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Fréquence des mandats de dépôt : Une puissance du Parquet qui suscite des inquiétudes

Depuis quelques mois, la liste de citoyens placés sous mandat de dépôt se rallonge.

Dans l’émission « le Débat du Dimanche » d’Africable télévision, Me Cheick Oumar Konaré, avocat et analyste politique et Nabi Diakité, directeur de publication du journal l’Elite, se sont exprimés sur cette problématique qui divise l’opinion.

Selon le célèbre avocat et chroniqueur politique, Me Cheick Oumar Konaré, pour que cette situation change, il faut que les lois changent.
« Je trouve qu’en dehors du chef de l’État, les lois maliennes ont donné aux juges les plus grands pouvoirs. Personne n’est plus puissant qu’un juge en République du Mali. N’importe qui peut être interpellé par le Procureur en concordance avec la loi. N’importe quel Procureur peut appeler n’importe qui et le placer sous mandat de dépôt qu’il ait raison ou qu’il n’ait pas raison. Si vous êtes déclaré non coupable par une juridiction par la suite, c’est votre problème, car vous ne pouvez même pas vous plaindre chez un Procureur parce qu’il se verra trompé. Quand les lois sont comme ça, le juge s’en donne à cœur joie, dès que vous vous présentez devant eux, ils vous envoient à la prison centrale et vous ne pouvez rien », a-t-il déploré.
Et de proposer : « Pour que cette situation change, il faut que les lois changent. D’ailleurs, c’est pourquoi dans l’avant-projet de la Constitution qui avait été adopté par la Commission de rédaction de la Constitution, il y avait été proposé que les Procureurs ne puissent plus délivrer des mandats de dépôt, mais ça a semé et suscité un soulèvement des magistrats et des syndicats qui ont soutenu que cette disposition soit enlevée. Dans d’autres pays plus démocratiques que le nôtre, le Parquet est privé du pouvoir de donner mandat de dépôt. C’est pour la protection des libertés, pour une raison aussi simple, le Procureur n’est pas un magistrat indépendant, il reçoit ses ordres de l’autorité politique, donc si on l’autorise à placer quelqu’un sous mandat de dépôt, ça veut dire que sur un coup de téléphone du ministre de la Justice ou d’une autorité politique, le Procureur peut vous enfermer. Et c’est cette logique qu’on avait suivi pour enlever au Parquet le pouvoir de donner mandat, mais malheureusement, cette disposition a été supprimée dans le projet et on se retrouve dans la situation où dès que vous vous présentez chez le Procureur, il vous place en prison ».
Quant à Nabi Diakité, directeur de publication de l’Elite, il estime que cette pluie de mandats de dépôt, en ces derniers temps, suscite des inquiétudes, surtout dans le rang des soutiens de la transition.
« Ça éveille des inquiétudes et des interrogations. Il y’a plusieurs questions qui choquent et qui s’affrontent à savoir l’indépendance de la justice qui veut se faire voir de plus en plus. On a vu aujourd’hui qu’il y’a un musèlement des soutiens même de la Transition. La principale interrogation est que si la Transition ne serait pas en train de soutenir sa propre faiblesse et de donner son propre fouet pour le bastonner par des opposants, avec les arrestations récentes des grandes figures de la communication tel que : Tahirou Bah, Abdoul Niang, qui d’autres aujourd’hui. Et ça donne aussi sujet à réflexion à beaucoup d’autres à se demander si réellement nous défendons la bonne cause ou si c’est une cause partagée parce que tout ce que nous faisons aujourd’hui c’est pour la réussite de la transition »
Source : l’Indicateur du Renouveau
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