L’onde de choc de la débandade américaine en Afghanistan est forcément ressentie dans notre pays. Et pour cause, comme ce pays d’Asie, le nôtre est également sous assistance sécuritaire. Comme ce pays où une avancée fulgurante des Talibans a mis en fuite un Gouvernement et provoqué un mouvement de populations, dans le nôtre, la puissance locomotrice de la coalition internationale est mise en échec et annonce son retrait sous les apparences d’un réajustement de sa stratégie. Nous avons donc ces deux points en commun.
Il est indéniable que le retrait des troupes américaines d’Afghanistan a laissé le champ libre aux Talibans en étalant au passage à la face du monde les limites de l’armée nationale face à une déferlante endoctrinée et traditionaliste. Sans clabauder sur nos FAMa, dont la montée en puissance est perceptible et la combativité irréfutable, cette donne doit être prise en compte chez nous. Ce, particulièrement par la frange des irréductibles partisans d’une doctrine nationaliste qui peut s’avérer iconoclaste à l’épreuve du départ de nos partenaires internationaux. Par un lobbying forcené à la sauce d’un déni toxique de réalité, elle déblatère, souvent de manière hilarante, sur la France, sur la MINUSMA, priées toutes de plier bagage. Le produit d’appel vend très bien, puisque la propagande fait tache d’huile comme l’attestent les ralliements à la cause. Comme pris d’amnésie sélective, les ultranationalistes font l’impasse sur le sauvetage de 2013 pour faire de la fixation sur les échecs supposés ou réels qui ont suivi. Ceux-là devraient réduire la voilure de leurs ambitions qui frise la prétention et la démesure.
D’ailleurs, en versant dans le dégagisme obsessionnel, ne sont-ils pas en train de rouler pour les jihadistes, parce qu’une de leurs revendications constantes n’est autre que le départ de la France et des forces internationales assimilées à des impies qui viennent souiller notre terre ?
D’autre part, il y a ceux qui sont d’un enthousiasme horripilant qui devraient sortir de leur zone de confort, de leur béatitude. Parce que l’aide la plus noble et la plus utile est et sera celle qui vient de nous-mêmes.
Mais point trop n’en faut, au risque de laisser libre le terrain aux doctrinaires du catastrophisme, au sophisme de l’épouvantail. Il nous faut juste tirer les leçons. Ne jouons pas à nous faire peur et gardons-nous des assimilations hâtives et rapprochements arbitraires.
Pour autant, sous peine de passer une nouvelle fois sous les fourches caudines, il nous faut une offre politique visible et illisible ; sortir des replis communautaristes pour nous unir autour du Mali ; développer et renforcer notre capacité de résilience. Le Mali a déjà touché le fond, en 2012. Cette expérience traumatisante devrait pouvoir aider à avoir la meilleure approche possible de sortie de crise qui ne se fera certainement pas comme le lapin sort du chapeau. Soyons positifs, en restant sur les remparts.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : Info-Matin