yaalon, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’est rendu à la frontière orientale de la bande de Gaza, pour inspecter la sortie d’un autre tunnel du Hamas, neutralisé il y a un mois par l’armée. L’état-major avait organisé une imposante communication autour de cette découverte. Creusé à trente mètres de profondeur, le tunnel permettait de pénétrer plusieurs dizaines de mètres au-delà de la barrière de sécurité. Sa localisation avait été rendue possible, a expliqué le chef du gouvernement le 18 avril, par une « technologie spéciale », sans entrerdans les détails.
En juillet 2014, l’armée israélienne avait lancé l’opération « Bordure protectrice », au cours de laquelle près de 2 100 Palestiniens, en majorité des civils, avaient été tués. L’un des principaux motifs invoqués était l’existence de tunnels d’attaque vers Israël, creusés par le Hamas. Pendant l’opération, les forces armées en découvrirent et en neutralisèrent 33. Mais du propre aveu des hauts gradés, d’autres ont été préservés ou creusés ailleurs, afin dereconstituer des voies d’accès vers les communautés israéliennes frontalières. En raison de cette menace, le gouvernement israélien a consacré des moyens importants pour renforcer les capacités technologiques de l’armée. L’état-major préfère rester discret sur ces progrès. Une nouvelle barrière, bâtie tout le long de la bande de Gaza, pourrait être édifiée dans les deux ans. Elle comporterait une partie souterraine, avec des capteurs sensoriels, a rapporté la presse.
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Ni le Hamas ni l’armée israélienne ne sont aujourd’hui intéressés par une nouvelle escalade, qui viendrait briser le cessez-le-feu prolongé. Le Hamas se trouve dans une situation complexe. L’organisation connaît l’exaspération de la population de Gaza, soumise au blocus égyptien et israélien. L’armée égyptienne a détruit une grande partie des tunnels de contrebande qui reliaient la bande au Sinaï. Les Gazaouis ne veulent surtout pas d’un nouveau conflit, alors que la reconstruction des milliers de logements endommagés ou détruits a enfin progressé. Mais le Hamas, qui dispose de roquettes en nombre et en précision limités, a vu l’efficacité du système israélien Dôme de fer pour les neutraliser. Il est aujourd’hui inquiet à l’idée de perdre ses tunnels d’attaque.
Source: lemonde.fr