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G5-Sahel : Un aveu d’impuissance

La multiplicité des forces au Mali ne devrait laisser aucune chance aux terroristes ni pour respirer encore moins poser des actes de violences. Mais, la réalité des choses et les faits laissent des suspicions sur leur efficacité et les raisons de leur présence au Mali.

 Le peuple malien a, une fois de plus, raison de se poser des questions à la fois tangibles et pertinentes sur le rôle, le bien-fondé et le bilan des multiples forces militaires au nord, au centre. Des forces budgétivores avec des conséquences sociales inestimables (propagation de la débauche, multiplication d’enfants illégitimes, abondance des liqueurs et autres phénomènes déviants et contraires aux us et mœurs de la société malienne) et un bilan quasi inexistant.

Seulement à chaque moment de l’évolution récente de son histoire, le peuple semble être occupé à ce qui moins déterminant. La preuve la plus probante est l’accusation sans limite de ses dirigeants. Pis après l’échéance l’électorale, le peuple a livré une contestation sans limite à son président IBK. Le mieux était de se souder autour de lui sur les questions essentielles de la nation surtout connaissant son caractère : aucune autre élection n’était possible de tenir, car les urnes et la Cour constitutionnelle ont proclamé sa victoire.

Aucune autre contestation ou manifestation ne va le faire reculer. De là, le chapitre élection était clos, il fallait se tourner vers d’autres préoccupations et laisser de côté ce qui était considéré comme passé. En réalité, le peuple pense que son seul véritable problème est le président élu au suffrage universel des voix exprimées. Loin de nous l’idée de défendre qui que ce soit. Chacun est responsable de ses faits et actes mais les considérations sans importance avec des tenants et des aboutissants sans impact réel et immédiat pour le Mali doivent être mis de côté pour le moment.

A l’analyse, le peuple a failli à chaque fois qu’il ne le faut pas et rabat les conséquences de son échec sur ses principaux dirigeants. L’actualité brûlante par la délocalisation du quartier général du G5-Sahel de Sévaré à Bamako et la recrudescence récente des attaques contre l’armée, les compagnies de transport, l’exécution des membres certaines ethnies à Ménaka doivent leur donner à réfléchir sur toute la ligne. Le peuple doit se poser de vraies questions ou assumer entièrement ses responsabilités.

Le G5-Sahel était censé lutter contre le terrorisme et les narcotrafiquants et leur retrait dans la région de Mopti était un signal fort pour tous ceux qui sont censés réfléchir et qui sont des patriotes au vrai sens du terme. Comme excuse, ses dirigeants n’ont trouvé autre chose à dire qu’il “est nécessaire pour la réussite des opérations”. Les questions inévitables sont : où se déroulent les opérations ? Les terroristes leur ont donné rendez-vous à Bamako pour un affrontement ? Personne n’est dupe ! La seule réponse disponible pour le moment est que les opérations ne se déroulent pas dans la capitale, bien au contraire, elles se déroulent là ou peuvent se trouver les terroristes probablement au centre et au nord du pays. “L’œil ne voit pas ce qui le crève”, enseigne cet adage pour les poltrons.

L’on se souvient que le QG du G5-Sahel avait été attaqué vers la fin du mois de juin et entièrement détruit. Au cours de cette attaque, trois soldats maliens avaient été sommairement exécutés. Le peuple, au lieu de se mobiliser autour de son armée qui assure quotidiennement sa défense et qui est en même temps la cible permanente de terroristes, regarde ailleurs pour chercher “un coupable”.

Finalement la tête du général Didier Dakouo, le chef d’état-major de cette force conjointe, est tombée. Les dirigeants de G5, pour montrer aux Maliens qu’ils sont incapables de se diriger et de se sécuriser, font appel à un Mauritanien et le Mali relégué “au fond”, tel un vaurien de la classe. Au lieu de s’indigner, le peuple se réjouit conformément aux propos de certains destructeurs de la cause nationale. En cette période, le peuple malien était distrait par une hargne infondée et injustifiée contre son propre président qu’il avait choisi et élu cinq ans auparavant. Par piété et générosité ou par calcul du caméléon, l’Union européenne avait décidé de reconstruire et de rééquiper le camp.

Trois mois après l’attentat-suicide, on voit la force conjointe des cinq pays venir s’installer à Bamako. C’est une fuite purement et simplement et un aveu d’impuissance. C’est aussi une désespérante trahison pour l’armée malienne qui est désormais seule face au feu de l’ennemi invisible, rapide, sans foi ni loi. En effet, les états-majors des forces maliennes et les forces de défense et de sécurité ont fortement organisé le redéploiement des différentes forces de sécurité et de défense en fonction de la localisation. Désormais, elle est la seule force présente dans la zone pour sécuriser ses populations, car elles n’ont plus le choix. Tous leurs droits doivent leur être donnés. Désemparés et désespérés par toute la situation d’insécurité et face à son peuple éternellement incompris de sa volonté à faire du Mali un pays de paix et de convivialité, le président de la République, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, lors de la 73e assemblée générale de l’ONU, ont fait appel aux fonds promis par la communauté internationale. Pour le remercier, IBK a été hué tel vulgaire par sa propre diaspora. Même si le président n’est pas zen, reconnaissons au moins son mérite de l’effort.

Boncane Maiga.

 Le Point

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