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Fusillade au Danemark : «Combien de temps va durer ce cauchemar ?»

Après les fusillades qui ont endeuillé Copenhague ce week-end, Niels Ivar Larsen, journaliste chargé des débats internationaux au journal danois Information, témoigne. Il était présent au débat sur la liberté d’expression, visé par le jeune tueur. Nous reproduisons ici, avec son autorisation, une partie de son texte, publié en anglais par le Guardian, et en danois par Information.

Swedish artist Lars Vilks arrives to mee

«Me voilà assis dans ma misérable cachette, derrière un rideau noir, serrant une table basse ronde – un bouclier de fortune fait de plastique dur, mais sûrement pas assez dur. Ce n’est pas la mort que j’aurais souhaitée. Est-ce vraiment ainsi que cela se termine ?

La lutte pour la liberté d’expression a toujours été la chose la plus importante pour moi. Mais dois-je pour autant mourir pour elle ? Le martyre est pour les fanatiques, pas pour les démocrates. Imaginez mourir pour un dessin d’un chien suédois laid avec le visage d’un prophète. Quelle raison absurde de mourir. Quelle raison absurde de tuer.

Comme un imbécile, je retiens mon bouclier, sachant qu’il ne fournira aucune protection si l’auteur – ou pourrait-t-il y avoir plus d’un ? – arrive à pénétrer dans la salle et à tirer, comme il l’a fait à l’extérieur. Ensuite, ce sera sûrement terminé. Comme dans la rédaction de Charlie Hebdo, nous sommes tous des victimes sans défense dans cette salle. […] Est-ce que ça fait mal d’être criblé de balles ? Combien de temps faut-il pour mourir ? Que va devenir mon amie ? Que va devenir mon fils ?

Ai-je réfléchi à cela pendant quelques minutes, ou quelques secondes ? En y repensant, la terreur se répand en un long rêve brumeux. Mais comment pourrais-je oublier que la mort était la raison pour laquelle j’étais ici, que nous l’étions tous – nous, membres du comité Lars-Vilks, mis en place pour défendre la liberté d’expression au nom du dessinateur qui a dessiné cette fameuse image du prophète Mahomet en 2007. Notre débat intervient dans le contexte de l’attaque terrible contre Charlie Hebdo. […]

Bang bang bang bang. Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce un feu d’artifice ? Des agitateurs ? Une blague de mauvais goût ? Tout le monde est paralysé pendant cinq ou dix secondes. Il y a un court silence. Quelqu’un hurle à l’extérieur dans une langue étrangère. Un hurlement hideux, rempli de férocité et d’une haine profonde. Et puis ça commence, les gens cherchent à s’échapper. Pas dans l’hystérie ou les cris, mais avec une volonté absolue de se sauver. Beaucoup se dirigent vers l’entrée arrière, d’autres trouvent refuge derrière des chaises et des bureaux, mais où sont les cachettes ? Nulle part. Ici, il n’y a pas de sécurité, absolument rien du tout. […]

Je reste dans ma pathétique cachette pendant ce qui me semble être une éternité. C’est calme maintenant. Dix minutes passent avant que nous entendions des sirènes de police. Le danger a-t-il disparu ? Y a-t-il d’autres blessés ? Y a-t-il des victimes ? Nous ne savons rien. […]

Peu de temps après , le bus d’évacuation arrive et nous emmène tous pour un interrogatoire au poste de police. Dehors, nous découvrons que quelqu’un du séminaire est mort. Il s’agit de notre bon ami Finn Nørgaard. Ce n’était pas un mauvais rêve, pas un film stupide. La terreur a frappé, elle a frappé dans Copenhague, elle nous a frappé tout droit dans le cœur. La question est, combien de temps va durer ce cauchemar ?»

Source: liberation.fr

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