Au Gabon, le seul et unique tour de l’élection présidentielle se tiendra le 27 août prochain. Il verra la participation de plusieurs candidats, – quatorze avant le ralliement de trois d’entre eux à Jean Ping – y compris le président sortant Ali Bongo Ondimba.
A mesure que la date du scrutin approche, la tension est perceptible à Libreville où plusieurs heurts ont déjà été signalés.
C’est aussi la première fois que, les Gabonais éliront leur président par le biais de la biométrie, déployée depuis 2013 dans le pays par l’intermédiaire de l’entreprise Gemalto.
Une campagne sous le signe de la polémique
La polémique autour de l’authenticité de l’acte de naissance du président Bongo a longtemps été l’argument de taille de l’opposition qui est allée jusqu’à demander la disqualification de l’actuel président. La Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) a cependant voté en majorité la validation de la candidature du chef de l’État le 15 juillet 2016.
Dès lors, la période de campagne est passée à la vitesse supérieure notamment dans le camp présidentiel, secoué par une autre polémique autour de frigidaires, de vêtements à l’effigie du président sortant Ali Bongo distribués aux militants du Parti Démocratique Gabonais.
Ces « cadeaux » ont largement été commentés sur les réseaux sociaux. Des moyens jugés « disproportionnés » par certains observateurs.
Dans les rues de Libreville où les panneaux ont tous revêtus des affiches dans le but de convaincre, les citoyens restent majoritairement sceptiques quant à la transparence du prochain scrutin.
Selon le correspondant de la BBC à Libreville, 50 observateurs ont été déployés par l’Union européenne et 75 – venant de 33 pays – par l’Union Africaine.
Regroupement de l’opposition derrière Jean Ping
Le regroupement de certains candidats de poids, derrière Jean Ping est certainement le tournant majeur de cette élection présidentielle.
Deux candidats de l’opposition gabonaise se sont ralliés à un des poids lourd, Jean Ping, dans l’espoir de tenir tête à Ali Bongo.
Il s’agit de deux personnalités politiques de premier plan, l’ex-président de l’Assemblée Guy Nzouba Ndama et l’ancien Premier ministre Casimir Oyé Mba.
Ce genre de ralliement a longtemps été sollicité par une partie des Gabonais, qui souhaitent voir une opposition unie et donc nécessairement plus percutante dans le pouvoir de mobilisation.
Cependant, la candidature unique n’est pas acquise, neuf autres candidats n’ont pas répondu à l’appel au ralliement.
Enjeux sociaux et économiques
Selon Mays Mouissi, analyste économique gabonais : « la situation du Gabon fait que l’un des enjeux de cette élection est avant tout économique. En plus de la baisse du cours de pétrole, plusieurs mauvais choix ont été réalisés par le régime en place. Parmi eux, organiser deux coupes d’Afrique des Nations en l’espace de cinq ans avec un coût de 853 milliards de FCFA. Il y a eu une vague de licenciements dans les entreprises, ce qui a généré une grogne sociale largement répandue dans le pays. »
Un pressant désir de rupture se fait sentir, notamment au sein de la nouvelle génération gabonaise. C’est en tout cas l’impression qu’a Sylvie Koumba, une jeune gabonaise de 38 ans qui attend l’élection présidentielle avec impatience pour donner un nouveau tournant à l’avenir de son pays : « la famille Bongo, au pouvoir depuis plus de cinquante ans, peine à s’imposer comme le socle de cette transition très attendue » achève-t-elle.
Tous les regards sont donc tournés vers le Gabon ce 27 août car cette élection qui devra répondre à toutes les attentes des citoyens gabonais.
Source: bbc