Quelques jours après l’attaque meurtrière à Indelimane, à la frontière Mali-Niger, les terroristes sont retournés revisiter le même camp militaire. Ils y sont restés plusieurs heures avant de disparaître, une nouvelle fois, dans la nature.
On dit que le criminel retourne toujours sur les lieux de son crime. Est-ce cette vérité des temps anciens que les terroristes ayant attaqué le camp militaire d’Indelimane voulaient nous prouver la semaine dernière ? Peut-être que oui.
Ils sont, en tout cas, revenus passer quelques heures dans le même camp en fin de semaine dernière, au moment même où le président de la République, lui, se prenait en photos avec les militaires de Gao et certaines notabilités de cette ville.
Ce n’est pas tant la présence terroriste dans le camp dévasté de Indelimane qui nous a surpris, mais la réaction (ou disons le manque de réaction) de nos amis français de la force Barkhane.
Tout le monde le sait, désormais, car on ne cesse de nous le chanter tous les jours : «Si le travail de la Minusma n’est pas la lutte contre le terrorisme, Barkhane, elle, n’est là que pour cela, lutter contre le terrorisme, les traquer jusque dans leurs derniers retranchements et les neutraliser».
Malheureusement, pour une fois, peut-on dire, et de la manière flagrante, elle a manqué à ce devoir et a laissé les terroristes se pavaner, comme ils le voulaient, et tout le temps qu’ils ont voulu, dans un camp qu’ils venaient de dévaster, il y avait juste deux jours.
En effet, quand les terroristes ont été aperçus dans les environs du camp, des témoins (dont nous tairons les noms expressément, ici, pour des raisons évidentes) ont alerté des parents à Bamako. Lesquels, pour certains, ont des contacts avec Barkhane-Bamako. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont été les premiers à être mis au parfum de la situation qui prévalait dans et autour du camp d’Indelimane. Leur proximité et leur entregent devant les permettre d’informer Barkhane jusqu’à N’Djamena. C’est ce qui a été fait.
Aussitôt informés, ils ont pris le soin de passer le message jusqu’à N’Djamena, où est établi le quartier général de la force française chargée de lutter contre le terrorisme. Mieux ! Bamako a rassuré les «informateurs» que l’information relative au retour des terroristes à Indelimane a été transmise au Tchad et que des dispositions seront prises le plus tôt pour «mettre ces derniers, définitivement, hors d’état de nuire».
Malheureusement, de présence ou d’arrivée de Barkhane, les populations, sur place, l’attendent toujours. Les Français n’ont pas bougé d’un iota et les terroristes sont restés le temps qu’ils voudraient avant de prendre le large pour se retirer, dit-on, vers Tin-Hama, sur la route de Ménaka, où ils campent depuis leur forfait avec véhicules, armes, munitions et… bagages. Ils se permettent mêmedes opérations de harcèlement, à travers des incursions dans des bourgades telles que Tassiga, Lelehoye, etc.
Aujourd’hui, quasiment, toutes les positions des terroristes sont connues. Pourquoi donc Barkhane n’exécute pas son mandat qui consiste à les traquer ? Pourquoi les soldats français adoptent-ils cette position statique ? Veulent-ils donner raison à ceux qui affirment que ce sont eux qui attaquent nos militaires ?
Makan Koné
Nouvelle Libération