En Gambie, le président Adama Barrow ferme chaque jour un peu plus l’ère Yahya Jammeh. Selon la presse locale qui a fait fuiter l’information, le général Ousman Badjie, chef d’état-major des armées, a été limogé. Il était un rouage essentiel de l’ex-président.
Aucun communiqué officiel n’a encore été publié pour confirmer l’éviction du général. Mais le limogeage d’Ousman Badjie, annoncé dans la presse gambienne, n’est pas surprenant, tant il représentait à lui seul le système sécuritaire mis en place par Yahya Jammeh.
Toujours entouré d’hommes cagoulés et armés, Ousman Badije était craint. Et c’est sans doute l’une des raisons qui expliquent qu’il n’a pas été arrêté alors qu’il est le symbole, comme l’ex-président Jammeh, de la répression en Gambie.
Chef d’état-major depuis 2012, fantasque, portant des talismans, Ousman Badjie a multiplié durant les deux mois de crise les déclarations contradictoires. Il avait d’abord affiché son soutien à Adama Barrow après sa victoire, avant d’affirmer « je n’ai qu’un seul chef, c’est Yahya Jammeh » devant les présidents de la Cédéao venus négocier à Banjul.
Après le départ de Jammeh, Ousman Badjie avait de nouveau fait allégeance au président élu. Le chef d’état-major était visiblement prêt à tout pour plaire. Adama Barrow en a décidé autrement. Le général pourrait être mis à la retraite ou envoyé dans une représentation diplomatique gambienne. Il sera visiblement remplacé par le général Massaneh Kinteh qui a occupé le poste de chef d’état-major entre 2009 et 2012.
Ce limogeage fait suite aux arrestations, la semaine passée, du chef des renseignements, Yankuba Badjie, et du responsable système pénitentiaire, David Colley. Etape par étape, le président Barrow est donc en train de déconstruire le système Jammeh, un système créé par et pour l’ex-chef de l’Etat. Pour au contraire faire de l’armée, une armée au service de la Gambie.
Rfi